Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - VALENTINE COHEN

Publié par Le Capital des Mots sur 14 Décembre 2017, 14:51pm

Catégories : #poèmes, #texte

« Sois au monde »

 

J’en crève des frontières

Entre toi et moi

Je rêve ou …

Tout est à inventer ?

Barrage de tous côtés

Ma limite frontier/

Merde, j’arrive plus à parler/m’ouvrir à l’autre/faire tomber mes frontiers/ être dérangé dans mon quotidien.

L’amour de la découverte ?

L’amour de la découverte. Et même sa nécessité.

Je viens de la guerre ; je viens du rejet.

Fils du chaos, j’avance vers l’issue ; peu m’importe qu’elle soit fatale ; je cherche le point de ralliement à l’existence ; exister ; sortir du monde en ruines d’où je m’extirpe ; d’où je fulgurise aussi ;

je cours devant mes peurs ;

je marche plus vite qu’elles.

Je ne dors pas quand je dors; je veille.

Poursuivi, traqué. Des hommes veulent notre peau parce qu’on n’est pas restés sur place à attendre qu’une bombe nous explose à la gueule. Sale gueule. La mienne ou la leur ? Ou la vôtre ? A qui je parle ? Peu importe, j’ai pas encore trouvé l‘adresse…

Mais ma parole arrivera à destination. Elle est déjà arrivée puisqu’elle sort de moi ; je ne suis plus un « rien » sur cette terre en feu.

Ma mémoire explose toutes les 3 minutes ;

mes pensées sont rythmées par les cris de mes sœurs…

puis leurs silences….

Mes pensées sont rythmées par les pleurs de ma mère….

puis son silence.

Mes pensées sont rythmées par les peurs de mon père….

puis son silence.

Quel visage mettez-vous sur mon visage ?

A vos oreilles, je suis quoi ?

Syrien ? Malien ? Erythréen ?

Y a-t-il plusieurs mondes ?

Superposés les uns aux autres ? Inconnus les uns des autres ?

Y a-t-il plusieurs humanités ?

Qui suis-je ?

Me reconnaissez-vous ? Vous reconnaissez-vous ?

Avez-vous déjà connu l’exil ?

J’ai besoin que vous ayez connu l’exil.

J' ai besoin.

Je vous en prie.

Je le sais, vous êtes humain.

Tout humain connaît l’exil même s’il ne s’y attarde pas ; moi, je suis sous mon destin ; celui qui a insisté pour que je comprenne bien ce mot : exil.

Au quotidien, il a insisté.

Exil.

Tu seras nié, rejeté, refoulé ; de l’amour chaque jour tu douteras un peu mieux.

Passé le premier moment de choc, tu t’habitueras ; aux maisons qui s’écroulent; aux bombes qui explosent ; aux pierres et gravats en guise de villages; aux cris de tes sœurs qui rythmeront ta pensée. Puis le silence.

Aux cris de tes sœurs qui rythmeront ta pensée.

Puis le silence.

 

 

Bouger de la répétition. Bouger de la répétition.

Ne pas la regarder dans les yeux.

Bouger de la répétition.

Scalpel.

Ta pensée?

Un scalpel maintenant quand tu aborderas quelqu’un.

Aseptise ; aseptise.

Cautérise les regards aimants posés sur toi.

Ne prends rien pour acquis, rien pour argent comptant ; tu l’as compté, ton argent.

Combien de fois déjà pour monter sur ce bateau ?

Bateau de la fortune! Bateau de fortune.

Je pense et parle en français. Je vois en arabe.

J’explique en anglais. Je me souviens en Tigrigna.

 

Les gardes-côtes riaient ; voulaient nous couler!

J’ai invoqué tes ancêtres, ô toi, homme à la conscience dépecée.

Je me souviens en arabe levantin septentrional.

J’ai questionné tes ancêtres ;

Depuis quand aviez-vous oublié l’exil ?

Depuis quelle catastrophe avais-tu ri ainsi à la face de ton propre destin ?

Qu’est-ce qui t’avait mis en rage contre ma volonté de vivre ?

Moi et les 40 âmes qui, à ce moment-là m’accompagnaient encore?

Où es-tu, toi, salopard de mes deux, maintenant ?

Est-ce que tu continues de rire sur nos carcasses ?

Sur nos demandes d’aide? Tu ris? Hein dis-moi, tu ris ???

