Enfance
Le calme réapparaît en moi
Une paix silencieuse dans mon âme.
Je respire la maison tranquille
Et entends la musique de mon cœur :
Quelque part une rivière
Là des fraises rouges sous le feuillage
Me sourient,
L’eau est froide dans le lavabo en pierre du jardin
Et voici des pas lourds et égaux
Sous le chapeau de paille à filet
Le regard concentré de mon père
Il s’occupe des abeilles
Il me surveille
Et moi la tête pleine de nuages
J’écoute la chanson de grand-mère
Elle me berce
Dans la balançoire en corde entre les deux poiriers.
Ma mère récure le linge
Blanc il est
Blanc et beige
Et c’est le soleil qui nous enveloppe
Je croque une pomme rouge
Le pommier n’est pas loin.
Ce n’est pas un rêve et
Je laisse mes narines se dilater
Mon corps aussi respire amplement.
C’est vert
Et jaune
Et rouge
La maison est grande et mon corps se remplit.
Nous sommes tous dans la même réalité
Qui a pour titre Bonheur
C’est la musique de mon cœur !
Et la chanson s’appelle souvenir
Quand je la goûte du
Bout de la langue
Je me sens plus heureuse,
Elle m’aide à bâtir
A voir aussi
A se relever
A cheminer
A partager !
***
Ailleurs
Ailleurs le père souffle une bougie,
Ailleurs le père pense à sa fille,
Ailleurs n’est pas là, ici et maintenant
Ailleurs on n’arrive pas en une heure,
C’est loin ce pays d’origine ;
C’est loin aussi le passé,
Que je veux bien laisser passer.
« Mais n’oublie pas que le voyage
Existe… »
Me chuchote une voix vacillante
Comme une petite flamme.
« Loin peut devenir proche.
Loin peut devenir demain
Ici et maintenant ;
Loin ne veut pas toujours dire des larmes
Et tu vis bien dans un ailleurs… »
Mais nostalgie dans l’âme
Montre le désire de la fille
D’être avec son père,
Cet homme qu’on perd quand on grandit,
A qui on a envie d’offrir des couleurs,
Ainsi que sa vie réussie ;
Retrouver le père
C’est aussi retrouver soi
Ou ce que le père a laissé en soi…
Enfin décidée,
J’avale un thé parfumée,
Avion, train ou bus
C’est égal,
Juste voyager
Vers le père
Et vers soi
C’est écrire
Pour se reconnecter,
Se reconcentrer,
Se retrouver.
Je mets la musique
J’éteins la lumière,
A mon rêve
De me souffler demain…
Extrait du recueil « Naître mère » ou « Lettre à un enfant qui va naître »
***
Poème de naissance
à Constantin
4ème mois
Et voilà,
J’apprends
Que tu es un garçon mon enfant !
Et je me sens heureuse déjà
A l’idée de ta présence.
Tu es mon petit enfant
Et de te savoir dans mon ventre
Me réconcilie avec moi-même.
Ma mère m’a voulu garçon
Je ne l’étais pas
Mais portais ce fardeau…
Voici que tu viens libérer
Définitivement ces chaines-là.
Je ne t’attendais pas,
Je ne t’espérais pas,
Je n’imaginais pas
Ce que ta vie pouvait m’apporter…
Tu brises à jamais
La chaine maléfique
Des mères et leurs filles
Dans la famille.
Tu viens perpétuer un héritage
De père à fils
De grand-père à petit fils
D’homme à homme !
Il me faudra défaire mes schémas maternels
Crever l’abcès
Régler mes comptes
Pour t’aimer.
Et je le ferai !
Grandis doucement et
Je serai pour toi
Une mère aimante
Et accueillante
Mon fils !
***
Solitude
Solitude,
Solitude,
Je te veux et te fuis !
Tu m’es proche,
Tu m’es chère,
Mais parfois,
Je ferai bien sans toi ….
Tu es bonne quand ton silence
se peuple de tous mes fantômes,
et qui dansent,
et que mes rêves se déploient…
Mais quand tu es vide,
Solitude,
Un vide sans fond,
Sans présence aucune-
J’ai froid,
J’ai la tête qui tourne,
J’ai envie de crier,
de me défiler…
Et je cherche quelqu’un
Une voix chaude et douce,
Mon aimé, mon amie,
Ou bien toi l’inconnu
Dont je croise le regard,
Le sourire…
Un petit moment suffit
Et je me sens moins seule
Avec ma solitude.
Janvier 2014
***
C’est dans le silence
Que j’entends le mieux
Ton rire,
Qui vient du fond
De ma mémoire,
Et qui réveille mes lèvres
Tendrement….
C’est dans le silence
Que j’entends le mieux
Mes peurs qui bavardent,
Tenaces, mais malléables…
C’est dans le silence
Que s’estompent mes colères,
Qui font bourdonner mes oreilles
Et me donnent des migraines,
Pour qu’elles lâchent de mon corps
Comme de vieux habits…
C’est dans le silence
Que les murmures de mes nuits
Se ressemblent
Pour couvrir parfois
La feuille blanche.
C’est dans le silence
Que j’entends toutes les voix
De ma seule solitude.
C’est dans le silence
Toujours,
Que mon enfance revient
Se balançant entre deux pommiers
Et qui tient toujours
Dans un rayon de soleil…
C’est dans le silence encore
Que s’invitent mes rêves,
Comme des hôtes nobiliaires,
Et qui me demandent avides,
De les accomplir.
Des images défilent
Comme sur un écran vidéo,
Se bousculent,
Concourent…
Mes rêves, multiples toujours,
Grands et petits,
Aurai-je assez de temps
Pour les réaliser ?
C’est dans le silence
Que je construis le squelette
De notre future maison…
Dans le silence aussi
Que je poursuis comme en rêve
Ton sourire
Que je veux contempler.
C’est dans le silence
Que j’attends,
Que je t’attends,
Que je susurre lentement
« Viens, il est temps ! »
Et c’est parce que dans ta voix
J’entends comme une musique,
Que mon silence se rompe,
Avec bonheur et curiosité.
Je me lève
Et pieds nus
Sur la mosaïque,
Je te suis.
Alors tout est son
Et le silence est empli.
2013-2014
EKATERINA DOBRINOVA
Elle se présente :