Rien d’étonnant que le père s’effraie
Fasse trembler les barreaux du lit
Les marches de l’escalier
Que la mère descende
Saute d’un pied d’un autre
Et monte jusqu’au grenier avec sa malle à voyage
En réponse à ces objets
Que l’on dégage délicatement de terre
On feuillette en famille nos albums de photos
Nos cahiers d’écolier
Ecrire ensemble nos noms
Souffler sur le toit
Faire tournoyer au-dessus de nos têtes
Mouchoirs et fanions
Prend valeur de légende
On parle d’un paysage où l’on pourrait papillonner
Tout en bandant ses yeux
D’un ponton qui sous le couvert des arbres
Nous invite à plonger
Et d’un drap que l’on essore
Et qui s’étire avec quelques plis
Où vient s’infiltrer nos visages
Et la réponse à nos questions
PS : « Laisser le vent secouer votre visage
Et vos doigts pianoter sur la vitre
Des nuances de ton viendront
S’ajouter à la tournure du ciel
Et effacer un peu de buée …..»
Vous, notre dame de cœur, laissiez négligemment tomber
De votre sac de tels conseils
Et c’était un rituel pour nous de les ramasser
La fantaisie de leurs traits venait s’amarrer
Servir de tresses de marque-page à nos vies
Pour contenir nos larmes
Nous envahir de grandes gorgées de rire
Elle encerclait de rouge à lèvre nos yeux
Et faisait s’amuser
A la manière d’un instrument à vent
Les volets de la maison
***
« Lancer dans notre sillage
Des fleurs et des guirlandes de gui
Qu’il y ait comme une accolade du vent
Un frémissement de l’ombre
Et les couleurs et les contours d’un récit
Qu’on ne peut seul assembler. »
Voici ce que semblent nous confier
Ces inscriptions que l’on écrit sur les pierres
Et qui forment la chaîne de nos voix disparues
On aimerait les réunir en un lieu unique et accessible
Mais elles qui sont pourtant si semblables
Répugnent à s’assembler
Et restent souvent illisibles
Comme un palimpseste ou du papier mouillé
RICHARD ROOS-WEIL
Il se présente :
Médecin hospitalier
Bibliographie :
Mars 2017 : le parvis des ombres (extraits) revue TRAVERSEES.
Mai 2017 : poèmes inédits revue ARPA.