I
Le matin se lève sur la rive
Je reviens des cauchemars et insomnies
Et encore me hante
La frénésie du ricanement des crânes
Aux dents perles blanches
Les souvenirs effleurent ma mémoire
Mais tout est si distant
Le ruban des siècles se détache sur elle
Et comme les vagues qui s’approchent
Sans jamais m’atteindre
Il ne l’atteint guère
Et sur l’autre rive je vois le bonheur glisser
Doucement lentement mais s’éloigner enfin
S’éloigner sous la pression de l’onde bleue
S’éloigner sous le regard impuissant de ma rage
S’éloigner au rythme des chants désespérés
Et des aveux tus de ma conscience stoïque
Et puis disparaître
Tout passe ainsi et ne revient
Rien n’est incertain comme demain
Les siècles du vide s’approchent
Chargés de doute et d’incertitude
L’homme n’aura jamais existé
II
Le crépuscule du mensonge est proche
Le feu qu’on couvre couve
Et quand le moindre vent y souffle
Et quand la moindre brise y passe
Les braises s’illuminent et tout revient
Rien ne disparaît sous l’effet du temps
Des cendres de la fourberie
Prend corps le fils mal aimé et nié
À la croisée des souvenirs épars
Revient le témoin de la réalité occultée
La vérité est une jeune femme
À la beauté inaltérable
À la beauté incorruptible
On peut lui ôter son sourire
On peut la déguiser en misère
Mais au fond tout est là
Il suffit d’une caresse de brise
Pour qu’elle fleurisse
Pour qu’elle ouvre ses calices
Et offre de ce parfum pur
Propre d’elle
III
La nuit se déploie sur les jours sans mémoire
Je traverse l’arrière monde onirique
Je remonte la haine mémorable des braises
Le sang et les larmes encore inondent
Pour édulcorer le gris qu’il fait
Le vent les grave dans la mémoire de l’oubli
Il germe des décombres du temps
Pour grandir les destins chétifs
Alors les souvenirs de l’histoire sans traces
Retracent les contours du passé amnésique
Et j’avance balbutiant et ignorant
J’avance vers l’être qui fut et je me découvre
Je ne l’ai jamais connu mais il est tellement moi
Son cri trouve écho dans mes entrailles
Les vies sont des ritournelles de l’existence
On est tous des êtres de mémoire
Au fond on est reflété par le miroir de l’histoire
GILS DA DOUANLA
Il se présente :
Gils Da Douanla est camerounais. Il est étudiant en cycle de recherche à l’Université de Yaoundé I, département des études hispaniques. Il est cofondateur et actuel animateur culturel du CLIJEC (Cercle Littéraire des Jeunes du Cameroun). Il lit et écrit en espagnol. Il a participé à plusieurs projets collectifs de publication. Il a été retenu en 2016 lauréat de la première édition du concours national de nouvelles.