À M.W.
Les peaux sensibles à imperfections ne cicatrisent plus. Où sont les croûtes, les accidents de routes ? Trébuchent pas, trouvent toujours un sûr pour les soutenir, un dur pour les retenir. Où vont les jambes sans la douleur d’un gravillon après une course folle. On assure ses arrières, calcule les retombées avant de se lancer. Mise en place de quelques automatismes pour ne pas penser. Enfant, on porte les boursouflures de sa disgrâce. Le malheur dur quelques jours avant de céder la place à une peau lisse. Aujourd’hui, on ne compte plus les marques qui restent tout l’été. Petites rougeurs indélébiles qui creusent l’épiderme en refusant de nous quitter. Autant en emporte le lent. Les heures pointent et les minutes s’écoulent. Sur la lande, les bruyères sèches gardent leur volume. La terre se fend de sillons pour accueillir le blé. Le volcan éructe jusqu’à l’océan. L’enfant hurle sa faim et le vieux fait taire la sienne. A tout faire la semaine, on croule sous de sales habitudes. Chiffonniers le dimanche, on recycle des pensées qui ne sont pas siennes. Tout en machine. Lavé et repassé, on n’y verra que du feu. L’envie reprend le lundi. Le nouveau naît fripé et se plier en quatre n’y changerait rien. On baisse la garde, on retrousse ses manques et on s’attaque au cœur du problème. Sept jours sur sept, dix fois sur dix et une fois pour toutes, on oublie la trotteuse, la minutieuse, la grande paresseuse, la Suisse, la Chine, la mécanique, la digitale, la ronde, la carrée, Big Ben et tutti quanti pour s’accepter comme on est plutôt que tard.
25 août 2017
LAURE WEIL
Laure Weil se présente :
Professeur agrégée d'arts plastiques, je suis aussi curieuse de littérature, de cinéma et d'architecture. J'ai fabriqué quelques livres d'artistes, dont le lien entre eux semble être l'effacement. Livres restés confidentiels. J'écris généralement pour restituer une rencontre avec une œuvre, qu'elle appartienne au champ des arts plastiques ou au cinéma.
Je cherche à diffuser mes textes parce qu'il est plus facile de se motiver à écrire régulièrement quand on sait que ses textes sont susceptibles d'être publiés.
Mes écrits sont nourris par ma culture des arts plastiques et par ma liberté à jouer avec les mots, comme s'il s'agissait de couleurs pour un peintre.