LE CAPITAL DES MOTS n°2- Décembre 2007- Jean Gédéon
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L’INCONSCIENT
La surface est paisible
à peine agitée quand se lève le vent des zizanies secrètes
Cet océan se repose entre deux ouragans
et l’horizon courbé s’efface dans ses rides
pour laisser du champ libre à l’espace têtu
Sous la surface paisible des mensonges lisses
se terrent proliférants les insondables secrets
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LARMES DU RASOIR
En vain on essaie d’ouvrir l’œil borgne
de la matrice
Ce qui se trame dans les cloisons du sang
La nuit épaisse à couper aux couteaux des bouchers
Les larmes du rasoir et le sang noir et triste
Les cris de la bête en rage dans le tempo du cœur
quand on est ce rien dans le grand tout qui hurle
Avec des mots de rien
Juste pour le soleil
Son échancrure rayonnante
dans la saveur rêche des brûlures
et sur le miroir qui tremble
l’explosion d’une aurore désertée
L’œil dominant saisi de peur n’ose plus contempler
dans l’ultime pénombre
la trace des dernières servitudes
Et la face outragée
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VARAPPE
Sans cil paupières nues aux coins rognés
L’iris épandu dans le non voir
Voyant
ce que non
La
multitude invisible à l’œil grouillante autour
Du dedans
non visible au-delà
Immensités
Failles empilées strates sur strates
Dans l’abysse inconnu
se cherchant
non visible
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DESTINÉES AVEUGLES
Comme des insectes emprisonnés
on fraye avec les monstres
ailes coupées
carapace écrasée
pattes arrachées
et devant l’entêtement des parois
nos certitudes vacillent
dans les vacarmes du sang
Entre commencement et fin
nos deux seules vraies certitudes
il y a des hasards de fortune
la nécessité journalière
et la peur de l’inconnu
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EN AMOUR GRAND ET BEAU
Le blanc dans le rouge frémit
comme celle qui fit
lever le vent dans les voiles louvoyeuses
vers le centre du cœur d'extase
ravivant la sublime serrure
sa force sa faiblesse et ses parfums nacrés
Se lèveront alors les chants d'aurore
leurs rêves d'infini dans le temps déployé
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JEU DE GO
Les rumeurs désertées les humeurs
taries
dans des couloirs obscurs
la grande muette résignée à entrevoir
à travers la lucarne éblouissante
la pancarte aux signes illisibles
inscrits par celui qui ne dit pas son nom
L’encerclement au fond du labyrinthe
La trouble jouissance
et les pièges infâmes du soleil
Extraits de « La surface est paisible » © Editions Encres Vives, 2007.
JEAN GEDEON
Ci-après, la notice publiée dans le numéro 15 de la revue "Nouveaux Délits" pour l'ensemble intitulé "Coup de gueule" :
Jean GEDEON écrit essentiellement et uniquement par plaisir.
Participe régulièrement à des lectures publiques de poésie. A publié une douzaine de recueils chez Hélices, Clapas, Editinter, et Encres
Vives. Certains de ses textes sont également publiés dans de nombreuses revues. Est donc lu, comme ses pareils importants ou obscurs, par une minuscule poignée de lecteurs
aventureux.
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