Poèmes/ Graphorrhées
Fragments
D’où qu’elle soit venue ma litér-rature, elle a cet aspect née-nu-phare, lèvres d’entre cuisse, cette consistance liquide et liquoreuse, placenta baignoire, d’où crevette, krill ou croûton, j’ai baigné pendant des moi
J’étais mon Père
j’étais ma Mère
un peau-aime imaginaire
tout juste une ébauche
un trait d’union.
Puis j’ai trempé, façon mie de pain, dans une soupe placenta.
Éponge, tique et sangsue, j’ai bu, je me suis enivré des effluves odoriférantes de Papa et de Maman.
Ils m’ont né
mais
il m’a fallu me n’être.
Ventre rond, nausées, poussées de lait et ballons-seins, je connais.
Je fus chenille, me voila papillon.
De chrysalide en chrysalide
ma mue fut lumineuse mais souterraine.
***
J’écris
j’ai cri
j’empile des ratures
je lite des fêlures
je file agile des emphases, des ans-phrases.
j’écris
je cri
je gis
j’âge-gîte
j’ai crissement de peau neuve abondamment déchue-chotée
copieusement suchotée.
Et j’ai,
j’ai l’envolé lyrique des tristes saisons
les lèvres furtives de mille fées
l’épouvantable strangulation de la naissance
l’imaginaire à même la peau.
jet-écriture
je triture
Je racle le fond de ma gorge
j’extirpe
j’arrache le gnome glaireux
le petit être qui me démange
la chose microscopique qui m’habite et me dévore.
Je lite
je litanie
je liturgie
j’éclabousse en glaire vertige des pétales queue-leu-leu
long cortège drapé de peau d’émoi
j’écris-vain d’abominables saletés intimes
couches nouveau-nées
mouchoirs usagés.
***
j’écris fragments des feulements fragmentés
des fragrances griffonnées
des éclats graphorrhées
des exploits gribouillés
j’écris
des fragiles
j’écris des presqu’il
j’écris des presqu’elle
j’écris presque
il n’y a pas d’histoire a venir
et rien ne vous tiendra en éveil
quand on écrit des fragiles on a le goût du silence
et de l’imponctuation
Je n’ai cri pas par hasard
pas par hasard et fragile
autant écrire des nuages.
ADRIEN NASONE
Il se présente :
Je m’appelle Adrien Nasone.
Je suis né en 1985.
Je vis dans le Val d’Oise.
Par fragments, j’écris sans cesse, ici et là, laissant les traces de mes passages sur autant de supports que je croise.
Ces fragments sont les premiers que je destine à des regards inconnus.