quelques clous rouillés
sur un coin de l’établi
fleurissent à mes yeux
où grognent les souvenirs
pendus aux silences
morsure d’hiver –
dans le silence des pierres
les ombres rongent
la rouille d’un ailleurs
transpercé de feu et de glace
dedans, dehors
les miettes d’obscurité
abîment nos cieux
dans le désert de lune
de l’entaille du temps
au creux des pierres
les silences bâillonnent
le bruit de l’aube
où les étoiles d’hier
déchirent la toile obscure
pierre tranchée
par des rayons de lune
imaginaires
où le cuivre du ciel
ligote les ombres pâles
et dans le silence
les feuilles mortes grondent
au fond du jardin
effacé de mon passé –
le temps fronce les hivers
nuit élimée
par les morsures d’ombres
en partance –
la terre se défigure
dans le lointain de ses yeux
souffle froissé
par les silences tordus
sur la pierre –
dans l’infini espace
toutes les étoiles sont mortes
mordre l’amer
dans le souffle de l’horizon
où l’invisible
enracine les pierres
sur les murs de l’ailleurs
lune rouillée –
le ciel gris en exil
éteint les rêves
où les ombres vieillies
labourent nos mémoires
lune squelettique –
un fragment de nuage
égaré
où derrière l’arbre mort
la trace de tes pas résonne
fracture de ciel
où les ombres indélébiles
froncent l’ailleurs –
la nuit criblée de silence
écorche des bouts de nous
***
Lettre d'un soldat
Sur un sol nauséabond
Je t'écris ces quelques mots
Je vais bien, ne t'en fais pas
Il me tarde, le repos.
Le soleil toujours se lève
Mais jamais je ne le vois
Le noir habite mes rêves
Mais je vais bien, ne t'en fais pas …
Les étoiles ne brillent plus
Elles ont filé au coin d'une rue,
Le vent qui était mon ami
Aujourd'hui, je le maudis.
Mais je vais bien, ne t'en fais pas …
Le sang coule sur ma joue
Une larme de nous
Il fait si froid sur ce sol
Je suis seul, je décolle.
Mais je vais bien, ne t'en fais pas …
Mes paupières se font lourdes
Le marchand de sable va passer
Et mes oreilles sont sourdes
Je tire un trait sur le passé.
Mais je vais bien, ne t'en fais pas …
Sur un sol nauséabond
J'ai écrit ces quelques mots
Je sais qu'ils te parviendront
Pour t'annoncer mon repos.
Je suis bien, ne t'en fais pas …
***
A cet homme …
Des godasses un peu trop grandes
Un chapeau de paille, troué
Il n’en avait que faire
Sa vie, c’était la terre.
Des mains aussi noires qu’un mineur
Mais tant d’amour dans le cœur
Jamais un mot de travers
Il en voulait, à son père.
Qui était-il ?
Un Vieux Bonhomme au regard clair
Un homme qui aimait la terre.
Les années ont passé,
Il a succombé.
***
Il n’en avait que faire,
Sa vie, c’était la terre.
A mon grand-père.
SANDRINE DAVIN
Elle se présente :
Je suis auteure Grenobloise (France) de poésie contemporaine inspirée des tankas.
J'ai édité 12 ouvrages dont le dernier "Rouillure" vient de sortir.
https://www.thebookedition.com/fr/rouillure-p-369652.html