Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS n°17- Mai 2009- Muriel Carrupt-

Publié par LE CAPITAL DES MOTS ( revue de poésie) sur 31 Mars 2009, 23:03pm

Catégories : #poèmes

 

***


Accord Arcane I







Sang de moi

Étincelles de tous côtés

Dans tous mes sens


Mots désaccordés,

Peau écorchée

arrachée

Disséquer le tout. 

Tout de suite.


Tu brûles

Te noies

T'envoles

T'emboues

T'ensables

T'enroules

T'écroules

Tourbillonnes et bouillonnes

Éclates de soleil

T'effaces du tableau nocturne

Griffonnes un rire de terre

Cartonnes des sons saturés

Craqués peuplés

De tous tes cafards affamés


Médites spécules cogites

Sur une pensée rescapée

À peine entamée


Et moi

Je suis là

Et je ne fais

Rien.

***



Arcane VI


La nuit se vide de toute lumière

Seule

Des racines vibrent

Quelques âmes oubliées

Éloignées du temps

Surgissent.


Elle trompe l'angoisse dans un vieux rêve

Berceuse d'avant l'éveil de son silence d'enfant.


Les yeux clos

Elle pénètre dans la couleur d'une histoire.

Réécriture de la sienne

S'accorde d'être vivante

Héroïne chaque nuit

Différente.


Mais l'obscurité aujourd'hui est croissante

Pluie de sable la tire de son lit

Doucement des traces de cendre

Se répandent en vagues

Sur les chemins du papier


Une porte qui frappe

Un rideau qui s'échappe

Sursaut

Sueur

Il est là


Les regards se défilent

S'enfilent

S'abandonnent

Les paupières gonflées se ferment

Les coeurs s'arrêtent.

Personne.


Juste une voix inaudible


Taire l'histoire

Songe

Les yeux s'ouvrent

Puérilité

Recherche d'un guide qui saura indiqué la route

Recherche d'un autre pour ne pas se tromper

S'envoler

S'ignorer



Elle sursaute

Se défend

S'immobilise

Tend la main

Les corps fendent l'épaisseur du soir

Lune rouge éclaire la roulotte

Un cheval ou deux

Un morceau de ciel bleu



Des étendues rouges et jaunes

Ondulent

Ronronnent

Les roues crissent de plaisir

Crinière au vent

Paisible est la course des chevaux


Aucun mot entre eux deux

Farandole vient à eux.

Serrement de coeur

Ils ne sont pas seuls


Silence


La sève frappe les fronts

Un même son

Entoure la horde qu'ils sont

Juste pour un instant


Ils se donnent de nouveaux noms

Inconnus

Sans secret

Ils y croient en doutent

Il y a tant de choses cachées dans un prénom

Celui qu'on se donne rattrape toujours le premier


L'épaisseur de l'air ne leur permet pas de se toucher

Surtout ne rien montrer

Cache-cache de cheveux

Tonsure d'ombre sur draps blancs

Eau vive au regard brûlant

Des pierres bleues brillent sous chaque bras

Des rouges dévalent du ciel

S'enterre

Très bas.


La nuit brille de tant d'éclat

Effacer cette vision-là

Trop limpide

Trop immédiate

Trop directrice

Elle ne veut pas savoir

C'est trop tôt

Tourne la tête

Elle sait bien que pour eux

C'est trop tard


Écoute de la nuit

La farandole s'est désunie

Des fragments se sont déposés sur le lit

Cadre acacias

Faute d'acajou.


Ils ont peint les roues

Coquelicots Tournesol Indigo Cabriole

Ils ont ri

Puis se sont endormis


Il n'a plus de couche

Elle n'a plus de rouge

Ils n'osent pas se rapprocher

Vieux relent d'aïeuls

Il abandonne l'assaut

Tout a été détruit

Il sait à quel point il ne l'aime pas

Elle le sait depuis toujours

Il sait à quel point il ne pourra plus aimer une autre qu'elle

Elle ne veut surtout pas le savoir

Rature


Elle se retourne vers la marge

Regarde ce pays inconnu

Si connu

Reconnu


Repartir?


Désir si simple qu'a la feuille de rester sur l'arbre


"Mon ami

Je t'ai cherché à chaque instant

Partout

Je t'ai cherché dans tous mes temps"


"Je t'ai fui de mon temps

Chaque heure

Je me suis enfui de toi"


"Pars"


"donne"


"Mon ami

Je suis feuille et arbre tout à la fois

Étendue sur le fil de la vie

Je sens grandir un lac d'étonnement

Ne suis rien de ce que je croyais être

Ne sait rien au fond de ce que je suis."


D'un sourire il souffle les mots de sa bouche

Dans un saut il s'élance à la poursuite de son cri


L'orage a grondé toute la nuit

La pluie n'a cessé de couler

La terre bouge toutes leurs années


Elle revient dans sa maison désertée

Reprends les gestes si souvent éprouvés

Réchauffe sa gorge glacée

Regarde dans le gouffre qu'elle voulait effacer


Elle s'assoit sur le bord de sa nuit

Regarde sans ciller sa jeunesse sortir

Sent son coeur obstiné dans sa gorge

Refuser à jamais de partir

Elle sait qu'elle ne peut pas désaimer

Il le sent

Elle lui offre deux perles d'eau salée

Dans son sommeil


Puis

Elle s'en va




MURIEL CARRUPT


Muriel Carrupt, comédienne – Art-thérapeute

Écrit et illustre "Petits cailloux" et "L'amour sans fin" (ce dernier a

 

reçu le soutien de la Drac Haute-Normandie en 2000) édités par le

Théâtre à la Menthe.

"Ouniame et la rivière qui chante": texte, illustrations, cd.

Publie dans la revue Verso ( extrait de "robe"; "un pas dans le

monde"...). Collabore à cette revue en faisant des lectures publiques

des poètes parus dans la revue.



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