Autre chose
On commence
mais on commence par quoi ?
On ne sait pas,
on a presque pas regardé le ciel aujourd’hui,
on ne l’a pas vu,
pas de ciel,
pas de bleu ou de gris,
pas d’oiseau .
Le vent est partout comme en folie,
on ne voit pas le vent non plus…
On sait que tu viendras,
nuit, petite nuit,
bientôt ma seule épiphanie,
cratère de silence
et si lointaine cependant,
ô les étoiles,
les vraies comme disait Bonnefoy,
les pierres là-haut, qu’attendent-elles,
ont-elles un ciel aussi,
un ciel à plus que naître
une sorte de pays qu’elles regarderaient en rêvant
où passeraient des anges transparents ?
J’ai vu le cercle de la vie dans ma pensée,
pas ailleurs, je me tais,
rien n’effacera le commencement de la nuit
le commencement de la lumière enfouie.
Commencement du monde
comme la peau d’une orange
sous la lame habile d’être ici.
On commence
on ne sais pas comment
on voudrait bien voir le cœur des choses
on a pas le courage
pas la force .
Ce qu’on a pas , on l’imagine
on va bailler dans les rues de la pluie
histoire sur les trottoirs
de suivre l’infini.
***
Toujours la mer
Il y a toujours
un peu de rien
dans le temps
décousu de tes jours,
un quelque chose
qui va sans glisser,
sans passer,
sans visage,
ce n’est pas l’envie de vivre
qui s’absente
ni le feu de n’être pas
qui s’amplifie,
c’est la mer
dans les pensées
je la vois, je l’entend
elle est loin de moi-même
et pourtant...
je ne suis pas
là où la mer se déchaîne,
je ne sais
ce qu’elle fait de ses morts,
dans quel sable
elle les garde
quelle nuit les étoile
ni quand s’éclaire enfin
l’enfance unique d’être sien.
***
Encore un ce soir
Encore un ce soir,
un verre de rien
pour regarder la nuit.
Un qui se prend
le nez en l’air
quand la furie du temps
se perd dans tes cheveux.
Femme de nuit
femme de joie
femme de vie.
Je vois tes hanches balancer
le rivage du jour,
l’aube nue
est plus simple que le blé.
Ton regard s’attache
à la rame du vent
tes tresses de vertus
aux crues humides de ton chant.
Ce soir encore
avec toi mon amie
ma rumeur
mon souci d’être
quand s’espacent les heures,
Ce soir encore les ornières
luisent de tes soupirs.
je marche sans savoir où je vais
ni ce que sera demain.
JEAN-PIERRE BARS
Il se présente :
Je suis né en 1958, à l’est de Paris dans une campagne de la Brie.L’école ne fut pas ma tasse de thé. Finalement après avoir cherché et pas vraiment trouvé, je suis devenu prof de collège en Suisse.
La poésie est une amie, une confidente, un horizon, un étrange et proche pays.Je publie en ligne et un peu sur papier depuis quelques années.