Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - RAPHAËL ROUXEVILLE

Publié par Le Capital des Mots sur 17 Mars 2018, 13:26pm

Catégories : #poèmes, #photos

Seul miroir


 

Texaco – Benz
dans le poudroiement des nuits

pareil All Stars – Red Star – Cuba – Heineken – Belgrade

les lunes des quartiers, des hameaux, ne disent rien d'autre que la somme des astres

toutes lunes, miroirs des feux
nous animant superbes
de leur lumière particulière


 

Nous ne posséderons jamais qu'un disque miroir
si tant est qu'on possède
qu’on ne dise jamais rien


 

Un seul miroir où se rencontrent conjoints
les sources blanches immensément perdues
et le magma vital
spiralaire, spermatique


tous échos, proches, improches

ricochant dans la cible argentique
et les yeux de nos mémoires


 

Ô bouillonnant Soleil

All Stars – Cuba – Heineken – Texaco – Belgrade

Ô Lune
seul miroir

*

Les amours imaginaires

Le lumignon de ma cigarette
au chignon de la nuit
ce besoin

Vers les grains de lumière
la beauté est partout
vraiment
immense

Toutes les constellations s'appellent Emma, Kim, Dolan, au chignon de la nuit

Un clignotement d'aéroplane passe
comme toujours
et ce soir, le fil d'une comète siffle l'espace et mon sourire
sous le chien du berger

Au chignon de la nuit, on se rêve aviateur
air mail, ce besoin
les couloirs qui galopent entre les étoiles

On se voit rapprocheur de continents

Risquer un pied dans l’air
dans la poudre du noir

On partirait - Dolan a raison - quand il faudrait traverser le corridor, ouvrir la porte, un pas ou deux, pas plus loin qu'en face, oser le plancher

Toutes les constellations s'appellent Kim, Maggie
au chignon de la nuit

Mais peut-être au lumignon de ma cigarette
je peux tracer un X dans le noir
comme Dolan

*

Ring crinoline

 

Soulevant le couvercle d'une boîte à bijoux

festonnée d'un brocart céladon-rose bonbon-cérulé

 

j'ai découvert à l'intérieur

la petite danseuse tournant dans sa boîte

 

Ô mon amour ! à toi toujours! Dans tes grands yeux, rien que nous deux !

 

L'ouvrant, les bords faisaient un soufflet de crinoline compliquée

gaze, mousseline, je ne sais

c'était joli et ça faisait comme un ring à la danseuse

 

Peu m'importe les problèmes ! Je me fous du monde entier !

 

Elle tournait et c'était un paradis de grâce, d'entrechats et de minois

de pointes, de kimono grège et d'orchidées dans des galets

 

Devant son miroir cerné d'ampoules, il y avait des fauteuils Voltaire peints d'argent

il y avait des photos, des ombelles, des paysages, Lou Reed, Louis XVIII

des Ray-ban, punk is no dead, de la littérature, un peu d'Amérique et des poètes avides

 

Je décrocherais la lune si tu me le demandais. J'insulterais la fortune si tu me le demandais.

 

 

Elle dansait petit rat, un peu kung-fu à la fois

souriante - et faisait parfois la gueule aussi, à force
comme fatiguée des joliesses

 

Dans la boîte on entendait la mort du ring

et la bourre de polyester des Voltaires dire parfois

OH – AH - SUPERBES

HI HI avec des coeurs, des soleils qui rigolent
avec parfois des choses plus profondes encore
quand les Voltaires sont équivoques :
HUM ou bien de pures critiques des raisons de Kant

 

Quand il me prend dans ses bras, me murmure tout bas

Je vois la vie en rose

Elle tournait tout le temps

Faut dire que j'ouvrais souvent la boîte

et pas tout à fait au bord, comme il aurait fallu
 

Moi, je me serais bien assis sans façon

avec mes vraies fesses

sur un Voltaire en argent

entre une photo de James Dean

des fleurs artificielles et du rock libanais
 

Mais je n'ai jamais su dire Hum

quand tournent les danseuses

 

Il me dit des mots d'amour, des mots de tous les jours

Et ça me fait quelque chose

 

Et les pointes, les poètes, le bon goût

Bowie, le Baroque, le kimono fuschia,

les malins comme moi, les OH-HA

le vide absolu

Edith Piaf toute la vie, je comprends qu'un jour
la danseuse Bruce Lee, en plus Maggie Cheung

ait fait WATCHOW !

 

J'ai été sorti du ring crinoline

comme d'autres fantômes

j'ai fermé la boîte de brocart

et me suis pincé la peau du pouce

suintante, bleu panaris

avec autour trois fils collés

céladon-rose bonbon-cérulé.

 

 
 

RAPHAËL ROUXEVILLE

 

 

Il se présente :

 

Moitié agrégé et complètement certifié label rouge de Lettres modernes, titulaire d'une maîtrise sur l'oeuvre de Rimbaud, Raphaël Rouxeville fait parfois des erreurs d'orthographe qu'Eric Dubois lui signale toujours avec délicatesse.

Raphaël est aussi expert en sémiologie et communication (Master 2 Sorbonne), ce qui ne l'empêche pas, assez souvent, de ne rien comprendre à ce qu'on lui met sous les yeux.

 
Raphaël a un jour décidé de naître en Normandie, un siècle après le Commune de Paris. Ce qui n'a pas beaucoup d'importance. Il a d'abord vécu à Saint-Lô (capitale des ruines) et dans ses environs, puis à Caen, à Compiègne (avec un béret bleu et des rangers), à Cherbourg-Octeville, à Caligny (Orne), à Granville (patrie de Jacques Gamblin et de Christian Dior, une biographie se devant d'être un minimum instructive). Puis il a gagné Mortagne-au-Perche (capitale du boudin), Bazoches-sur-Hoëne (sous-capitale du boudin) où, soit dit en passant, Miossec a enregistré un album et où Raphaël a pu croiser, de temps en temps, Michel Onfray à la supérette. Ce qui n'a pas beaucoup plus d'importance. Puis il a été hébergé à Paris chez sa soeur (capitale de la France). Il vit désormais entre Loire et Morvan.
 
Ajoutons, tout de même, que Raphaël Rouxeville écrit de la poésie. Pour Le Capital des Mots, Lichen, Terre à Ciel et Décharge, précieuses revues qu'il remercie sincèrement.
 

Raphaël Rouxeville aimerait bien être édité aux Editions de Minuit (raphael.rouxeville@gmail.com) ou chez Gallimard (raphael.rouxeville@gmail.com) ou chez Actes sud  (raphael.rouxeville@gmail.com) ou encore chez Flammarion (ah non, pas Flammarion... Oh puis si quand même, Flammarion). Surtout, il adorerait être publié par une éditrice qui fabrique des livres avec un massicot et de la ficelle dans sa salle à manger (raphael.rouxeville@gmail.com) . A ce propos, il mange de tout.

 

Raphaël Rouxeville. © Rose Rouxeville - DR

Raphaël Rouxeville. © Rose Rouxeville - DR

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B
Je ne suis pas éditrice, mais j'éditerais bien malgré tout votre biographie -je ne sais pas si on peut le dire ainsi...
Répondre
R
Ah, ah ! Merci Béatrice, c'est déjà ça ! Mais si "on peut le dire ainsi" ! Bien amicalement ! RR

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