On me dit mensonge
On me dit vérité
On me dit finitude
On me dit l’incipit aussi
Dans une explosion de glycines
On me dit rien
N’est plus rien
Ni plus parfait
Que la forme et le profond qui d’un trait
Font le fragile et la force qui s’aiment
On me dit ta volonté d’espérance
On me le dit pour me faire à l’idée
De l’espoir préférer le naïf de son geste
On me dit tu ne parles pas
On me dit tu me dis pourtant
On me dit tu me dis toujours
On me dit
Tu me dis
Je ne parle pas
C’est parce que je suis l’enfant
(Inédit)
***
Quand le corps quitté s’abandonne
Au plus douces suppositions
À l’insoupçonné
Pouvoir de tes yeux
Quand ma peau
Hors d’elle s’accorde
À tes soupirs et se déplie
Ruade où me blottir
Larme pour mémoire
Offerte à bout de ton chant
Pour un instant
Ma vérité qui passe
Rouge-neige murmure
À peine né harpon
Petit dans les pleins poumons du silence
Ce silence qui descend
Sans qu’il fût demandé
Cette même mer démontée
Aux bons soins de la plaie
Sur les calmes bords du poème
Quand les mots font les morts
Doux comme une lame
Et l’Amour qui en est un
Celui dont je parle
Et toujours l’insoupçonné
(Inédit)
***
Depuis cette nuit élue
Au fil de la lune finie
Chance entre tes seins blancs
Depuis les racines étoilées
De nos arbres arcs-en-ciel
Depuis leurs branches boréales
Depuis le soleil
Tu sais
Le soleil de l’origine
Depuis ses jaunisses de joie
Épelantes de nos amours orange
Depuis les vénérables éthers
Tu sais ce couvent pour nos tonnerres
Depuis ton centre et mon sommet
Depuis ma crête et depuis tes rondeurs
Depuis l’aurore traversée
Elle depuis toujours
Par nos crépuscules hantée
Depuis ce besoin trembleur
Tu sais
Ce besoin de décor de musique et de lumières
Depuis les balcons de notre étreinte
Et ses entrelacs confus
Aux entournures parait-il d’une éternité
(Inédit)
***
Tant de mots lézardés
Tant de lettres tuées et tueuses
Tant de tumultes retrouvés
Disloqués dans leur cristal
Tant de poings pour percer le coeur
Combler ses cavernes
Tant de feu tant de forêts
Où s’enfoncent nos larmes
Tant de fractures quotidiennes
Tant de tant en mal de bien
Pour que vienne calmer ton silence et se fondre
Aux clameurs sédimentées de nos cathédrales
(Inédit)
BRUNO THOMAS
Il se présente :
Bruno Thomas est né à Roanne en 1958. Il vit et travaille à Paris où il exerce son métier de kinésithérapeute auprès de personnes polyhandicapées. Son premier poème parait en 1991 dans la revue Les Cahiers du Sens de Danny-Marc et Jean-Luc Maxence. Depuis lors ses textes et notes de lectures y sont régulièrement accueillis. Il est toujours resté fidèle au Nouvel Athanor qui a publié ses quatre ouvrages : La Belle importance (1993), L’Endemain des larmes (1999), Entre l’ombre avec un avant-dire de Colette Seghers (2003) et son récent Pardon pour l’aurore, avec une préface de Matthieu Baumier (2014). Traduit en tchèque dans la revue Psí Víno du poète Jaroslav Kovanda on peut également le lire dans diverses anthologies dont l’Anthologie de la Poésie Mystique Contemporaine de Jean-Luc Maxence (Presses de la Renaissance, 2002), L’Année Poétique 2009 de Patrice Delbourg, Jean-Luc Maxence et Pierre Maubé (Editions Seghers) ou encore Poème/Ultime recours/ Une anthologie de la poésie contemporaine des profondeurs de Matthieu Baumier et Gwen Garnier-Duguy (Recours Au Poème éditeurs, 2015). Il est membre du comité de rédaction des Cahiers de la rue Ventura, revue littéraire fondée en 2008 et dirigée par le poète et romancier Claude Cailleau.