Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - GAËL GUILLARME

Publié par Le Capital des Mots sur 12 Août 2018, 21:56pm

Catégories : #poèmes

Forêts

 

1

 

Tu te laves dans cette coulée

de verdure et d'air pur

de toutes les flétrissures

du jour qui t'a accaparé

 

et d'une main mal assurée

tu touches ton visage blême

en espérant d'ombre baigné

qu'il ne soit plus enfin le même

 

 

2

 

La forêt voisine notre enfance

et garde au bout de ses allées

la silhouette à demi effacée

émaciée dans la lumière

de celui que nous pensions devenir

tout au bout de ce silence

 

 

3

 

La forêt sait seule

ce qu'il y a au bout

de son chemin

Elle nous précède

dans l'ordre de prééminence

devant la lumière

Et ce qu'il y a peut-être

en celle-ci de chagrin

 

4

 

Toute affaire cessante

il te faudra un jour

peut-être un soir

de grande fatigue

pousser plus loin

dans la forêt

 

et tu verras enfin

dans une dernière

trouée de lumière

ce qu'elle tramait

depuis toujours

derrière ton dos

 

 

 

***

 

 

 

Nuit vive remous d’étoiles

 

1

 

Nous rêvons de tendresses

plus vastes que le ciel

mais nos mains ne chérissent

que l'ivoire des vents

 

Prenant pour merveille

le mirage des routes foulées de chaleur

pris au collet de bras neufs

nous saisissons l'horizon par la lame

 

 

2

 

Nous armons tant de navires

pour devenir meilleur

à l'autre bout du jour

 

Tant de nous-même

appareille chaque fois

les cales chargées

de nuit mal arrimée

 

Chaque soir drossé à la côte

A peine un soupir Une colline

si basse qu'elle n'a pas de nom

 

 

 

 

 

 

3

 

Il y aura l'amour

un rayon de soleil

au matin dispersant

le froissement

cendreux des draps

 

Il y aura la joie

une vigne contre le ciel

 

Il y aura l'enfant

au moment de sa naissance

plus fort cent fois

que l'amour de soi

 

Il y aura le doute

une palme de nuit

éventrant le soleil

 

Il y aura la patience

car il faut bien des années

pour désenchanter

le monde

 

Il y aura le silence

qu'on traversera tremblant

par le gué

d'un regard

de peu de fond

 

Il y aura la déchirure

et nos cris vieilliront

sans faiblir

l'enfant caché dans nos poings

 

Il y aura la mort

son pas feutré toujours

par les cotillons d'une fête

 

Il y aura tout cela

et il y aura toujours

au-dessus de nous

le soleil

comme le regard de l'idiot

enveloppant tout de son silence

 

 

 

***

 

 

 

Mers

 

1

 

La mer rêve devant

l'horizon de la terre

Harassée d'épiphanies

elle croit en l'immensité

de l'homme

 

 

2

 

Le soleil donne

à l'homme sa toise

brisée dans les mille

et cent éclats

de la vague

 

 

3

 

On ne sait jamais

en venant devant toi

si tu nous parleras ce jour-là

de naissances glorieuses

dans un éclaboussement d'écume

ou bien de notre seule mort

dans le fil d'une veine plus froide

Tu exauceras le vœu

de chaque horizon

 

 

 

GAËL GUILLARME

 

Il se présente :

 

 

Né en 1974 à Paris, vivant aujourd’hui à Saintes (Charente-Maritime), professeur de français, il a publié un recueil, « Nuit vive Remous d’étoiles » en 2016 aux éditions Encres Vives (collection Encres Blanches, n°666) et a participé au numéro annuel de la revue Haies Vives (n°6, septembre 2018).

 

Gaël Guillarme - DR

Gaël Guillarme - DR

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
La mer rêve devant<br /> l'horizon de la terre<br /> Harassée d'épiphanies<br /> elle croit en l'immensité<br /> de l'homme<br /> <br /> Saintes et ses effluves atlantiques.
Répondre

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents