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AU FIL DES JOURS (Septembre 2008)
MATIN D'AUTOMNE
Beauté de ce matin d'automne
où le ciel étonnait
la pierre rose
du mur de la maison
d'en face.
Soleil,
archange protecteur
de mes pas,
de mes hésitations.
Cachée sous la futaie :
une rose orange
chargée d'épines
douloureuses
mais aussi d'un parfum
prometteur
d'audaces,
de rencontres
éphémères.
Lumière de ce matin d'automne
qui transporte
sur des nuages
fous
la sagesse
de la maison d'en face.
CAFÉTÉRIAS
Je vais coucher
ma douleur
dans certaines cafétérias
où ton sourire
n'éteint plus
la lumière du soir.
Je mange seule,
recluse sur un coin
de banquette
verte
comme le diabolo-menthe
de notre dernier
rendez-vous.
Ton ombre fascine
encore
les serveuses
à qui tu décrochais
des sourires
pour les enfouir
dans tes poches
et les coucher
à la nuit tombante
sur ton papier
émargé
de désirs inavoués.
Pour voir
sans être vu,
il faut éveiller
les songes
et les hirondelles.
Anesthésier la douleur
avec du pain
pour les moineaux.
Marcher dans le désert
avec pour tout bagage
la caravane
des souvenirs.
HIER
Hier
j'ai vu sur la neige
l'oiseau de mes dix-huit ans.
Froid.
Son aile bleue
frémissait encore.
Il m'a regardée fixement
implorant comme une grâce.
Je l'ai réchauffé sur mon sourire
en lui murmurant nos mots
d'amour.
Hier
s'est évanoui sur la neige
l'oiseau bleu
de mes dix-huit ans.
IL PLEUT
Il pleut sur ton visage.
Pluie d'automne.
Dans le jardin,
le chat découvre
un nouvel oiseau
aux couleurs de nos soupirs
et l'observe.
Il pleut sur notre amour.
Pluie de larmes.
SONGE
J'attends de te voir
dans l'impatience
du vent sur le balcon.
Dans l'impatience
du frémissement des feuilles
sur l'arbre de l'émerveillement.
J'attends de te voir
dans l'impatience
d'un baiser
que l'on vole
à la sortie du lycée
sur les lèvres douces
de l'aimée.
POUR RAPHAËL
J'AI MIS DE L'OR DANS TA MAIN
J'ai mis de l'or dans ta main
petit prince,
pour que tu captures
la chance
et que tu chevauches
le cheval de l'intrépidité.
J'ai mis de l'or sur ta bouche
petit prince,
pour que des mots naissent
avec la douceur de l'hirondelle
à l'envol des saisons.
J'ai mis de l'or sur tes cheveux
pour que les mages te bénissent
et t'envoient les souhaits du ciel.
J'ai mis de l'or dans ta main
petit prince,
pour que ton destin
soit le phare sur la mer
qui défie vents et marées.
Lumière dans les nuits de tempête.
J'ai mis ton coeur sur mon coeur,
petit prince.
Le 22.09.2008
J'AI VU TON VISAGE
J'ai vu ton visage
à travers la vitre de ma mémoire.
Beau, mais las des tribulations
passées.
Tu me disais des mots
qui ne s'affichaient plus
sur les murs de ma chambre
ni dans le recoin de ma boîte
à lettres.
J'ai vu ton visage
à travers les mois d'automne.
Beau, mais éloigné des caresses
du chat
et des couleurs folles des pivoines.
J'ai vu ton visage
hier,
sur un mur de la ville.
Je passais...
et ton regard m'a suivie
jusqu'au port du canal.
Les oies cendrées ne s'attardent plus
sur ton passage.
ISABELLE JULLIAN
Isabelle Jullian est née en 1954. Elle a publié dans la revue « Florilège ». Elle est membre de
l’association « La voix des mots » animée par Yves-Jacques Bouin.
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