Le grand vent de la mer dispersait un ciel fauve
et le soleil descend sa figure écarlate
sur l’horizon couché comme un fin trait de plume
à l'orée des bateaux plus puissants que la brume
nous marchions sur la plage et le sable était gris
dans l'entre deux d'un jour séparant les deux faces
du printemps, de la nuit
de l’amour, de la vie.
Je marchais comme on tente d'avoir de l'allure
et tu chantais tout seul des airs de comédie,
le silence abreuvé de remous maritimes
crevait sur tes deux lèvres
distraites et réjouies.
Nous marchions en goûtant l’heure définitive
où le temps nous accorde sa touche finale
les passants au hasard
sèment des diagonales
s’arrangeant du désordre
respirent la poussière
ignorant nos colères
nos doutes assassins
ignorant la beauté de nos conciliabules
nos promesses dressées comme des oriflammes
l’espace était ouvert aux libertés promises
l'espace est suffisant pour permettre aux images
de croiser les efforts des hommes orphelins.
***
Les fleurs d’un arbre vert
ont couvert nos visages
nos joues de larmes tièdes
propre à cette émotion
indicible et tenace
des jours de renaissance.
Les fleurs d’un arbre rose
livraient leur ombre pâle
propice aux confidences
de nos regards naissant
et nos douceurs intactes
qui serviront longtemps
à polir notre espoir
et nourrir notre foi.
Les fleurs d’un arbre tendre
figurent le printemps
de nos vies encore vierges
et nos désirs flagrants
où nous sommes heureux
et libres de nos jeux
attirés par l’ivresse
de ce monde orgueilleux
ce monde était ouvert à nos vies associées
et des oiseaux dessinent
nos rêves familiers
offerts comme en miroir à notre religion.
***
Les gazons poussent le vallon
et la forme concave
d’un très ancien terroir
infiltré de chemins
souvent contradictoires
pour afficher la marche et pourquoi pas l’histoire
d’un temps qui s’assoupit entre des clochers gris.
L’herbe a semé l’espoir
d’une douce folie
revenue de si loin qu'on la croirait promise
à un futur lointain nourri de prophéties
les bosquets font des gerbes
d’eau bue par les couleurs
des feuilles des corneilles
qui s’envolent au soir
les arbres font des points qui marquent les frontières
de nos regards fixés sur les toits des chaumières
où nous aimons confier notre inquiétude au feu
nos soupçons à la flamme et notre amour à ceux
qui en feront le compte
et nous rendrons le solde.
L’herbe a semé la toile
d’un tableau familial
où chacun s’en remet aux regards charitables
de ceux qui au sommet contemplent ce pays.
CLAIRE RAPHAËL
Elle se présente :