Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - ARNAUD TALHOUARN

Publié par ERIC DUBOIS sur 21 Janvier 2012, 23:05pm

Catégories : #poèmes

Melancholia

Tourne-toi vers un

centre — un quelconque, pourvu que ceint de figures simples, diverses comme : hémisphères, fragments de cubes, volumes octa-, dodéca-, icosa-

édriques,

tubulures sectionnées par l'âme, en deux fragments

inégaux : simples, toutes

concaves — tourne

vers

lui ce visage transparent, dont les yeux sont fissurés, comme si tu songeais.

 

Cette masse de bras ligneux, gainée de veines en relief

dont les extrémités sont des mains vides, chacune

plantée de cinq doigts, chacune

ouverte inutile :

étends-la comme

offrande,

projette-la au sein d'une obscurité qui appelle — avec des voix, des voix — appelle un

sacrifice.

Vers

quoi ?

Offre-la, dépose-la en dédicace.

A

quoi ?

 

« Toi, sois comme Lui,

sois

personne. »

 

(« L'incendie, l'

être-continuellement-incendié : deviens-

le. »)

 

 

****

 

Crucifixion

Toi, embrase-

toi, afin que l'âme de la bien-aimée ne se perde pas — Le

combustible, dans le « toi » que tu étais, c'est l'âme —

afin que la combustion ne s'arrête pas, qu'elle détruise et détruise.

Brûle .

 

« Au prix du sacrifice, la réalité est vérifiée. » — par

qui ? Dans le cœur illuminé de

qui ?

Un autre te vérifie, un autre parmi ceux qui portaient les bouteilles d'alcool et les silex, cette

nuit.

 

« Afin que l'âme de la bien-aimée ne se perde pas. » —

afin qu'elle soit perdue,

ensevelie dans l'autre

inexistant.

 

Un autre te vérifie, un autre te

crucifie et « l'âme de la bien-aimée », c'est

la face intérieure des clous qu'il enfonçait dans tes veines, et

« l'amour pour la bien-aimée » c'est

les soupirs qu'il exhalait à chaque coup de maillet. « Le Christ, c'est Lui, le sanctifié, le purifié c'est

Lui. »

 

Embrase, consume

le

bois odorant puisque

le sang versé, mêlé à la résine, brûle mieux que l'âme.

 

L'existence seule

est sainte, l'existence seule-

ment est

sainte.

 

****

Fertile

Nous, change « ce que nous sommes » en sang. Fais de nous

matière à

jaillir, matière à

inonder, pénétrer.

 

Du sable trempé adviennent

(Je m'en tiens au plus vraisemblable.) non

mille fleurs dont

les mille corolles blanches

flotteraient dans la

nuit, non

le souvenir de mille fleurs, non

la purification de l'âme par effacement de toute

image, non

le parachèvement de l'âme par l'oubli mais,

plutôt,

rien.

 

« Viens en nous, creuse nous. Sois

comme nous devenons, comme nous sommes devenus, sois

personne. »

 

Ô

Pourquoi.

Pourquoi.

 

 

****

 

Elégie

Un fragment tombe, je

n'étais pas de cœur à en faire état. Toi non plus

donc

c'est bien.

 

D'où

le sol monte et

emboîte son relief dans les empreintes de nos pieds, les

soutient, lourd de limon et de fruits en pourriture et d'autres en poussière, et d'autres dans l'état de maturité parfaite, simples, creux-et-pleins, noires

semences

indemnes.

« Lourd de miracles, de miracles que, à défaut de les comprendre, nous

contemplons. »

 

 

 

Extraits de "Coupures" Inédit

 

ARNAUD TALHOUARN

 

Arnaud TALHOUARN, enseignant et écrivain, a publié des poèmes, des narrations et un texte de critique littéraire dans diverses revues, parmi lesquelles :
« L'Atelier du Roman » n°60 et n°63 ;
« Pyro » n°20 ;
« Revue Alsacienne de Littérature » n°105 ;
« Traction Brabant » n°44 .

 

 

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