Terrasse de café à l’abri du vent,
la chaise face à la rue passante
Les yeux ouverts un peu plissés sous le soleil – l’oreille,
eux clos, se suffirait à décrire
en nuances le mouvement
Un pas, là sur la gauche, en très bref
suspens, non trébuchement – aussitôt renoue avec son rythme
Talons hauts, longues jambes porteuses
vers où ? d’une allure à léger tangage,
visage résolu, cap tenant
C’est l’hésitation qui parle, non le flux
Une menue rupture à même l’indéfini
Quand le suivi revient, et la ligne,
sous le tempo demeure un non-temps, ce retrait, cet écart,
amorce d’un autrement non déclaré qui vibre
***
Où sommes-nous ? Dans des couloirs ou dans l’ouvert
de l’incertain sans-mot-clef, de la voie si multiple,
encline à déployer ?
Dans des couloirs serrés de vieille solitude ?
Dans un si vaste accueil qu’il nous cautérise
d’identités s’entremordant, redites acharnées ?
Les rues de cette ville invoquent le printemps
et comme des bourgeons tendres-drus, dans le cœur, dans le pouls
éclosent des pensées sans raisons que les leurs, mystérieuses
Passants croisés, passantes un peu suivies
à perte d’inutile, chats frôleurs de limites, au bond soudainement
latéral et précis fendant loin des cloisons d’air
Et parfois, une place aidant de son cercle unanime,
ce sentiment que tout va se jouer ici comme jamais,
du rail ou de l’inembrassable
(in Encres de songerie,
inédit)
CLÉMENT G.SECOND
Il se présente :
Clément G. Second
Écrit depuis 1959 : poèmes (sortes de haïkus qu’il nomme Brefs, sonnets, formes libres), nouvelles, notes sur la pratique de l’écrit principalement. Plusieurs recueils dont un, Porteur Silence, paraîtra en 2017 aux Éditions Unicité de François Mocaër, et deux autres en cours.
Collabore à des revues depuis fin 2013 pour l’ouverture et le partage. Poèmes et autres textes dans AccentLibre, Le Capital des Mots, La Cause Littéraire, 17 secondes, Harfang, Lichen, N47, Paysages écrits, Terre à Ciel, et d’ici quelque temps dans Décharge et Verso.
Plusieurs réalisations de pair avec la photographe Agnès Delrieu (revues, blog L’Œil & L’Encre http://agnesdelrieu.wix.com/loeiletlencre)
Fréquente littérature, arts, philosophie et spiritualité.
Se sent proche de toute écriture qui « donne à lire et à deviner » (Sagesse chinoise), dans laquelle « une seule chose compte, celle qui ne peut être expliquée » (Georges Braque), et qui relève du constat d’Albert Camus : « L’expression commence où la pensée finit ».