Des rochers m’entourent et enserrent
La plage avec leurs formes qui changent
Suivant la lumière qui les fait apparaître
Presque immobile sur la limpidité bleue
Je devine la forme d’un voilier pris par un nuage
Porté par deux goélands aux ailes immenses
Et les vagues avec leurs flux et reflux
Rythment la mélancolie qui s’est assise
Sur le sable qui murmure en poussières d’étoiles
***
La crique me saisit, me console, m’accueille
Me défait de l’angoisse que je ravale tel un sanglot
Telle la beauté d’un visage que je ne peux atteindre
Obscure désire en moi ce kouros vu hier
Qui m’observe avec son dessin éphémère
Sur le rocher où la lumière est là pour tromper
Ah ! Qu’un ange vienne à mon secours
Et que devant le voile de mon cœur l’illusion
Sur les flots se volatilise dans les mains du ciel !
***
J’ai toujours cette envie d’écouter les flots
Murmurer sur ma peau le frémissement nocturne
De la douce et tiède brise pour m’endormir
Pour que fleurisse à l’intérieur de mon rêve
L’incandescent spectacle qui se joue à l’horizon
Dans le silence où tous mes mots se perdent
Alors doucement, doucement, s’accomplit en moi
Ce geste d’amour qui me fait alors sourire
Devant une lumière où son visage apparaît
***
Il fait encore clair ce soir pour demeurer éveillé
Et les murmures des rochers dispersent mon angoisse
Sur la lourdeur de l’eau qui la reçoit et l’emmène
Je laisse le tamaris et les odeurs endormies
Pour reprendre le sentier tranquille des fugitifs
L’air rempli de scintillements et de douceur
Chaque jour m’apporte cette habitude de voir
Dans la crique solitaire mais pourtant habitée
A peine là se découvre une rose que j’effeuille du regard
***
Mes rêves se confondent sous mes paupières
Et je passe mes nuits en une suite de vagabondages
Mon âme appartenant à ces îles tant aimées
Ces îles dardées par le Soleil et où la brise
Dans ma chevelure et sur ma peau respirent
Un moment d’évasion aux sons d’un syrinx
Dans la solitude de la crique près du tamaris
Où chante un oiseau qui me dit : Regarde !
J’ouvre les yeux sur l’éblouissement du Soleil
Extraits de « Vers un autre horizon »
DIDIER DU BLÉ
Il se présente :
Didier Du Blé a fait des études d’histoire de l’art et de philosophie orientale. Ensuite, il a travaillé comme documentaliste et effectué des voyages qui l’ont conduit à participer à des fouilles archéologiques. Il a aussi étudié des particularités culturelles comme : la sculpture grecque archaïque, la représentation des bodhisattvas dans l’art du Gandhâra ou le Vide et le Plein dans la peinture chinoise. Il est un spécialiste des peintres Nicolas Roerich et Solange Tarazi. Il collabore aux Petites Affiches comme chroniqueur d’art et à la Revue Indépendante.
Editions : Poursuite, Les Paragraphes Littéraires de Paris – Danse corps de danse, supplément au n°267 de la Revue Indépendante – Nicolas Roerich, courte biographie, Pax Cultura – Pierre tressée, Editions L’Harmattan – Signes du voyage, La Parole Miroir éditions – Moments, L’Arbre de Mer éditions – Brûler ses traces, Editions Kirographaires – D’un instant à l’autre, Editions L’Harmattan