Sur le dos de tous les tiens, jetés à la mer ?

Une bouteille à la mer ! Un message à la mer ?

Maman ! Maman ! Maman !

Te rappelles-tu de tes peurs d’enfant ?

Te souviens-tu de tes paniques et qu’elle, elle était là, allumant une bougie au milieu de ta nuit pour te prendre dans tes bras et te rassurer de toutes nos enfances accumulées, entassées, étouffées dans nos maisons et nos villages bien dressés ?

Mais un jour, oui, un jour dans chaque vie d’homme, tout s’écroule !

Oui, moi, je suis vivant aujourd’hui et je peux dire que je le sais.

Mais je le savais déjà ; j’ai de la chance, j’étais foutu comme ça ; je savais déjà que la vie pouvait avoir cette gueule-là/

Ma résistance… oui…ma résistance.

Ma résistance, reste là, ne bouge pas, ne pense pas, tais-toi, reste là, ne bouge plus, cesse de respirer, on va t’entendre !

 

Combien sont morts déjà?/ Tais-toi, te dis-je, chut, ta gueule/ Arrête de me dire ta gueule, s’il-te-plait, j’en peux plus/ Chut ! fuck ! fuckkk ! Ta gueule/ Je t’aime./Ta gueule! /Je veux pas mourir!/ Ta gueule/ Enculé de ta race! Je n’y crois pas! On peut pas être aussi salaud/ Tais-toi putain! J’te dis que c’est pas le moment de penser merde, je…Aahh qu’est-ce que…/

 

Bien sûr que ça tremble ; l’amour, ça tremble, ça s’invente!

L’amour, c’est toujours une première fois.

Suis tombé.

Le sol du bateau de ma fortune avait craqué ; j’étais trempé, j’étais trompé.

Je m’en suis souvenu quand je suis tombé.

Amoureux

J’ai pu tomber amoureux après ça

Avec cette sensation étrange au fond du bide que le bateau allait craquer

La vie craque

Le sol craque

La confiance s’arrache à la gueule du destin.

Tu veux me donner quelque chose?

Désolé, je peux rien recevoir comme ça ; j’ai besoin de te voler ; je t’en prie si tu m’aimes, laisse-moi te voler, je peux plus recevoir; fin de non recevoir/

Ca m’a fait tout ça tu sais, cette traversée ; cette bible entière vécue en un rien de temps, juste le temps de me faire vieillir de 1000 ans

Quel âge j’ai à ton avis ?

Le même que le tien.

On dirait pas hein!

Que j’ai 10 ans ?

20 ans ? 40 ans ? 60 ans ?

Eh ben si pourtant, c’est la pure vérité.

C’est mon âge. Le même que toi exactement

Je sais qu’on est pareils c’est pour ça que je te parle

J’ai besoin que tu m’écoutes un peu maintenant !

J’y suis allé à ta place dans cet enfer.

Nan, bien sûr que non, je veux pas te faire culpabiliser !

Au contraire, je veux qu’on s’embrasse fort !

Mais si je te brise pas le cœur, tu me laisseras pas entrer.

Boum! Allez une explosion !

Tu vas voir, y’ a des dommages collatéraux, des tonnes de morts en toi, mais t’inquiète, regarde ! Je suis vivant, je suis debout, face à toi, ou à côté plutôt, je veux sentir ton bras à mes côtés, nous sentir épaulés.

Faut pas regarder le sol. Il est jonché, ça oui.

Je t’ai dit de pas regarder.

On verra plus tard.

On honorera plus tard.

Garde la tête droite et plonge tes yeux dans les miens mon amour j’ai besoin que de ça mon amour, que ça.

C’est toi qui choisis tout sauf que faut pas trop parler;

en tout cas, c’est moi qui décide

Suis mon rythme, s’il te plait.

Fais-ce que tu veux

Je suis prêt à tout pour toi, parce que j’aime

Je peux pas me payer le luxe de pas aimer sans ça, je crève

donc je t’aime et c’est putain de vrai !

Pardon les putes, vous êtes mes amies dans vos bateaux de fortune, je jette plus la pierre moi, nan!

Plus jamais jeter la pierre à qui que ce soit ; qu’est-ce que j’en sais de ton histoire, de tes peurs d’enfant, des sols qui se sont dérobés sous toi ? Qu’est-ce que j’en sais de toi ?

