Plounjous
(Gerbes, en occitan de l'Aveyron)
Elles ferment les yeux au soleil qu’elles font entrer dans les interstices de leurs pailles ; sans doute fument-elles ;
Elles rêvent aux langues des vaches qui les prendront en douceur d’un revers de langue bien tournée ; elles réchaufferont les hivers dans les étables ;
Elles sont les étés blonds, bleus et chauds au pied des bêtes fragiles et font la sieste dans la douce perspective d’être utiles, de faire leur devoir ;
Elles ornent l’été et soutiennent les murs de leur force éphémère face aux orgies des soirs d’équinoxe ;
Elles se réfugient derrière leur rond tablier où ne s’engouffre pas le vent, où la pluie peine même à rentrer ;
Elles se moquent des orages qui ne peuvent rien contre elles
Et que dire de la foudre qui se plaît à simplement allumer une étincelle dans les javelles humides ;
Elles brillent dans le soleil qui peine à les réduire : au contraire, il les écoute bruire, se distendre, se détendre, mâchonner leur paille du matin au soir
Craquer des pailles de leurs dents jaunes et fortes.
BERNARD FOURNIER
et L'Imaginaire dans la poésie de Marc Alyn, L'Harmattan), je suis
chroniqueur dramatique à Aujourd'hui poème, membre du Comité de
rédaction de Poésie sur Seine et LittéRéalité (Université York,
Toronto). Poète, j'ai publié tardivement mon premier recueil Marches en
2005 à la Libraire-Galerie Racine. J'anime avec Jean-Paul Giraux et
Monique Labidoire le "Mercredi du poète", qui reçoit des poètes le quatrième
mercredi du mois à 15 heures au café le François-Coppée (1 Bd du
Montparnasse, métro Duroc).