Chaque jour neuf à nouveau
C'est le premier jour, c'est la première heure
la vie palpite tous les feux de l'amour
le premier geste disparaît de la mémoire
le premier sourire est un vieux souvenir
c'est si beau de tout découvrir à nouveau
si pur d'être dans le souci de renaître
ce qui s'efface n'est pas la vie, ni un jour
ni une heure de soupir, mais un rêve
dont le souvenir retrace la présence
ce qui est beau, n'est-ce pas qu'une étincelle
est toujours différente de ce qui la suit?
n'est-ce pas que ce qui la précède s'allie?
C'est le premier jour, c'est la première heure
et l'amour dans le feu, et le tout instant du coeur
*
L'enfant méconnaissant l'abîme des outils
fouissant la terre meuble de ses habitants
des bêtes, la recherche des trésors de l'histoire
sans savoir, oublieux des méthodes agraires
une marescence de techniques ouvrières
ancestrales, enrichies d'une succession de janviers,
mon père sent le bois brûlé, avec ses mains
au goût de fer, et la peau braisée d'un givre
de cadmium – les châtaignes éclatent au fond du four
noir – ô ma lecture, les bruits du pavillon
mes petits soldats jouant dans la salle à manger
la campagne atrophiée de l'hiver, et moi
mon incapacité, mes deux mains qui diffèrent
qui ne font que tenter la terre, plutôt que fabriquer
XAVIER FRANDON
Il se présente :
Xavier Frandon est né en 1979 en Isère. Après des études en Histoire, il intègre le Ministère de la Justice où il fonctionne toujours aujourd'hui, à Paris. Ses poèmes participent à de nombreuses revues avant de rejoindre des actions plus directes. Ainsi, depuis 2015 il est à l'initiative d'un projet dont la vocation – le rêve? - est de replacer la poésie dans l'espace public par des gestes directs. PAQCAD (La poésie a quelque chose à dire) accueille une quarantaine d'auteurs. A la fin de la même année il regroupe un mini collectif d'auteurs dans une alliance, La Girafe à Pistons, avec comme objectif de passer coûte que coûte la poésie, quitte à se compromettre dans l'auto-publication, mais contrôlée, relue, corrigée, validée. A Montreuil, où il habite désormais, il a fait la connaissance de Magali Alves avec qui plusieurs projets ont pris forme...jusqu'au présent recueil que nous publions.
Publications régulières en revues et dans quatre anthologies aux éditions Corps Puce, mais aussi dans une plaquette de poèmes "Goutte d'eau" de la revue l'Autobus et sous la forme de cartes avec gravures de Jehan Aucompte, diffusées lors d'un festival à Montreuil en 2015.
Publication d'un premier recueil L'adieu au Loing, Editions du Citron Gare, d'un roman Rose Moutarde et d'un manifeste Le laminoir mou, les deux autopubliés dans le réseau de la Girafe à pistons.