DÉVORATION
Après-midi chaleureuse du mois de mai
Calme étale sa main sur le lac
Et glisse la respiration alanguie des éléments
Tout s'écoule, temps et désert
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Roule le son essoufflé de la douleur
Plainte émue venue du lointain
Accourt l'élan chassé de l'Orient
Tremblement t'interpelle dans la trame du/des lieu(x)
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Effleurement en l'air, questions des ans
Mouvement inverse s'étend de l'un au nu
D'où fuient les images sur la cambrure des couleurs
Houle redouble et t'écume de mousse
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Mouvement plan, force t'affaiblit
Sous les mots déroulés d'autreurs
L'ancien recouvert de l'atmosphère du jour
En tes racines s'épuisent tes veines
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Gonflent les ferments t'inveloppant
Aux éboulements écrasés de vide irrépressible
Immobilité retenue déplace ton attente
Et dans le mutisme du soir sommeil s'étend
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Matin tremblant colorie de bleu le noir et blanc nocturne
Retour vers le silence en écho
La pluie de midi vient recouvrir ta plainte sourde
Au fil des journées ton désintérêt du monde
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Écoulement des heures aux bras du fauteuil
Des voix, sons de voix, bruits inaccessibles
Sourires tus qui te détachent de ces mots extérieurs
Heures, temps, passer vers l'éternité
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Et puis à nouveau ces souffles comprimés
Qui t'introduisent dans la turbulence des sens
Trouée du chœur aux accords majeurs
Chant s'enterre en la poussière du jour
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Combat inégal contre ton corps
Reflux des appels sous le vent d'Ouest
Agitation retire tes envies
Et le sentiment de l'urgence s'accélère
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Marche avant à reculons aux nuits fugitives
Derrière toi s'étend l'amertume hivernale
Et tes mains agrippent la dune déserte
À la recherche d'une chaleur intérieure oubliée
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Vie s'épingle aux horreurs d'ailleurs
Et ébruite sa respiration jusqu'au linceul
Dans la plainte lancinante du crépuscule
Les parois de ton histoire s'érodent
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Et s'effrite l'ensemblage des ans
S'écoulent les secondes des siècles
Qui grignotent, pas après pas, tes traces
Effacement du passé au défilé des journées
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Anachronie du gouffre qu'il faut emplir
Dans l'écho des silences célestes
Ils t'y rongent le chœur du monde
T'offrant l'éboulement de tes certitudes
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Bientôt hier déroule son orée
Au bord du quotidien se répand l'abandon
Une sorte d'épuisement, d'endormissement
Délaissé des aurores lumineuses
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Et vitalité en totalité s'épuisait
Les paroles érodées du silence s'enfuyaient
Aspiration inéluctable du son et du souffle
La vie alitait en totalité ton avenir
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Bruitalité du balancier qui coupe ta voix
L'homme liquide évacue sa cohorte
Dans le flux vague du quotidien
Qui excave méticuleusement tes gestes
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S'égarent les morsures voraces des efforts vains
Vitesse des griffes qui lacèrent ta volonté
S'écharpent alors en toi les limites du vivre
Au mélange des blessures dévolues à l'apaisement
Extrait de « Et l’attente attend », éditions Stellamaris, 2019
GÉRARD LEYZIEUX
Il se présente :
Né en 1953 à Rochefort sur mer, Gérard Leyzieux écrit principalement de la poésie. Primé à plusieurs concours français et internationaux, il publie ses textes dans des revues imprimées, tant en France qu’à l’étranger. Il publie ses mots modelés à l’émotion dans la mobilité du son également dans des revues électroniques et contribue régulièrement aux sites www.le-capital-des-mots.fr et http://www.refletsdutemps.fr
NB : La présentation du recueil « Et l’attente attend » est accessible sur le site de l’éditeur en suivant le lien : http://editionsstellamaris.blogspot.com/2019/07/et-lattente-attend.html