Seul miroir
Texaco – Benz
dans le poudroiement des nuits
pareil All Stars – Red Star – Cuba – Heineken – Belgrade
les lunes des quartiers, des hameaux, ne disent rien d'autre que la somme des astres
toutes lunes, miroirs des feux
nous animant superbes
de leur lumière particulière
Nous ne posséderons jamais qu'un disque miroir
si tant est qu'on possède
qu’on ne dise jamais rien
Un seul miroir où se rencontrent conjoints
les sources blanches immensément perdues
et le magma vital
spiralaire, spermatique
tous échos, proches, improches
ricochant dans la cible argentique
et les yeux de nos mémoires
Ô bouillonnant Soleil
All Stars – Cuba – Heineken – Texaco – Belgrade
Ô Lune
seul miroir
*
Les amours imaginaires
Le lumignon de ma cigarette
au chignon de la nuit
ce besoin
Vers les grains de lumière
la beauté est partout
vraiment
immense
Toutes les constellations s'appellent Emma, Kim, Dolan, au chignon de la nuit
Un clignotement d'aéroplane passe
comme toujours
et ce soir, le fil d'une comète siffle l'espace et mon sourire
sous le chien du berger
Au chignon de la nuit, on se rêve aviateur
air mail, ce besoin
les couloirs qui galopent entre les étoiles
On se voit rapprocheur de continents
Risquer un pied dans l’air
dans la poudre du noir
On partirait - Dolan a raison - quand il faudrait traverser le corridor, ouvrir la porte, un pas ou deux, pas plus loin qu'en face, oser le plancher
Toutes les constellations s'appellent Kim, Maggie
au chignon de la nuit
Mais peut-être au lumignon de ma cigarette
je peux tracer un X dans le noir
comme Dolan
*
Ring crinoline
Soulevant le couvercle d'une boîte à bijoux
festonnée d'un brocart céladon-rose bonbon-cérulé
j'ai découvert à l'intérieur
la petite danseuse tournant dans sa boîte
Ô mon amour ! à toi toujours! Dans tes grands yeux, rien que nous deux !
L'ouvrant, les bords faisaient un soufflet de crinoline compliquée
gaze, mousseline, je ne sais
c'était joli et ça faisait comme un ring à la danseuse
Peu m'importe les problèmes ! Je me fous du monde entier !
Elle tournait et c'était un paradis de grâce, d'entrechats et de minois
de pointes, de kimono grège et d'orchidées dans des galets
Devant son miroir cerné d'ampoules, il y avait des fauteuils Voltaire peints d'argent
il y avait des photos, des ombelles, des paysages, Lou Reed, Louis XVIII
des Ray-ban, punk is no dead, de la littérature, un peu d'Amérique et des poètes avides
Je décrocherais la lune si tu me le demandais. J'insulterais la fortune si tu me le demandais.
Elle dansait petit rat, un peu kung-fu à la fois
souriante - et faisait parfois la gueule aussi, à force
comme fatiguée des joliesses
Dans la boîte on entendait la mort du ring
et la bourre de polyester des Voltaires dire parfois
OH – AH - SUPERBES
HI HI avec des coeurs, des soleils qui rigolent
avec parfois des choses plus profondes encore
quand les Voltaires sont équivoques :
HUM ou bien de pures critiques des raisons de Kant
Quand il me prend dans ses bras, me murmure tout bas
Je vois la vie en rose
Elle tournait tout le temps
Faut dire que j'ouvrais souvent la boîte
et pas tout à fait au bord, comme il aurait fallu
Moi, je me serais bien assis sans façon
avec mes vraies fesses
sur un Voltaire en argent
entre une photo de James Dean
des fleurs artificielles et du rock libanais
Mais je n'ai jamais su dire Hum
quand tournent les danseuses
Il me dit des mots d'amour, des mots de tous les jours
Et ça me fait quelque chose
Et les pointes, les poètes, le bon goût
Bowie, le Baroque, le kimono fuschia,
les malins comme moi, les OH-HA
le vide absolu
Edith Piaf toute la vie, je comprends qu'un jour
la danseuse Bruce Lee, en plus Maggie Cheung
ait fait WATCHOW !
J'ai été sorti du ring crinoline
comme d'autres fantômes
j'ai fermé la boîte de brocart
et me suis pincé la peau du pouce
suintante, bleu panaris
avec autour trois fils collés
céladon-rose bonbon-cérulé.
RAPHAËL ROUXEVILLE
Il se présente :
Raphaël est aussi expert en sémiologie et communication (Master 2 Sorbonne), ce qui ne l'empêche pas, assez souvent, de ne rien comprendre à ce qu'on lui met sous les yeux.
Raphaël Rouxeville aimerait bien être édité aux Editions de Minuit (raphael.rouxeville@gmail.com) ou chez Gallimard (raphael.rouxeville@gmail.com) ou chez Actes sud (raphael.rouxeville@gmail.com) ou encore chez Flammarion (ah non, pas Flammarion... Oh puis si quand même, Flammarion). Surtout, il adorerait être publié par une éditrice qui fabrique des livres avec un massicot et de la ficelle dans sa salle à manger (raphael.rouxeville@gmail.com) . A ce propos, il mange de tout.