L'un contre l'autre
(sélection )
I l'un sans l'autre
La nature t'abandonne:
tu as osé te moquer des étoiles
toutes tes couleurs sont mortes
Il n'y a plus que la poussière des ombres
qui sert d'arène à ton dernier combat
et maintenant a capella le tonnerre gronde:
iahvé devenu veuf a déserté ses cieux
21 avril 2008
J'ai peur et montre mon poing au mois de mai
dont le soleil me brûle
- On ne fait plus d'ombrelle
La paix ne s'appelle plus irène -
J'ai peur et montre mon poing à la langue moderne
Je voudrais dire
venise valenciennes
pas seulement quand
je touche des dentelles
Tourment de pierre car ton cœur est sauvage
mai a coupé mon poing qui arbore sa blessure
24 avril 2004
C'est un peu ton visage sur
cette monnaie dont je caresse l'avers
dans le musée anéanti de notre vie
Comme à Bagdad
pleurs des gardiennes en plein désastre
O ruines de souvenirs
quand les hommes s'assassinent
Ma main cette étrangère reposera la pièce
20 mai 2008
S'il me faut attendre la nuit incrédule
et fraterniser le matin au mépris des prophètes
me heurter dans le noir à moi-même
et voir dressée l'ombre de l'Autre
en ombre chinoise
que cherchaient à former
mes mains inutiles
je resterai affolé tout le jour
o tourbillons singuliers
des pluriels de ma vie
24 mai 2008
Au secret de ta voix
il y a des accents noirs
écho fou de ma voix
Mes vers fondent en pleurs
ton chant arrive au soir
au soir d'heures heureuses
où nos voix se séparent
16 juin 2008
Elle a pris pour rien son éventail de pierre
glissé dans la fournaise
sans devenir rouge-gorge
Sa main moite s'est close
et devant sa révolte
s'efface notre légende
O mon vocabulaire tu sais
que mon baiser a précédé sa fugue
tu sais enfin me laisser seul
10 juillet 2008
Blessure pansée
cicatrisée
Ecriture bridée
torturée
noyée dans une douleur
qui n'est même plus là
L'absence du mal
n'est pas le bien
Elle est un mal encore
qui te rend vide et vain
10 juillet 2008
On ne peut lire dans ce blason
les rires des dimanches
Seuls des sanglots font vibrer
la romance de son orgue
Janus pleurent-ils est mort
Il reste unique le malheur
Au Luxembourg des promeneurs
sommeillent sans souci de l'air chaud
On ne sait si demain évoquera cet instant
O quelle est donc la Mémoire du Temps?
24 juillet 2008
Le corps brûle
au rythme de la rage
qui crie exsangue et sans haine
je suis
mais s'il continue à hurler
cette rage de la rage
qui se leurre d'attendre
l'autre
arracheras-tu l'écorce
pour délivrer l'aubier
de l'arbre où sèche
le nid de notre vie?
5 août 2008
Lorsque tu tais ton nom
ma gorge-angoisse se serre
de ne plus te comprendre
moi qui t'ai baptisé
la nuit m'encercle de solitude
ronde où jamais
aucune danse ne prend part
la beauté fuit la nuit:
tu ne peux qu'être absent
tant que s'absente le jour
6 août 2008
FRANCE BURGHELLE REY
Née en 1952, je vis à Fontenay-sous-bois et, certifiée de Lettres Classiques, enseigne à Paris.
Marquée par l'œuvre et la personnalité de Jean Cocteau, j'ai fait ma maîtrise sur le Visible et l'Invisible dans son œuvre. Mon DEA, ensuite, a porté sur la théorie moderne de la création.
Ecrivaine de l'ombre, j'ai souvent repris l'étude et l'écriture mais sans jamais publier. Ainsi de 1997 à 2004 ai-je écrit trois romans et un recueil de nouvelles après avoir laissé en friche un certain nombre de poèmes et de chansons ( paroles et musique ).
La poésie semble bien mon mode privilégié d'expression car j'ai toujours recherché la concision et l'ellipse à la limite du silence.
Elle représente aussi pour moi mise à distance et don à l'autre comme on peut l'entendre dans les titres de mes deux recueils récents: Lyre en double ( 80 p. ) et Odyssée en double ( env. 100 p. ) Une trilogie est prévue avec un nouveau recueil en cours.
Je suis, pour finir, membre de l'Association Hélices Poésie fondée en 1994 par Emmanuel Berland.
Textes parus et à paraître dans les Revues Libelle, Le Capital des mots, Comme en poésie, Mouvances.ca, Poèmes épars.
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