Je peux pas me payer le luxe de pas t’aimer;

même toi putain d’enculé -pardon à toutes ces insultes-putain d’enculé de garde-côte de merde, je t’aime ! J’ai pas d’autre option, tu comprends, connard?!!!

Non, tu comprends pas encore… C’est pas grave ; tes enfants ou leurs enfants comprendront, c’est comme ça ; je suis sûr ; je connais la vie, maintenant. Elle s est présentée à moi dans toute sa splendeur édifiante ! Et moi, je préfère ne pas te comprendre et t’aimer quand même ; je serai comme un enfant devant l’énigme ; les yeux interrogateurs de l’enfant devant l’ironie!...

Oh, ces yeux là !!! Qu’est-ce qu’ils me désarment !!!

Je veux les mêmes !

Je veux pas comprendre l’horreur je veux l’aimer, c’est tout ./

 

***

A nos corps défendant

 

Ca pleure

Mais on s’en fout.
C’est tellement pas ça qui compte.

L’eau de pluie est encore libre. Pas privatisée, mon gars. Shell ? Ta coquille. Circonscris. Au lieu de circoncire.

Tu refuses le dévoilement, la douleur.

Non, ça ma belle, t’as pas le droit. Je lui suis solidaire et tu comprends, hein que, clair, t’as pas le droit.

Ouais, enfin, sorry girl, mais la douleur, là encore, n’est pas une couronne d’épines passe-droit, passe-doigt épine dorsale plutôt, d’ailleurs, et pine dorsale s’enfonce dans le cul du monde pour y rester tout seul et tout sale et honteux comme un con.

Mecs de tous les pays, unissez-vous, enculez vos soeurs et vos femmes. Vous n’avez rien pigé encore, hein ?! Si vous nous dressez les unes contre les autres en vous dressant en nous les unes contre les autres, vous rejouez le je ancestral du grand dominateur ; vous nous renvoyez hors de vous, nous nous réfugions d’abord en terre solitude et nous tentons, dans les bras les unes des autres….

Faut qu’on baise ensemble alors, qu’on quitte les hommes pour se sentir aimées ? Vous voulez absolument nous faire baiser ensemble ? Mais j’ai pas envie d’une femme dans mon intimité je veux l'AUTRE, merde ! La rencontre qui est due. Oui, je sais où ça coince dans cette in-con-sommation, sommation de cons -non pas de cons mes sœurs pardon encore- sommation des phallus dressés. Mais ils sont plus que ça ! On les aime de plus que ça ;

est-ce qu’ils peuvent nous aimer de plus que notre sexe-figue ? Ce que c’est bête de pas pouvoir se rencontrer. Juste reclus. ALLEZ, chacun dans sa prison. Femmes à droite. Hommes à gauche. Ca t’a pas plu Auschwitz ? On recommence alors ? C’était pas mal, la soumission ? La sous-mission. Démission du cerveau. Déboulonner la mission. Fin. Kaput, la tête bandante.

Oui chevaux, allez-y. Fantasia. C’est ensemble que nous pourrons. Qui ? Où ? Quand ? Si ce n' est main-tenant ?

Qui ? Si ce n' est moi. Si ce n’est toi ?

Où ? Si ce n’est sur la terre, sous le ciel des Apocalypses ?

Seule cette alchimie peut changer quelque chose.

Hélas, le rôle est écrit et ton texte te colle à la peau :

« I’m a MAN ! » … « Et même » -sous-texte-, « j’aime bien être américain même si je crache au cul du capitalisme à l’anus mou ; alors, 1,2,3 anciens combattants toujours présents dans la régie qui ment. 1, 2, 3, je fais du mal à qui mieux mieux, pire pire, pour ne pas me sentir, mes épines à l’extérieur ! I’m a MAN ! Sinon, je ne tournoie pas comme un derviche explosé par trop de neutrons, je me torpille de l’intérieur. Désolé, les gars, désolé, les filles, je tournoie. Comprenne qui pourra et surtout qui voudra, aura l’aura assez grandiose pour m’y déposer une goutte alchimique. »
 

-Tu crois petit, tu crois que ce plomb là sera de l’or ?

 

-Pour moi-même, comment pourrais-je y croire ? Comment pourrais-je ? Accéder à cet horizon ?

