Cochise
Alençon
Aire de la Dentelle
Du feu dans les genêts
Un Scénic carbonise là
Juste avant le péage
Bordeaux-Tours
Mes chéris
On naît dans des villes où on ne grandira pas
C’est aujourd’hui
Un pont rouge
C’est pas Padoue
Un type en terrasse a raconté
Une rixe dans un café
Papa rentre inaltéré
Quatre femmes
La mer plane
Dans tes rêves
Et je ne me suis pas trouvé
Tours
Le patron a reçu deux pâquerettes en pleine poire il dit
Et Paulette qui ne méritait pas ça
Elle a fait un looping et s’est cassé quatre côtes
Tu crois que c’est normal ?
Chenonceau
On se tatoue au rasoir
Des biceps Pierre et Gilles
Pour rien
Pour voir
A l’encre de marine
Qu’on ramène
Quatre kilomètres de cerfs
Bondissent dans des triangles
J’ouvre les portes de la nuit
Baigné de mucus
Entre les glissières
Leurs catadioptres blancs
Se superposent exactement
A ceux de la remorque
Qui arrive en face
Vous me manquez mes poulets
Châteauroux
Running running running
Ventre blanc et flancs roux
La route est aspirée
Horizon noir
Je parle tout seul à quelqu’un
Assise à côté de moi
Tu es ma marvelous
Ma sainte parachute
Je tourne la tête Place du mort :
-Tu-crois-que-quelqu’un-a-déjà-mesuré-le-nombre-de-
litres-de-peinture-de-
toutes-les-bandes-d’arrêt-d’urgence-de-France-?-
La nuit me sourit et me répond
Elle a tes lèvres
Vierzon
Maintenant allez
Rentre chez toi
Cochise
*
Robotika de Saint-Louis
Juste après
Cinquième colonne d’un cheval de fer
Lightman
Tu m'étonnes
Moi
Je me présente
Je suis ce poète incompris
D’ailleurs moi-même souvent j'ai du mal
Je viens du Pôle d’Or, mes ancêtres n’avaient jamais vu une mouche
Et massacraient fièrement les tout derniers mammouths
Peut-être avant
Ou bien plus tard
Vagin de limaille
Fourreau pour poignard rouillé
Lightlady
Elle
Robotika de Saint-Louis
Robe Courrèges
Sur sa peau Sénégal
Sa lumière et ses lamelles diffractent
Nos reflets urbains pisseux qui nous vont bien
Sur ce trottoir
Mais pour l’instant elle arrive
Souple sur ses cuisses sucrées de brownie – mais peut-être qu’elle repart
Beaux yeux brillants de nuit à la dérobade
Dans miens yeux brillants au coeur de ma débandade
La nacre habite sa bouche comme elle arrive
Enveloppée d’une robe verte en roseaux de Casamance
Enfant elle faisait colibri pour un combo d’hippopotames
Nettoyait leurs dents dans leurs gueules qui sentaient le marécage
En retour ils lui souriaient et lui chantaient Louis Armstrong
Elle a fait philo à Lyon
Il ne faut pas croire tout ce que je dis
Lightlady
Pas plus que sa robe Courrèges et sa rose rose qui ventouse un cylindre
Mais il faut y croire très fort très fort
Puis arrêté pour psycho et une double licence
Le poème n’a pas plus de consistance qu’un souvenir
Je lui explique que la chasse au mammouth peut reprendre et mes affaires
Si j’arrive à accoupler un éléphant de la Terranga avec un ours du Pôle d’Or
Lightman
Le poème est le souvenir et l’équation se retourne
Elle se marre et me dit qu’elle en parlera au marabout
Une double licence pour vendre des BMW à Langres – Langres ?
Ce qui l’a fait encore plus rire – Oui, tu connais le plateau de Langres ?
Kierkegaard, Lacan, Schopenhauer - et tu as vendu des Audi aussi ?
Mais elle vient d’arrêter, cherche dans le social
Moi-même je ne crois pas un mot de ce que j’écris
On biographiera si l’on veut la fille Courrèges Lightman les mammouths
Le concessionnaire lui payait ses fringues
Quand je pense à mes anciens poèmes je les regarde comme des souvenirs
Et nos souvenirs sont des poèmes.
*
Géronimo
Envoie le mou bison
Façon Géronimo
Station Shell
Donne
Donne
Franges du daim
Odeur de bête
Chorégraphient la prairie
Le canif bien enfoncé
Dans charogne
Gras & cartilages
Prends ça
Prends
48 piges d'Actors studio
Joue marche danse
Respire en Apache
A6
Asphalte
File
Sous container Maersk
Comme sauvage est la route
Tu te souviens
N'oublie pas d'être toi
Cheveux de jais claquent
Même temps que balaie la croupe
Les mouches
Sueurs & crottin
Poteaux et glissière
Sais-tu
Où s'arrête-t-elle un jour
Prends prends le vent
Sauvage
Et c'est tout.
RAPHAËL ROUXEVILLE
Il se présente :
La poésie de Raphaël Rouxeville a été publiée, depuis 2017, dans les revues Décharge, Le Capital des mots, Lichen, La Cause littéraire, Terre à ciel et Recours au poème.