de quoi rêve-t-on quand tout s'efface ?
le sang gelait
autour de mon cœur,
j'étais trop vide
pour être aimé ce soir,
les vestiges de mes désirs
écumaient la nuit
comme des fleurs fanées
au crépuscule,
la confusion des sentiments
s'insinuait
dans les entailles
de ma chair froide,
le temps qui passe
archivait les lueurs
de mes utopies avisées,
à la lisière de l'indolence
mes pensées échouaient,
illisibles et mutiques,
sentiment de la dernière chance
fascination pour les songes naufragés
épuisement des splendeurs célestes,
à peine conscient
de mon somnambulisme
j’étais condamné à l’errance,
un égarement sans limites
sur un ruban noir
qui ne menait nulle part,
les lampadaires s'éteignaient un à un,
lucioles fatiguées des mensonges de la nuit,
aiguilles désaccordées sans mélodie,
de quoi rêve-t-on quand tout s'efface ?
***
inspiré sans fin
jamais à court de mots
le silence de non-dits
brise le néant
de mon désespoir,
ô douleur ma muse
mon puits sans fond
où je m’épuise
et m’exalte,
éploré sans fin
jamais à court de larmes
le spleen de vagues
ranime le ressac
de mes souvenirs,
ô mélancolie ma compagne
de toujours
qui me guide
et me perd,
égaré sans fin
jamais à court d’asphalte
l’illusoire destinée
me promet
tant de mensonges
***
infinie évanescence
le clair de lune semble bien pâle,
tristement blême
et à la fois si rassurant,
les rideaux volettent et le voilent
mes rêves vacillent et se suspendent,
fantomatiques et translucides,
je broie du noir sans étoile,
la nuit ressemble à mes pensées,
noire, ivre, et multiple,
mille visages dans le ciel,
mille visages, épars et distincts,
mille visages, et le tien,
oui, surtout le tien,
unique et disparate,
nulle part et partout à la fois,
une pénombre bleutée inonde la chambre,
ton sourire tangue au fond de mon verre,
j'effleure les rebords en cristal
de mes lèvres désinvoltes,
le vin de l'oubli se dérobe
le verre m'échappe,
tes commissures craintives
se brisent en mille morceaux,
des volutes de réminiscences
propagent une fascinante mélancolie,
les bouffées de cigarette
élèvent l'ivresse
à des degrés de romantisme insoupçonnés,
je suis très 19e ce soir,
j'embrasse les bris de l'oubli
je me blesse me taillade
mes doigts sanguinolent de lyrisme,
poésie lacérée de mon amour,
un déluge de mièvrerie écorche mon cœur transi,
petite peste tu t'acoquines avec les anges
ton fantôme balaie l'évanescence
ton souvenir m'oppresse et m'angoisse,
ton regard s'active comme un supplice,
je tremble comme un condamné,
je tamise nos pauvres songes
ça me glisse entre les doigts
tout s'écoule en désordre,
je patauge comme une épave
dans les traces de notre déliquescence
ALEXANDRE NICOLAS
Il se présente :
Né en 1986, Alexandre Nicolas s'est rapidement mis à noircir des carnets sur des coins de table.
Passionné de cinéma, il l'a étudié pendant cinq ans et un peu pratiqué.
Comme il fallait poser ses valises et entasser ses livres quelque part, il s'est installé à Paris.
Ville où il travaille et se plaît à errer, dans les rues ou le long des quais de Seine.