 

-Arrête de/

 

-Non non. J’arrête pas. J’ai putain de mal. T’es conne ou quoi ? Tu comprends rien ? Tu te prends pour qui, meuf ? Tu vois pas comme je me débats pour l’humanité ?

Alors pourquoi tu traites ce problème des hommes et des femmes, c ‘est toi qui en fait un problème pour moi ça l' est pas !

-Mais si ça l 'est !! Comme l’esclavage n’est pas le problème des noirs mais des esclavagistes, même si comme toi, à première vue, eux n’ont pas de problème !

En fait, quand on fait problème à quelqu’un, quand on abuse, on se sent libre puisque dominant ! Mais ô dominant, tu te diminues toi-même en clivages de toutes parts ; séparatiste, apartheid, exclusion, massacre, tuerie des gênes.

 

-Ta gueule, meuf, je peux pas gérer ce problème, c est le tien, je veux pas le prendre comme étant le mien ! En plus, faut que je t’engueule pour pouvoir souffrir un moment en paix ?

Double-peine, tu m infliges.

Et toi pour la peine, double pénétration, triple pénétration, attention, je m’arrête plus, je me casse de moi-même, j’éructe, je sors, j‘exècre, je tords les coups dans mes poches serrées-serrées. Qu’est ce que tu dis ? T 'es partie dans un coin, un autre coin de toi, là-bas  Tu dis pas exactement la même chose que les autres, toi, qui se tiennent debout face à moi.

 

-Oh, tu sais chacune a sa spécificité, c’est ce qui est pas mal dans le jeu. Toi, ta phrase au réveil, c’est « tu pleures ? »

« Ben non » je te réponds ; mon sous-texte à moi « ah, je devrais ?  J’ai raté un épisode ? » Je sentais bien qu’un voile commençait…ou non, un halo tentait la séparation. Un peu de plastique dans l 'air. S’envoyer en l’air en plastique.
Je crois que je vais avoir la diarrhée. Comme une femme qui accouche. Comme une chatte de 3 mois qui se fait prendre sans qu’elle ait bien compris ce qui lui arrivait. Comme moi. Mal au bide. D’avoir été pénétrée bien trop tôt. Fuck à toutes les autres. Là, désolée les meufs, j’ai pas envie de partager mes ovaires. Over-bookée, j’ai rendez-vous et j’arrive pas à me rendre. Donc.

Et sur le pas de la porte, toi : - « Tu pleures ? »

Ben non, toujours pas ; ou déjà plus. Je danse.

Tellement habitué, toi, à ce que ça chiale sur terre-mère de tous côtés, à tout moment, à tout maman.

Mais mon amour, pleure. Arrête de faire pleurer les autres pour sentir que tu te ré-apprivoises sur la terre. Et puis. Tellement ! Bientôt, dans tes yeux, tu vas me filer un pain, me disant que je ne comprends rien, que je reste coite, bizarre. Coït interrompu. Syncope. La musique est bonne. Mais la pipe est absente, le vagin fait la gueule, tout seul dans son coin, coite, je reste coite. Désir monte. Conflit. Absence ! Ah ma si belle, Absence, tu me fais monter tout près du 7ème ciel. 7ème sceau. 7ème saut. 7ème sot, tu es. C’est pas parce qu’on expose pas tout qu’on n’y est pas. Vas-y. Frotte-toi sur l’orthodoxie d’une autre femme pour que ton âme soit absoute. Absinthe, en attendant. Absence de la sainte. Enceinte, cette femme, moi, l’esclave. L’esclave et sa libération de par ses fucks, fucks, fucks, ok donc.

Vrammm. Changement de plan. Travelling fissa fissa.
Sur elle, assise, là-bas. Gros plan. La même petite fille, enceinte. Petite fille en sainte. Elle a des cailloux dans les poches et le minois joufflu et attristé. « Je vais te manger », lui dit son papa amoureux. Et boum, d’un coup d un seul, il la dévore.
Mais la petite n’est pas très digeste. Elle saute partout dans le ventre de la baleine, ballot qu’il est le père maintenant, tout gros avec son enfant dans le vide. Ben ouais, mon gars ; c est là que tu l’as mise, ta petite. En plein dans le vide. T’as bien visé. Elle se sent un peu ballotée, ballot que tu es, on t’a dit, mon ami. On n’arrive même plus à t’embrasser. C’est au-dedans de toi que tu nous as mises, muses muselées, vous amusent.

