Le Printemps
Encore le lilas... encore la jonquille...
Et le dard du soleil dans la terre éventrée.
Le petit bois sent la feuille verte et la violette.
La fougère giflée, écarte ses bras,
Sur le gibier peureux trahi
Par la lumière.
Et toi, tu es là
Assise sur la pierre blanche;
Entre l'ortie et la rosée;
Dans la défroque d'or du printemps
Avec tes yeux de giroflées qui me caressent.
***
Le temps
Plus tu avances dans le temps, plus le temps me ramène
Aux dix-neuf lunes bénies d'avant ta naissance.
Quand je te portais, petite anémone de mer,
Toujours mouvante dans le flot de mon amour;
Et le mystère de mon ventre.
***
Auto-portrait
Il pleut sur mon jardin,
Sur mon âge incertain.
Trop d'années pour être jeune,
Trop jeune pour être vieille.
Age fragile,
Comme la pluie d'avril
Comme la pluie ce matin.
***
Le doute
insecte doré qui
monte dans ton regard
ouvrant des espaces
à ne jamais combler
douleur allumée dans
le sommeil
Bras, lèvres, salive
mille langues rapides
reforment un langage
***
Le désir
Je veux une sagesse bouddhique.
Je m'affirme.
Je réalise la mort du désir.
Je n'attends rien de toi.
Je ne suis plus dans l'incomplétude.
Je suis dans la perspective de le dépasser.
Le désir crée des besoins, des attentes.
C'est une espèce de suspension.
Je ne peux déterminer ton attente.
Je ne me sens plus aliénée par toi.
Je ne reproduis plus en quoi je suis inscrite.
La vie m'a enseigné autre chose.
MARTINE KERDILÈS
Martine Kerdilès était une poétesse française mais surtout une amie. Elle est née en 1953 et décédée en 2006. Martine a publié des poèmes dans des revues confidentielles.
Merci à Morgane Kerdilès, sa fille.
( Ndlr)