Lyrritantisme
C’est sûr, j’ai désiré la lyre avec la lutte,
Poète lyrritant, irrité, militant
Sur le ring de la langue
J’aiguiserai ma flûte
Je suis obscène ah oh Ô hiya hiya ho !
Vrai, ma Muse est baroque
Je suis un peu cador des arguments ad hoc,
Mais mon putain de coeur d’archange décadent
Etranger sait l’époque
Sub sole putain sait selon l’astre nouveau
Superbe cadancher les cadences faciles !
True fucking Turing test du Chaos linguistique,
Sous mon skeum sémantique
Je me battrai sans gants
Je tire à bout portant : bang bang !
J’ai tiré au cordeau
Selon so sorry mes accords
Ghost in the Shell grattant sur les cordes du ring !
Ô prévarication de mon désir rebelle !
Ô sémanticité amère en l’ouragan,
Paname ô ma cité, ma félicité belle
Dans le vertige ambiant, ô Babel linguistique
Où j’ai droit de cité !
Moi j’y saigne souvent
Mais je règne savant sous mon masque d’ilote !
Je sais le monde ancien
Et viens cracher sanglant le Verbe de ma glotte !
Aussi donc, honni soit qui honnira Hiram !
Maudit soit celui-là qui mal aura pensé
Du sombre Adoniram !
La force d’Adonaï et la force de Sade
Je les serre en mon poing, je les tiens en mon nom
Je suis l’Archange transgenre, ô Dies Irae !
De grands tatoos assonancés sur mes tétons sonores
Je porte autour de mon cou, en boa,
La relativité de l’ontologie !
Le Ciel des euphonies
S'est enroulé dans ma chevelure bleue !
Ecoute, entends : j’ai rallumé le réverbère
Soleil soleil au poing
Avec un martinet
Je viens jeter à bas la dictature de l’aphasie !
Je viens jeter à bas le Grand Blanc Textuel !
Et ma prose est subtile, my feedback cannibale, mon Verbe illocutoire, hystérico-primate nocturne
Qui swing sa fucking-nostalgie, 180 vers/heure, au long du corps allitéré des nébuleuses !
Dérappeur centripète, à grands coups je recentre le Dire au-delà du périph morpho-syntaxique,
Et je fais choir au gré des minuits fou, comme un bourrin, comme un burin ma plume en la cité stylistique, artiste hardcore, electro-archange qui rebâtis avec des glitchs le temple de la Langue !
Aussi si tu as des oreilles, écoute, écoute, entends !
Moi je suis le surfeur d’argent, je parle au nom d’une grande cohorte, dont les enseignes se tiennent sur vos seuils, dans tout l’éclat de leur triomphe, invisibles seulement pour la nuit de vos yeux
Notre parole est performative : les quatre chiens noirs de l’Apocalypse nous les avons jetés sur l’écriture blanche,
Leurs crocs ontologiques, ils mettent en pièce la poésie du vide !
Ceci est un adieu :
Adieu , adieu à vous, adieu poètes aphones !
Voix sans poumons, pauvres, pâles oisillons qui nichaient au sabir du Néant, sorry, so sorry guys !
Votre temps est fini et feue votre parole, notre langage est plein de superstrats vibrants et de tropes ardents
Fiat Lux ! Nous sommes renés au Dire, et nous sommes jeunes, si jeunes !
Les temps sont hards : nous sommes les temps
Poètes et poétesses, ô poètes hardcores ô poétesses en crue,
Tous en état d’insurrection, avec nos mégaphones, nous brandissons l’étendard de la créativité du langage !
Et tous.tes nous incisons la parole, et tous.tes nous accueillons la parole
De nouveau nous la faisons jouir, exploser, étoiles à neutrons, big bang, recréation pulsars, avec des cris de supernovas !
Eclosion.
Broyé sous la férule de la langue
Mes lèvres sèches
Et gercées par l’hiver
J’ai cru mourir à rechercher
Le sens du sens.
Cependant
Peu à peu
Azerty, averti zézayant
Emus des assonances
Dans des objets phonèmes
J’ai senti poindre en moi
Puis s’envoler
Les stances du printemps
Hirondelles précaires et jaunes
Sous mes yeux mouillés
D’une verdure diglossique.
Alentour
Le sens a éclos
Comme en moi-même aussi
Et l’on dirait maintenant un
Firmament lacustre,
Un blanc lotus
Vivant sous la coupole sonore
Des paroles radicalisées.
La Grande plénitude
Cieux de l’Eros! Orages
Des structures syntaxiques
Réceptivité
Sexy tchats
Brûlant sous la lune
Sur les toits de Paname !
En moi
Toutes ces choses sont vivantes ;
Plein de respect pour les merveilles
Des anciens maîtres
J’ai ravivé, il est vrai, mon feu,
A leurs torches.
Pourtant ma poésie
N’est pas imitative
Neuve est ma voix :
Ko-Cosmos
Echevelé comme un Kodiak
J’ai parcouru
La forme des Monts, grondé sur les cimes
De l’Art
Nirvana ! J’ai pêché à la ligne aux sources du Chant
Mes punchlines,
J’ai sondé, déblayé
Sans trêve
Les grandes friches chaotiques…
Aussi
Au creux
De vos oreilles
Je chuchoterai sous le vent, voulez-vous ?
Le Grand Secret
La Grande plénitude :
Il n’y a pas de règles
Big Bang original
Le Verbe a structuré au gré du rythme
Le vide originel
Anime
Le poème
Comme
L’orgasme
Jusqu’à la racine
Du Tout.
Singularité I.
Il mettait un point à son inspiration
Rameutant les glyphes du temps
Idole pure, être gris
Qu’il espérait
A son image.
Singularité II.
Jouir de la langue
Etape freelance malhonnête :
Le poème s'est inventé
Capitaliste !
A quand le grand soir
Sur les boulevards
De la poésie ?
Singularité III.
Mais où es-tu, Hiram?
Flux verbal, réduction?
Non!
Lèvres utérines
Glabre souhait de fissure
Promesse
Toujours à reconquérir.
HIRAM MARTINEZ
Il se présente :
Né en 1985. Citoyen du monde, globe-trotter dans l’âme , poète et plasticien dans tous ses états d’insurrection, théoricien par inadvertance, Hiram Martinez aime à se définir comme un performer polymorphe qui souhaite tout embrasser mais sans trop mal étreindre. Aussi n’a-t-il qu’un seul regret : n’avoir qu’une vie. Il poursuit présentement au travers l’écriture de son premier recueil Magma un travail qui se veut singulier: frayer à partir de l’héritage lyrique la possibilité d’une nouvelle voie/voix militante. C’est le lyrritantisme, dont la lyre, ou l’arc musical selon, a fait acte de modernité et aime à jouer de plusieurs cordes équivoques : de la corde du ring à la corde raide, en passant par la corde sensible le long de la cordillère du langage.