Oh, mais pourquoi encore ce « nous » qui tonitrue l’espace à la vitesse … non, je le dirai pas. Je boude et laisse des trous noirs.
T’avais même pas vu que t’avais une partenaire de JE.

Tu la bouffes. Et tu vomis ta race. Et Dieu vomit les tièdes. La salle de bains est dégueulasse. Au fait, y a du sperme qui traîne sur du PQ ; si, si je te jure ! Juste un coton à démaquiller à jeter mais cet idiot de Sherlock voit tout, même quand Bambi te mange dans la main.

Mais qu’est ce qu’on a fait mon amour pour en arriver là ? Pour se déserter ainsi les uns les autres ? Et avec qui tu partages tout ça hein, dis-moi?

C’est ça qui est dégueulasse. C’est là où ils gagnent. Ils nous isolent les uns des autres. Ils dressent les murs des petits mensonges à 2 balles perdues qu’on se prend en pleine tête et faudrait faire semblant de n’y voir que du feu. C’est beau, le feu. On le veut. On veut danser mais il est rance, le feu, quand on le brime de sa transparence.

Être vu. Ma nécessité. Être vue. Je sais pas pourquoi. Mais c’est ça. Être vue. Laisse-moi un peu de place, y’en a assez pour deux. Non, c’est vrai les autres n’ont pas besoin d’être là.

Tu sens ? L’océan m’opale. C’est ça, ça existe aussi.

Déçue. Retombée. A pique. Est–ce que l’arrière de mon cerveau est plus réel que le devant ? Grand tigre du Bengale, Haut soleil levant. Doux. Doux. Rester. Partir. Qu’est-ce que ça change ? Tigre, j ai demandé. Aigle.

Non.
Dieu.

Au-delà.

En-deça.

Au centre, mon opale. Répare. Répare. Quitter la gente humaine.

Et si, tout de m’aime, je passais mon chemin ...

Et si tout de même, je faisais mon travail.

Artisane, répare les vases brisés. Ce que tu peux, fais-le. Viens. On répare l’opale. On s’en fout du mode d’emploi.

Ca s’emploie pas une opale. Ca se lit, ça chute. Irradie. Emane.

A nouveau, sèche comme un concombre. On honorera les mots. Plus tard. Pour l’instant, brut, faut sortir. Juste laisser courir encore et encore et encore un peu là pour que la vie repasse. Sans ça, tout trépasse, tout se fige. S’approcher. Tout se fige ou coule de source. JE est tellement rien. C’en est tout de même fatiguant. La plainte du grand couac du vide.

OK. Et les rayons, mon enfant, n’oublie pas tes rayons mon enfant, n’oublie pas. Tes rayons tortue-ninja, non pitié arrêtez les pubs! A qui tu parles ? C’est toi qui décides. C’est possible.

 

My Lord, help me ; voir le vrai. Et m y mouvoir.

T’as pas envie de m’embrasser. Ca n’a rien à voir.

Ton désir se fait la malle. Déjà. Confiance, pas là.

Tu dis pas. Comment tu me mens ?

Val, Val, de moi à moi. Que veux tu ? Peux-tu ? Certainement pas.
Pas d’embrassade, Val ; ce qui est.

Effort pour rendre l’autre fou. Faire croire à l’autre qu’il se trompe. Tu peux pas risquer ta confiance. Malade OK.

Moi, rien à voir là dedans.

Effectivement, tu peux pas être un fantasme de mon imagination.
En égorgeant le mouton, le sacrifice nous libère.

Et donne sa sacritude au mouton.

Mais Val, sois précise, s’il te plaît, dans ta pensée. Tigre. Chevaux. Araignée. Droite jusqu’au ciel… Lâche tous tes oripeaux d’illusions, ma petite.

Oui, tu décides pas. Tu décides pas. Tu décides pas. Instrument. Tu es instrument. Manipulé.

La liberté.

N’est pas pour aujourd’hui.
Ai rêvé du cœur de la bête. Où l’ai je vu ?

Je ne peux pas être sensible à un endroit et insensible à un autre.

 

J’explique pas tout, c’est comme ça. D’attaque. C’est là où on se sépare ? Tous, les uns les autres ? La nostalgie de la transparence.

