«Rêveries d'un sage solitaire»
(essai de poésie réaliste et critique)
D'où je viens ?
Origine, Origine des Origines,
en toi, l'indépassable mystère,
l'ordre silencieux du néant,
soudain, une divine vacuité accouche,
de l' hypostase un ordre des choses "émerge",
en son sein une bizarre matière,
ça se meut, ça perçoit, parbleu c'est vivant !
Pur instinct, simple pulsion,
par toi j'existe, inné et sans complexion,
bestial j'en conviens mais repu,
le présent comme seul horizon,
advient le destin, le langage et la pensée,
détestable évolution, maudite mutation,
du progrès je me fiche,
animal je suis et le veux rester .
Trop tard ! Le langage avait jailli,
le surgeon s'était mis à penser,
l'ennui et la solitude ont suivi,
le diable était né.
Que puis-je espérer ?…
petit bonheur numérique,
machinal et monstrueux,
carcan pour chacun,
lucratif pour certains,
thébaïde de l'ennui,
lassitude du signe,
solipsisme de la bêtise
un réflexe en guise de réflexion,
la normalité pour toute liberté ,
tous gris, moulé à façon,
Sœurs chéries, vous fûtes naguère tant de trophées volontaires,
de vos lascifs desseins ma belle « nature » se glorifiait,
ce fut un temps, il fallait vous séduire, vous conquérir,
Vous fûtes joliment volages avec certains parmi les plus méritants,
Hélas soeurs funestes, il n'est plus de juste combat,
Pour le dard endurci désormais, le réseau y pourvoit.
Sœurs chéries, permettez que je médise.
Quelle belle occasion !
Un vieillard infécond
ne saurait faire illusions.
Soeurs humaines, vous donnez la vie, le lait,
aux meilleurs d'entre nous,
aux pires des gredins,
Frères humains, un esprit de requin vous inspire,
il vous tient,
Quel bonheur, bientôt la fin,
sur la planète mise à sac,
plus de lendemains,
le silence du néant en ressac.
RICCARDO LEVI