LE CAPITAL DES MOTS n°4 - Février 2008- Gilles Bizien
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1.
Un arbre d’écume, comme dans le cœur.
Branches, algues, racines flottantes au ciel, ou plutôt bras, fleuves, deltas, tentacules azurées, qui vont là où mon corps-rêve se lève.
Délibérément.
Le monde accroché aux yeux, celui de l’écriture qui exsangue la poitrine et les paumes, le monde double, l’hologramme intime. La source libre,
la rigueur et la discipline du délire, le segment céleste, le prolongement, l’insignifiance. Soleil robotisé de la machine humaine, hachoir numérique du rêve. Mais aussi le monde tel qu’il
existe dans sa matérialité picturale, son existence poétique.
L’horizon des pupilles, approché, pas après pas, heure après heure, avec application, une lente et improbable extraction de la glaise, de
la carcasse de métal. Toujours, des traces, des empreintes, la mâchoire du vide sur la carapace du ventre. Le peuplement délirant qui s’agite dans la poitrine.
Sens d’écriture, sens du bleu éclatant aux lèvres lorsque nos bouches se touchent et s’allument à la façon d’une ampoule électrique, d’un
signal, d’une note mauve. Le vu et le senti, le désiré, l’imaginaire, le transparent, le vaste univers du recyclage sentimental. Le squelette architecturé de l’émotion, la main mécanique de
l’élan. Cyber esthétisme qui a avalé nos injures trop lisses et nos ongles trop propres. Ce langage nouveau qui descend de l’esprit vers le cœur et non pas du cœur vers l’esprit, cet iceberg de
nos vies graduellement programmées à disparaître. Dessins vagues sur le sable, plongeon vers soi même égaré au monde.
2.
Planète liquide des yeux, bleue comme le sourire sous la surface. Fleur-miroir du corps, pétales fluides, azote de l’esprit.
3.
Je m’enveloppe dans une longue et fluide couverture de rêve, ce vent si froid est semblable à du rêve. Je marche le long du bleu, sous des
arches métalliques, dans des halos, au travers des macro-lumières du trafic. Cette voix, tous ces échos, en moi, autant de fissures, de fantômes. Sur le fil, ville au fond de l’hiver, tous
les condors neurologiques tournoient.
Autour, le temps s’arrête, nimbé de fumées bleues. Je voudrais crier avec mes mains, je voudrais que mes yeux parlent, je voudrais montrer la
couleur de mes paumes. Hurler avec mon corps. Glisser les rues à une vitesse délirante. Juste par le regard croiser le regard des oiseaux de chrome qui vont plus loin que mes yeux ne peuvent
marcher. Là où les promesses n’ont que le sens d’un souffle.
M’injecter en eux, moi-poison, moi-désir, absurdement. Nocturne du cœur.
GILLES BIZIEN
Bibliographie:
En revue:
Poésie Première, Décharge, An Amzer, Mortibus, Géante Rouge, Comme en Poésie, Brèves Littéraires, et d'autres...
Aux éditions Chloé des Lys: Néantes, recueil de poèmes.
Sur Pitbook.com: Avant-île, recueil de poèmes.
Aux éditions Poiêtês: Rouge Totem, recueil de poèmes.
Les Cahiers de Poésie 2, recueil collectif
Les Cahiers de Poésie 3, recueil collectif
Aux éditions Sombre Bohème: Kelig ar gwilh changeait la mer, nouvelle.
Son blog:
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