L' ego ? Mon tapis de prière. C’est ce que je dis aux autres.
Ca ne te regarde pas.
Savoir ce que je viens chercher.
Ce que tu viens chercher comme force en moi.
Et leçon.

Non, tu vas pas me manger. Je suis pas une mangue mon ami, suis un baobab femelle. Nababs, soutenez mon regard et voyons-nous. Lessivons-nous à l’eau de pluie.

 

Le mensonge inhibe mon cerveau. Mes neurones perdent leur latin comme un lapin devant les phares d’une voiture.
Le mensonge en profite pour me faire croire que je pense de biais.

Au passage, il remet tout dans l’ordre de ses choses.
Et toi, tu fais quoi ? « Je te retourne le cerveau pour mettre le mien –ou son clone factice- à l’endroit dans la vitrine. »
Défaire les liens qui empirent sur nos têtes, frères et sœurs. Défaire.

J’ai mal de notre globale maladie.

Non, en fait.

JE est grand et pense HAUT ET FORT que l’issue n’est pas fatale. Une once de vérité peut transformer. Oui, certes, il y aura de la transe. Addict à la transe. Elle est notre aide, notre véhicule, oui. Moi terrienne, je plonge dans ma terre et pars nettoyer mes océans de plastique. Que les tortues lentes et éternelles cessent de mourir étouffées au fond des océans.
Pas le temps de le faire à l’extérieur.
Pas nécessaire de manifester.
Aller dans mon atelier de titans. Titane. Titania.

Les Dieux sont fatigués de nos clowneries épileptiques. Tranquilles, ils attendent, sur les colonnes en ruines tandis qu’affolés, les demi-dieux courent à la surface d’eux-mêmes. Diamant bleu au front peut orienter.

Etre seul mais mieux seul. Pas traqué par toi-même.

Qu’est ce qui raisonne en moi ?
Ce non besoin. Cette indifférence profonde et franche face à l’autre. De l’autre. Nos cœurs de tendresse et nos cœurs transittts. De froid, de pierre. Lourds, lourds, les cœurs comme des pierres. JE se rétablit en riant de tant de fêlures. Se réunir. Entendre la voix de l’autre qui raconte la mienne. Tomber raide dingue de la fulgurance circonvolutive de ma pensée humaine. Comment baiser ce cerveau cosmique ? Fondre et aller doucement.

Car sur nos cœurs, nous allons. Et même s’ils sont de pierre, patiemment, ils craquent sans nous faire de mal.

Non, pas pulvérisés dans l’atmosphère mais déliés.

Danse classique.
J’aime danser.

Je n’aime pas faire l’amour pour de faux, pour un passe-droit de «  je reste dans tes ramages. »

 

-Oui, j’ai baisé et très bien baisé ma foi. Merde, j ai oublié la virgule. J’ai bien baisé. J’ai plus rien pour toi. D’ailleurs pour tout te dire, ton corps, je m’en fous. Capote utilisée. One.

 

-Nous sommes toutes des capotes du grand dévorateur ayant fait main mise sur ton cerveau. Ce que ce con là- excusez-moi mesdames, dont les cons ont été visités-Ce que ce grand dévorateur ne sait pas bien encore, c’est que quand il est vu, il perd sa puissance, il bande mou et peut alors apparaître son cœur-patatra.

De là, Phénix peut enfin transformer.

Ne pas renaître en lui, le même. Mais renaître. Oui, bien sûr le pari est de taille. Ca tombe bien, il s’occupera de la pierre …tombale.

Put your trust in this mon ami amour intérieur que je suis. Love à tous les étages.
Le mensonge reste mensonge même s’il huuuuuuurle s’appeler vérité.

Et il en devient plus visible, le cher petit impuissant.

La vérité est baobab et te déchiquette, déchicotte le masque.

Et Dieu que chacun est beau à l’endroit.
Merci tant et tant.
Je ne souffre pas de toi.
Je ne souffre pas à ta place.
Je vis moi.

Merci tant et tant pour ces êtres de réunions.

Réunissons-nous. Ah si tu m’avais baisée comme la dernière fois, j’aurais cru à de l’amour. Même si. Déjà. Quelque chose clochait. Je ne ressentais quasiment rien. Honnêteté oblige.
Mon projet était cette fois-ci, de prendre le temps de ressentir, de désirer, de jouir. J’ai commencé à désirer. Mais. Toi, peu. Ou pas. Bon ben voilà. Je t’avais dit « et on dormira ensemble » ; et comme si tu m’avais prise au pied de la lettre, tu ne m’as pas prise au pied du lit, tu voulais pas baiser et tu ne faisais plus de cauchemars.

