L’EMPOISONNEMENT
Malgré ses feuilles vertes charnues une écorce
lisse tu finiras par t’apercevoir
qu’il se meurt
l’orme
solitaire au milieu du jardin
cette pensée m’attriste
devant tant de services rendus
en été son ombre
arrondissait les propos
plus tard à travers la ramée il y eut
les jeux d’enfants
à la fin s’est-il
de vieillesse résigné ou est-ce nous qui n’avons pas
su à temps répondre à ses appels ou nos voix
laissant courir quoique invisible
la corruption
jusqu’au poème
qu’il aurait fallu plus tôt consentir à élaguer ?
***
PATIENCE DE LA FORÊT
Infatigablement la forêt
prétend corriger
le bruissement de sa langue
roide
interrogeant plis et
nœuds
sondant ses formes obstinées
jusque dans l’enchevêtrement
des taillis et des ombres
séculaires
à ce prix seulement
finira-t-elle par dénouer
toutes ses contradictions
***
LES BERTRANGES
Puisse la forêt de chênes verts
dépositaire
des serments et des vœux
frais cueillis
dans l’enfance
à ton appel
être secourable
***
DES OISEAUX PETITS ET GRANDS
Et si les oiseaux de la chênaie
comme un alexandrin
venaient à tomber
arithmétiquement
pendant leur sommeil
du haut des branches
sans exception
avec
les derniers poèmes et les feuilles
blessées
que la nuit inflexible
sur le seuil ensevelira ?
SAMUEL MARTIN-BOCHE
Il se présente :
Né en 1977 à Essey-lès-Nancy, Samuel MARTIN-BOCHE vit et travaille aujourd’hui à Nevers (Nièvre). Depuis 2017, il contribue à différentes revues de poésie numériques ou papier (Arpa, Lichen,Recours au poème, Poésie/première, Le Capital des Mots, Gros Textes, Dissonances…).
Présent dans l’Anthologie poétique Flammes Vives 2018, volume 4 (parution prévue en décembre).
Flamme de bronze pour le prix Yves Bonnefoy, Flammes Vives 2018.