Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - SANDRINE DAVIN

Publié par Le Capital des Mots sur 17 Avril 2020, 17:33pm

Catégories : #poèmes

quelques clous rouillés

sur un coin de l’établi

fleurissent à mes yeux

où grognent les souvenirs

pendus aux silences


 


 

morsure d’hiver –

dans le silence des pierres

les ombres rongent

la rouille d’un ailleurs

transpercé de feu et de glace


 


 


 

dedans, dehors

les miettes d’obscurité

abîment nos cieux

dans le désert de lune

de l’entaille du temps


 


 


 

au creux des pierres

les silences bâillonnent

le bruit de l’aube

où les étoiles d’hier

déchirent la toile obscure


 


 


 

pierre tranchée

par des rayons de lune

imaginaires

où le cuivre du ciel

ligote les ombres pâles


 


 

et dans le silence

les feuilles mortes grondent

au fond du jardin

effacé de mon passé –

le temps fronce les hivers


 


 


 

nuit élimée

par les morsures d’ombres

en partance –

la terre se défigure

dans le lointain de ses yeux


 


 


 

souffle froissé

par les silences tordus

sur la pierre –

dans l’infini espace

toutes les étoiles sont mortes


 


 

mordre l’amer

dans le souffle de l’horizon

où l’invisible

enracine les pierres

sur les murs de l’ailleurs


 


 


 

lune rouillée –

le ciel gris en exil

éteint les rêves

où les ombres vieillies

labourent nos mémoires


 


 


 

lune squelettique –

un fragment de nuage

égaré

où derrière l’arbre mort

la trace de tes pas résonne


 


 


 

fracture de ciel

où les ombres indélébiles

froncent l’ailleurs –

la nuit criblée de silence

écorche des bouts de nous


***

 

 

Lettre d'un soldat

 

Sur un sol nauséabond

Je t'écris ces quelques mots

Je vais bien, ne t'en fais pas

Il me tarde, le repos.

Le soleil toujours se lève

Mais jamais je ne le vois

Le noir habite mes rêves

Mais je vais bien, ne t'en fais pas …

 

Les étoiles ne brillent plus

Elles ont filé au coin d'une rue,

Le vent qui était mon ami

Aujourd'hui, je le maudis.

 

Mais je vais bien, ne t'en fais pas …

 

Le sang coule sur ma joue

Une larme de nous

Il fait si froid sur ce sol

Je suis seul, je décolle.

 

Mais je vais bien, ne t'en fais pas …

 

Mes paupières se font lourdes

Le marchand de sable va passer

Et mes oreilles sont sourdes

Je tire un trait sur le passé.

 

Mais je vais bien, ne t'en fais pas …

 

 

Sur un sol nauséabond

J'ai écrit ces quelques mots

Je sais qu'ils te parviendront

Pour t'annoncer mon repos.

 

Je suis bien, ne t'en fais pas …

 

 

 

***

 

A cet homme …

 

 

 

Des godasses un peu trop grandes

 

Un chapeau de paille, troué

 

Il n’en avait que faire

 

Sa vie, c’était la terre.

 

 

Des mains aussi noires qu’un mineur

 

Mais tant d’amour dans le cœur

 

Jamais un mot de travers

 

Il en voulait, à son père.

 

 

Qui était-il ?

 

Un Vieux Bonhomme au regard clair

 

Un homme qui aimait la terre.

 

Les années ont passé,

 

Il a succombé.

 

 

 

 

***

 

Il n’en avait que faire,

 

Sa vie, c’était la terre.

 

 

A mon grand-père.

 

 

 

SANDRINE DAVIN 

 

Elle se présente : 

 

Je suis auteure Grenobloise (France) de poésie contemporaine inspirée des tankas.
J'ai édité 12 ouvrages dont le dernier "Rouillure" vient de sortir.

https://www.thebookedition.com/fr/rouillure-p-369652.html

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