Romantisme en charpie. Torpillé le roman.

OKOKOK Le KO fait du bien. Met à mal le chaos.

Et je danse à pleins poumons sur les ruines de l’illusion.
Comment se fait-ce ? Eh bien, parce que la joie de la vérité a plus de goût que toutes les caresses du monde.
Quelle horreur d’avoir été étrangère avec toi.

J’irai plus.
Je vais rester tranquillement une autre suite.
Ne pas ressusciter l’horreur. Laisser crever ce qui doit tomber, mourir.
Année 9 est bénie. Savoir mourir haut et fort et limpide pour changer l’ADN et.

Nouvellement, Vivre.

 

***

Qi-Gong

 

Avant

 

Les mots découpent des morceaux de monde.

Les hommes utilisent les haches de leurs canines canines pour délimiter l’espace disponible à l'autre. C’est à dire à eux-mêmes, à lui-même. S'exclure. Ne pas être vu. Honte chevillée au corps défendant. Il déferle hors de lui-même :

« Tu m’aimes, dis? » demande-t-il à cet autre toujours manquant. « Je ne peux pas me regarder en face alors toi, regarde-moi, mais pitié, ne me vois pas, parce que ça brûle.

C’est simple à comprendre, non? Je me fuis. Point barre… Ton silence hurle. Tu me veux du mal. »

Et la gueule du vieux sioux reste là impassible, la femme en lui vacille, bien sûr. Mais le feu sioux s’attise en profondeur, veille au grain...

Et que la surface s'agite ne le regarde pas beaucoup ; ça appartient à la société des hommes qui galopent en surface.

Il voit : L'âme se botoxe pour prétendre à l’élasticité ; elle se raconte qu’elle boxe encore mais elle est défaillante, n’a plus de jambes. Et le sioux reste. Sourd et bien-entendant. Sourd comme un son de base. Le sioux est ami de vérité. C’est physique; la sensation est claire; les paradis artificiels sont périmés. Un monde se meurt. Le laisser partir. Le temps d’un néant apaisant qui n’effraie plus. Ne pas être contaminé par ce monde d’horloge qui accumule, apparaît, compétitionne, et soubre-saute la soubrette esclave d'elle-même. Rester sioux. Aimer ça. Parier sur ça. Pouvoir être nu dans sa dignité et non dans une injonction de paraître. Vieillir. Aimer ça. Lâcher l’affairement d’un monde en ruines. Rassembler ses forces pour changer de seuil. Et à nouveau chute le silence vers le haut et tous les horizons ; la montagne, le mont analogue, la couronne invisible qui tournoie. Compassion pour derviches torpilleurs. Etre tellement plus vaste, à l’instar d’on ne sait quoi si tangible, pour pouvoir se mouvoir, immatériel, sur cette ère mourante.

 

Après

 

Qi-Gong. L'heure du Gong. Du crime de la bêtise. Etre tout à la fois. Nous sommes prêts.

Se mettre dans le rythme. La grande narine. Se laisser inspirer.

Et expirer un peu plus, un peu mieux.

Mort aux vaches et vive le surgissement du tigre du Bengale.

Danser la béguine. Begin! On commence! On plante nos racines. Dans les talons. Achille, ne t enfuis pas! Stay! Allez, courage! Je prépare le tapis rouge sang du sang de nos ancêtres pour entrer en fleurs sauvages, déguenillées, dégoupillées et de rire éclatant. L'enfant sort de la grotte. Naît du sexe. Du vagin. On ouvre les portes du Ciel. Ca gambade. Bas du dos. Sacrum sacré. La peau marquée par la laisse vieille, ancienne, cutée, est en liesse. Scare-face. Rituel antique me remonte à la gorge. Lâcher la mâchoire. Rejoindre les chevilles. Souffle chevillé aux corps des traversées multiples, superposées.

Welcome home tout le monde! Au-delà des noms, des nons et des contours, le flux est bien agréable. Je est si proche de toi, de vous, dans ce cantique, qu'il n'est plus. Mais non, mais non. Je le dis sans le dire. Tout ça restera allongé sur la page à siroter du muguet. Oui. Mais.

