Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - HIRAM MARTINEZ

Publié par Le Capital des Mots sur 2 Mars 2019, 08:34am

Catégories : #poèmes, #photos

Lyrritantisme

 

C’est sûr, j’ai désiré la lyre avec la lutte,

Poète lyrritant, irrité, militant

Sur le ring de la langue

J’aiguiserai ma flûte

Je suis obscène ah oh  Ô hiya hiya ho !

Vrai, ma Muse est baroque 

Je suis un peu cador des arguments ad hoc,
Mais mon putain de coeur d’archange décadent

Etranger sait l’époque 

Sub sole putain sait selon l’astre nouveau

Superbe cadancher les cadences faciles !

True fucking Turing test du Chaos linguistique,

Sous mon skeum sémantique

Je me battrai sans gants 

Je tire à bout portant : bang bang !

J’ai tiré au cordeau

Selon so sorry mes accords

Ghost in the Shell grattant sur les cordes du ring !

Ô prévarication de mon désir rebelle !

Ô sémanticité amère en l’ouragan,

Paname ô ma cité, ma félicité belle 

Dans le vertige ambiant, ô Babel linguistique 

Où j’ai droit de cité !

Moi j’y saigne souvent

Mais je règne savant sous mon masque d’ilote !

Je sais le monde ancien

Et viens cracher sanglant le Verbe de ma glotte !

Aussi donc, honni soit qui honnira Hiram !

Maudit soit celui-là qui mal aura pensé

Du sombre Adoniram !

La force d’Adonaï et la force de Sade

Je les serre en mon poing, je les tiens en mon nom 

Je suis l’Archange transgenre, ô Dies Irae !

De grands tatoos assonancés sur mes tétons sonores

Je porte autour de mon cou, en boa,

La relativité de l’ontologie !

Le Ciel des euphonies

S'est enroulé dans ma chevelure bleue !

Ecoute, entends : j’ai rallumé le réverbère 

Soleil soleil au poing

Avec un martinet

Je viens jeter à bas la dictature de l’aphasie !

Je viens jeter à bas le Grand Blanc Textuel !

Et ma prose est subtile, my feedback cannibale, mon Verbe illocutoire, hystérico-primate nocturne

Qui swing sa fucking-nostalgie, 180 vers/heure, au long du corps allitéré des nébuleuses !

Dérappeur centripète, à grands coups je recentre le Dire au-delà du périph morpho-syntaxique,

Et je fais choir au gré des minuits fou, comme un bourrin, comme un burin ma plume en la cité stylistique, artiste hardcore, electro-archange qui rebâtis avec des glitchs le temple de la Langue !

Aussi si tu as des oreilles, écoute, écoute, entends !

Moi je suis le surfeur d’argent, je parle au nom d’une grande cohorte, dont les enseignes se tiennent sur vos seuils, dans tout l’éclat de leur triomphe, invisibles seulement pour la nuit de vos yeux 

Notre parole est performative : les quatre chiens noirs de l’Apocalypse nous les avons jetés sur l’écriture blanche,

Leurs crocs ontologiques, ils mettent en pièce la poésie du vide !

Ceci est un adieu :

Adieu , adieu à vous, adieu poètes aphones !

Voix sans poumons, pauvres, pâles oisillons qui nichaient au sabir du Néant, sorry, so sorry guys !

Votre temps est fini et feue votre parole, notre langage est plein de superstrats vibrants et de tropes ardents 

Fiat Lux ! Nous sommes renés au Dire, et nous sommes jeunes, si jeunes !

Les temps sont hards : nous sommes les temps 

Poètes et poétesses, ô poètes hardcores ô poétesses en crue,

Tous en état d’insurrection, avec nos mégaphones, nous brandissons l’étendard de la créativité du langage !

Et tous.tes nous incisons la parole, et tous.tes nous accueillons la parole

De nouveau nous la faisons jouir, exploser, étoiles à neutrons, big bang, recréation pulsars, avec des cris de supernovas !

 

Eclosion.

 

Broyé sous la férule de la langue

Mes lèvres sèches

Et gercées par l’hiver

J’ai cru mourir à rechercher

Le sens du sens.

Cependant

Peu à peu

Azerty, averti zézayant

Emus des assonances

Dans des objets phonèmes

J’ai senti poindre en moi

Puis s’envoler

Les stances du printemps

Hirondelles précaires et jaunes

Sous mes yeux mouillés

D’une verdure diglossique.

Alentour

Le sens a éclos

Comme en moi-même aussi

Et l’on dirait maintenant un

Firmament lacustre,

Un blanc lotus

Vivant sous la coupole sonore

Des paroles radicalisées.

 

 

La Grande plénitude

 

Cieux de l’Eros! Orages 

Des structures syntaxiques 

Réceptivité

Sexy tchats 

Brûlant sous la lune

Sur les toits de Paname !

En moi

Toutes ces choses sont vivantes ;

Plein de respect pour les merveilles

Des anciens maîtres

J’ai ravivé, il est vrai, mon feu,

A leurs torches.

Pourtant ma poésie

N’est pas imitative 

Neuve est ma voix :

Ko-Cosmos

Echevelé comme un Kodiak

J’ai parcouru

La forme des Monts, grondé sur les cimes

De l’Art

Nirvana ! J’ai pêché à la ligne aux sources du Chant

Mes punchlines,

J’ai sondé, déblayé

Sans trêve

Les grandes friches chaotiques…

Aussi

Au creux

De vos oreilles

Je chuchoterai sous le vent, voulez-vous ?

Le Grand Secret

La Grande plénitude :

Il n’y a pas de règles

Big Bang original

Le Verbe a structuré au gré du rythme

Le vide originel

Anime

Le poème

Comme

L’orgasme

Jusqu’à la racine

Du Tout.


 

Singularité I.

Il mettait un point à son inspiration

Rameutant les glyphes du temps

Idole pure, être gris

Qu’il espérait

A son image.

 

Singularité II.

 

Jouir de la langue

Etape freelance malhonnête :

Le poème s'est inventé

Capitaliste !

A quand le grand soir

Sur les boulevards

De la poésie ?

 

Singularité III.


 

Mais où es-tu, Hiram?

Flux verbal, réduction?

Non!

Lèvres utérines

Glabre souhait de fissure

Promesse

Toujours à reconquérir.


 

 

HIRAM MARTINEZ 

 

Il se présente : 

 

Né en 1985. Citoyen du monde, globe-trotter dans l’âme , poète et plasticien dans tous ses états d’insurrection, théoricien par inadvertance, Hiram Martinez aime à se définir comme un performer polymorphe qui souhaite tout embrasser mais sans trop mal étreindre. Aussi n’a-t-il qu’un seul regret : n’avoir qu’une vie. Il poursuit présentement au travers l’écriture de son premier recueil Magma un travail qui se veut singulier: frayer à partir de l’héritage lyrique la possibilité d’une nouvelle voie/voix militante. C’est le lyrritantisme, dont la lyre, ou l’arc musical selon, a fait acte de modernité et aime à jouer de plusieurs cordes équivoques : de la corde du ring à la corde raide, en passant par la corde sensible le long de la cordillère du langage.

Avis de tempête. Hiram Martinez. - DR

Avis de tempête. Hiram Martinez. - DR

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