ZOOLOGIES
No sé lo que te cuesta
encontrarle el sentido a un puercoespín
que lucha para hacerse monje
y vivir en un claustro románico
a resguardo de los depredadores.
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Je ne sais pas ce qui te coûte
de trouver du sens à un porc-épic
qui lutte pour devenir moine
et vivre dans un cloître roman
à l’abri des prédateurs.
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Las tortugas me caen bien:
me recuerdan
a un escribano que conocí en otra vida.
Sus gestos esmerados eran tiempo
e iluminaba el mundo con los callos de sus dedos
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Les tortues me sont sympathiques:
elles me rappellent
un scripteur que je connus dans une autre vie.
Ses gestes soignés étaient du temps
et il enluminait le monde avec les cors de ses doigts.
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Un caballo naranja
es una definición de lo que esperas.
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Un cheval orange
est une définition de ce que tu attends.
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Tengo el vigor de una anémona hoy
por lo que no puedo acercarme a ti
para envenenarte.
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J’ai la vigueur d’une anémone aujourd’hui
et je ne peux pas m’approche de toi
pour t’empoisonner.
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Con una sucesión de espasmos de ameba
quise ganarle la batalla a este minuto
pero olvidé recordarte
cómo funcionaba el microscopio.
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Avec une succession de spasmes d’amibe
j’ai voulu
vaincre cette minute
mais j’ai oublié de te rappeler
comment fonctionnait le microscope.
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Yo no sé si los erizos son sordos
y esa idea me impide dormir.
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Je ne sais pas si les hérissons sont sourds
et cette idée m’empêche de dormir.
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Mi vecina no sabe qué son los zopilotes.
No importa. Prefiero no explicárselo.
A ella ya le arrancarán los ojos
otras alimañas.
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Ma voisine ne sait pas ce que sont les urubus.
Peu importe. Je préfère ne pas lui expliquer.
D’autres animaux nuisibles
lui arracheront bientôt les yeux.
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Aunque no exista,
la lengua de los gusanos
también será ceniza
al final de este día
insoportable y tórrido.
Todo lo más, mañana.
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Même si elle n’existe pas
la langue des vers de terre
sera aussi de la cendre
à la fin de ce jour
insupportable et torride.
Demain, tout au plus.
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Dicen que el ruido de las termitas
que devoran con tesón y secreto
las vigas de una casa abandonada
es comparable con el que crean las pesadillas
al frotarse contra las almohadas.
Pero cualquier cosa
antes que este silencio.
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On dit que le bruit des termites
qui dévorent avec une secrète ténacité
les poutres d’une maison abandonnée
est comparable à celui que créent les cauchemars
en se frottant contre les oreillers.
Mais n’importe quoi
plutôt que ce silence.
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No desesperes.
Al fin y al cabo no lo hacen los pulpos
hasta que sienten el agua
hirviente de la cazuela.
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Ne désespère pas.
En fin de compte les poulpes ne le font pas
tant qu’ils ne sentent pas l’eau
bouillante de la casserole.
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Tras cortar el césped
siento que algún insecto me mordisquea la nuca.
La piedad de San Francisco de Asís
nunca fue lo mío.
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Après avoir tondu la pelouse
je sens qu’un insecte quelconque me mordille la nuque.
La piété de Saint François d’Assise
n’a jamais été mon fort.
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Cuando en una escuela
los niños de una clase diseccionan quince ranas
las charcas ni se resecan ni lloran.
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Quand dans une école
les enfants d’une classe dissèquent quinze grenouilles
les mares ne se dessèchent ni ne pleurent.
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Aunque nunca
nos hayamos cruzado con uno
le tenemos miedo
a los lobos.
Es nuestro bagaje
absurdo y medieval.
(Esto último lo digo
por la angustia de los bosques oscuros,
no por las maravillas
que nos dejaron los canteros.)
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Bien que jamais
nous n’ayons croisé un seul
nous avons peur
des loups.
C’est notre bagage
absurde et médiéval.
(Ceci, je le dis
pour l’angoisse des forêts sombres,
pas pour les merveilles
que les tailleurs de pierres nous laissèrent).
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Cuanto más te conozco
más pienso que el mejor animal de compañía
serían los belfos
cortados, disecados,
de un camello
que hubiera conocido los más vastos desiertos.
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Plus je te connais
plus je pense que le meilleur animal de compagnie
serait les lèvres
coupées, empaillées,
d’un chameau
qui aurait connu les déserts les plus vastes.
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Los cuervos más astutos
escapan de la torre
antes de que tiemblen los fieles
con la llamada de las campanas.
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Les corbeaux les plus rusés
s’échappent de la tour
avant que les fidèles ne tremblent
avec l’appel des cloches.
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No recuerdo
ni tu nombre
ni la trayectoria del vuelo de esa libélula.
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Je ne me souviens
ni de ton nom
ni de la trajectoire du vol de cette libellule.
Juin 2017
Certains de ces poèmes en espagnol ont été publiés dans la revue mexicaine « El humo » (http://www.revistaelhumo.com/2017/06/miguel-angel-real.html) .
Poèmes traduits par l’auteur.
MIGUEL ANGEL REAL
Il se présente :
Valladolid (Espagne), 1965. Diplômé en Philologie Française. Agrégé d’espagnol, il enseigne au Lycée de Cornouaille de Quimper et a collaboré à l’U.B.O. (Université de Bretagne Occidentale) à plusieurs reprises.
Traducteur de poésie contemporaine en français et en espagnol, il a publié certains de ses travaux, conjointement avec Marceau Vasseur, dans diverses revues en France et en Espagne (Passage d’encres, Le Capital des Mots, La Galla Ciencia…).
Troisième prix du VII Concours International de Poésie « Atiniense » 2016 (Argentine).
Finaliste du VI Prix de Littérature expérimentale, convoqué par le Sporting Club Russafa Carlos Moreno Mínguez (Espagne, Mai 2017)
Certains de ses poèmes en espagnol ont été publiés dans les revues Letralia (Vénézuela), Fábula (Université de Logroño, Espagne), Marabunta (Mexique) et El Humo (Mexique).