Cette vue sur les tours là-bas
où les oiseaux s'égarent
deux fenêtres éclairées
deux blessures de lumière
deux déchirures
dans le velours noir d'une seule nuit
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Le bleu travaille
sous le noir
il l'écarte
le plus lentement du monde
il lui fait la peau
mais le plus clair est assez sombre
pour être nommé Vie
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Les entrailles bleues de la nuit
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Ne fais pas de peine à ton chagrin
il t'emmène par la main vers de radieux soleils
quand tu prends ta tête entre tes mains
mords au travers la figue de barbarie
tu verras
c'est aussi du sucre
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Trois fenêtres éclairées
et je mange mon pain gris
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Déchirer une cigarette
puis recoudre une plaie
quand les fumées sont des fantômes
et les êtres des buées
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Le jour se lève
pour quel baiser de sang
un nuage blanc
perdu
dans le gris
j'espère
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Déchirer des cigarettes
ainsi de la segmentation du temps
qui tient dans une fenêtre
les chiens-loups de la nuit
la fringale du petit matin
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S'il pleut
s'il vente
si la terre penche
je m'enfuirai
j'irai retrouver la nuit
dans un bol de café noir
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Le bleu avalera tout aujourd'hui
il fermera même
les yeux de la chinoise
NICOLAS JAEN
Il se présente :
Nicolas Jaen est né le 2 février, dans le Sud-est de la France. Derniers textes publiés: Lettres à A., l'Atelier des grames; Bestiaire et La photographie absolue, éd. du frau.