Rester en face. Sortir du rituel. S'expulser de l'auto. La voiture, vois-tu. Auto. Auto. Auto-matique. Auto-mobile. Auto-fascination bien sûr. Auto-mutilation, pour la peine. Auto-re. Auteur. Hauteur. Au-tre. Autre. Ô toi. Ouf!! Je viens, j'arrive. Tu es juste au bout de moi. No borders. Ouf! Dieu est dans ma main qui te rejoint. Soyons donc paumés au milieu de l’océan des sens. Dieu est dans ton sourire. On t'emmènera danser. On retournera tous les mots pour leur faire dire la vérité. On se les lancera en pleine face pour qu'on puisse s'y voir et même s'y admirer. Car. Dans nos yeux, les flambeaux. Car. De tout plomb, l'or est la réponse. Et tous les rois intérieurs et soumis aux lois de la majorité absente à elle-même, oseront leur cri qui secouera l'éternité pour qu'elle se réveille enfin de son trop long sommeil sur cette terre. La fatigue n'est pas biologique. Elle n'est même pas logique. Elle est émotionnelle. Allez. Tremblons, non de peur mais d'éveil au soleil dans notre plexus lunatique. Vibrants, nous serons. Ne pas laisser le tremblement se taire.

Car. Dans nos yeux, les flambeaux. Car. De tout plomb, l'or est la réponse.

 

 

 

 

 VALENTINE COHEN

 

 

Elle se présente :

 

Valentine Cohen, née à Paris en Mars 1970, comédienne, suit sa formation auprès de Blanche Salant et Paul Weaver au sein de l’Atelier International de Théâtre où très tôt, elle enseigne.

Elle bénéficie également de la transmission de Jean Christian Grinevald , Ariane Mnouchkine, Mario Gonzales, Mario Biagini et Thomas Richards, Jean-Louis Hourdin, Bruno Nuytten et du théâtre balinais. Elle a une maitrise en lettres modernes (Sorbonne), mène une maîtrise pratique sur les chants ancestraux improvisés comme véhicule de la mémoire du corps à St Denis auprès de Fanette Vendeville du Living théâtre et du poète Philippe Tancelin et obtient une maitrise d’indonésien à l’Inalco.

Elle crée la compagnie Mata-Malam en 1995 pour laquelle elle écrit plusieurs textes qu’elle y met en scène, partant souvent d’un travail collectif et d’écriture au plateau, notamment « Comment s’y prendre ? » ou « De quoi s’agit-il ? » dont elle signe l’écriture. Elle met en scène également « La vita bella ! » d’après Dario Fo et Franca Rame, « Que Ta volonté soit fête… », adaptation des écrits d’Etty Hillesum, et des textes non écrits pour le théâtre tels « Le Mont Analogue » de René Daumal et « Gog et Magog » de Martin Buber… Récemment, elle présente «Et nous devînmes infranchissables ! » dont elle est l’autrice.


Elle co-dirige les Ateliers du Sapajou, école de formation de l’acteur jusqu’en 2008 et intervient régulièrement dans des stages Afdas en collaboration avec acteurs, metteurs en scène et réalisateurs (Alain Maratrat, Bruno Nuytten, Chad Chenouga…) sur des auteurs contemporains ( Wajdi Mouawad…)

Elle défend dans ses mises en scène une pensée organique où tout l’être-acteur s’engage.
 

Elle mène des projets arborescents incluant ateliers d’écriture et publication, réalisation de courts métrages de fiction, documentaires et performances théâtrales (« La roulotte de tous les possibles ! », « De mémoire d’homme » et « Les Incroyables Citoyens ! »)

Elle collabore en tant que comédienne avec d’autres compagnies et metteurs en scène (PMVV, La contravention, Brontis Jodorowski, Collectif des clous dans la tête, …)

Elle réalise plusieurs documentaires confidentiels pour des communautés thérapeutiques en lien avec l’addiction.

Elle développe plusieurs projets de coopérations européennes et internationales, notamment en Italie, Slovénie, Sénégal, Burkina Fasso et Bénin.

Elle crée pour Septembre 2018 un Festival « Inductions» pour « l’art et les gens » dans le village d’Aquitaine dans lequel elle vit.

 

 

 

Valentine Cohen - DR

Valentine Cohen - DR

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