peau,
Blanches dans l’eau qui les borde et les baigne,
Les charolaises pâturent le serein qu’enveloppe le lait de l’enfance ;
La prairie s’interrompt dans le crépuscule et se clôt au bord du temps
Se couvre d’une vague que la lune blanchit encore ;
Les chênes et les frênes élèvent au-dessus de leur cime un ciel mystique
Tandis que les vaches figurent les âmes effarées,
Anges repliés sur leur moût du matin ;
Tout se tient en un instant et le cadre s’abstient de toute fuite
Hormis l’horizon étirant ses couleurs ;
Le silence s’escorte de l’écoute attentive du tremble
Et des pas lourds et sûrs des sabots dans le sable.
L’eau s’écoule toujours neuve pour finir sans bruit vers la nuit.
Réduites et tapies dans la prairie, les vaches se laissent tenter par
les rocs sous le ciel trop hautain
Elles se renfrognent, se rencognent, la tête haute, mâchant l’air,
Et la langueur du feu blanc du nuage qui s’avance et s’allonge auprès
de la rivière ;
Ah ! vivre un moment la rumination du corps auprès de la demeure !
Endosser le vêtement de lin dont est issu le château
Pour vivre sur son cuir l’air immobile,
Faire partie du paysage, descendre avec la ligne de fuite des arbres,
vers la rivière,
S’adosser à la haie, brouter l’herbe chaude du soir,
S’inclure dans l’histoire d’un champ, répétant à l’envi l’hymne simple
des lieux,
Vivre solitaire dans les foules des congénères !
Comme les vaches, revêtir la robe blanche du sable,
Paraître sortir de la terre, comme des enfants chtoniens
Noyés encore, dirait-on, du lait de la terre ;
Au matin le promeneur inopportun trompe le troupeau
Fait sortir des entrailles de la terre de cent poitrails gonflés
Un chœur de gorge rauque et puissant, un meuglement immense et
formidable
Pour rappeler les hommes :
Il a bu le sang blanc du soir et a soutiré des bosquets la manne d’un
bel été ;
Quelle déception de ne pas être le berger qui sait parler aux bêtes !
Quelle plainte il entend, quel cri, quel malaise en son cœur
De laisser là le lait qui se refuse dans le foie et les plis de la
peau :
La réponse est impossible où la gorge est tendue, aucune parole à tenir
aux yeux inquisiteurs.
et L'Imaginaire dans la poésie de Marc Alyn, L'Harmattan), je suis
chroniqueur dramatique à Aujourd'hui poème, membre du Comité de
rédaction de Poésie sur Seine et LittéRéalité (Université York,
Toronto). Poète, j'ai publié tardivement mon premier recueil Marches en
2005 à la Libraire-Galerie Racine. J'anime avec Jean-Paul Giraux et
Monique Labidoire le "Mercredi du poète", qui reçoit le quatrième
mercredi du mois à 15 heures au café le François-Coppée (1 Bd du
Montparnasse, métro Duroc) un poète contemporain présenté par un autre
poète. Le 27 février(2008) j'accueillerai Abdelattif Laâbi.