FAITH
I
Doubt no longer that the Highest is the
wisest and the best,
Let not all that saddens Nature blight thy
hope or break thy rest,
Quail not at the fiery mountain, at the
shipwreck, or the rolling
Thunder, or the rending earthquake, or
the famine, or the pest!
II
Neither mourn if human creeds be lower
than the heart’s desire!
Thro’ the gates that bar the distance comes
a gleam of what is higher.
Wait till death has flung them open,
when the man will make the Maker
Dark no more with human hatreds in the
glare of deathless fire!
***
FOI
Ne doute pas plus longtemps que le Très-Haut est le plus sage, le plus beau,
Ne laisse pas tout ce qui attriste la Nature maudire ton espérance ou affliger ton assurance,
Ne faiblis pas face à la montagne ardente, ou au naufrage, ou au tonnerre grondant, ou au séisme déchirant, ou à la famine, ou à la pestilence !
Ne t’accable pas si les doctrines humaines sont plus viles que les désirs du cœur !
À travers les portes qui dissimulent l’horizon, parvient une lueur de ce qui Est au plus haut ;
Attends jusqu’à qu’à ce que la Mort les aient ouvertes,
Lorsque la créature ne fera plus le Créateur
Sombre dans nos haines humaines, à la lumière éclatante du feu immortel !
Extrait de The Death of Oenone and other poems (non traduit en français). Publié en 1892.
ALFRED TENNYSON
À PROPOS DE CE POÈME :
Cette traduction a été réalisée collectivement dans le cadre d’un atelier littéraire au lycée de l’Assomption, à Bordeaux, auprès d’élèves de 1ère L, de novembre à décembre 2016. L’atelier était dirigé par Audrey Gourgues, professeure d’anglais, et par Joachim Zemmour, traducteur littéraire (spécialiste de poésie romantique anglophone), à l’initiative de l’agence culturelle aquitaine Écla (écrit, cinéma, livre, audiovisuel). Toute la classe de 1ère littéraire de Madame Gourgues a participé à ce projet de traduction collective (portant essentiellement sur le célèbre poème « The Lady of Shalott » d’Alfred Lord Tennyson), mais pour ce poème en particulier, un texte méconnu de l’auteur intitulé « Faith » (Foi), aux accents œcuméniques, un merci tout spécial est adressé à : Manon Fumé, Julien Vésette, et Jean Poussou. Merci également à Nathalie Lafue et Catherine Bougon pour leur dévouement et leur implication dans ce beau projet. Ce poème est ici traduit en français pour la première fois.
À PROPOS D'ALFRED TENNYSON :
Alfred Lord Tennyson (1809-1892) est l’un des poètes britanniques les plus célèbres et célébrés de l’époque victorienne. Celui-ci naquit à Somersby dans le Lincolnshire, en Angleterre, dans une famille assez modeste (l’auteur fut anobli en 1884 par la Reine Victoria, grande admiratrice de son œuvre). Dès son plus jeune âge, Alfred Tennyson s’intéressa à la poésie. Il composa et publia, avec l’aide de ses deux frères aînés, son premier recueil de poèmes à l’âge de dix-sept ans. Son goût pour la littérature l’emmena jusqu’au Trinity College de la prestigieuse université de Cambridge, qu’il intégra en 1828 ; mais il fut contraint de la quitter dès 1831, avant l’obtention de son « Bachelor of Arts », suite au décès prématuré de son père. Dès lors, il s’employa à la composition des poèmes qui le rendirent célèbre. Parmi ceux-ci, le plus connu est sans doute « The Lady of Shalott » (La Dame d’Escalot), publié en 1833, inspiré des légendes arthuriennes, mis en musique récemment par Loreena McKennitt (https://www.youtube.com/watch?v=lCtWCCNqhBE). Mais ce n’est qu’en 1850, toutefois, qu’Alfred Tennyson parvint au pinacle de sa gloire littéraire, lorsqu’il fut couronné « poet laureate » (c’est-à-dire : poète lauréat, la plus haute distinction poétique de l’époque, au Royaume-Uni), succédant ainsi à l’illustre William Wordsworth. Le poème présenté ici, traduit en français pour la première fois, représente ce que Tennyson a pu écrire de plus beau et de plus élevé. Dans cet appel du cœur à l’humanité tout entière, il décrit son rapport très personnel à la « foi », cette force qui peut déplacer les montagnes, tout en mettant en garde contre l’obscurantisme et le dogmatisme. Il nous invite à nous élever vers « ce qui Est au plus haut », au-delà des doctrines humaines.
Il est difficile d’avoir accès, de nos jours, à la poésie de Tennyson en traduction française. Une anthologie récente est celle de Joachim Zemmour, traducteur bordelais, publiée aux éditions du Chasseur Abstrait (http://www.lechasseurabstrait.com/chasseur/spip.php?page=ouvrages&auteur=Joachim%20ZEMMOUR).
BIBLIOGRAPHIE SÉLECTIVE :
* Complete Poems & Plays d’Alfred Tennyson – Oxford University Press, 1983.
* Poems, by Two Brothers (publication anonyme ; ouvrage composé par Alfred, Charles, et Frederick Tennyson ; Simpkin and Marshall, 1827)
* The Death of Œnone and Other Poems (dont est extrait le poème « Faith ») – Londres : Macmillan, 1892.
* Poems, Chiefly Lyrical – Effingham Wilson, 1830.
* The Princess – Londres : Edward Moxon, 1833.
* In Memoriam (publication anonyme) – Londres : Edward Moxon, 1850.
* Idylls of the King (première série de poèmes) – Londres : Edward Moxon and Co., 1859.
* The Holy Grail and Other Poems (inclut la deuxième série de poèmes des « Idylls of the King », 1870)
* Ballads and Other Poems – Londres : C. Kegan & Co., 1879.
* Poèmes choisis d’Alfred Lord Tennyson (anthologie en français traduite par Joachim Zemmour) – Mazères : Le Chasseur Abstrait, « Lettres Terres », 2010.
Notes rédigées par Joachim Zemmour