FLOR DE CASTILLO
Vieux couple élégant assis à la terrasse d’un café.
Il est arrivé le premier : il est bien âgé de....pas moins, mais il les porte bien
Elle l’a rejoint, légèrement vêtue mais on sent de l’aisance, à n’en pas douter.
On taira l’âge de madame, par galanterie : elle le porte bien, mieux : avec élégance.
Le casque argenté de ses cheveux relevés en chignon est porté plutôt fièrement.
Pas un sourire pourtant.
L’attente :esperamos un desayuno por la otra personna
Mas de amor ? mas de vida ?
Attendre, c’est espérer : est-ce bien toujours le cas ?
Attendre, c’est espérer, dans la langue de Joaquin et Federico.
On ne se parle pas ou très peu.
L’habitude, le désenchantement, la routine, les convenances, la vieillesse :
Ce qui se fait, ce qui ne se fait pas
Ce qui se dit, ce qui ne se dit pas
L’étiquette la plus élémentaire, surtout en public, ma chère.
On s’est peut-être déjà tout dit
Instant de sociabilité, en spectacle au manège sans surprise de la rue et de ses commerces.
Il n’y a peut-être qu’à la maison que l’on enlève le masque !
Surtout si l’on pense s’être tout dit.
Surtout si les longs monologues du plus sociable du couple se sont brisés sur les récifs inertes du silence
et
de l’indifférence.
Surtout si les enfants ont déserté la maison
Avec les petits enfants.
On s’est quand même habillé pour le lieu et la circonstance
C’est bon signe.
Peut-être attend-on quelqu’un.
Et puis, et puis la vie continue
Vamos a vivir, vamos a esperar !
A Caracas, Flor de castillo, Altamira
martes 7 de déciembre de 2004
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LA SALSA DE LA NAVIDAD
Caracas !
Humide et tempérée en décembre.
Mon petit desayuno avalé, enfin pas top vite- même le petit déjeuner se doit d’être pris sans stress, et
en
mâchant bien !
Ceci fait, donc, me voilà parti arpenter le quartier d’Altamira,
A Caracas de maňana, l’air ambiant a un petit quelque chose de frais
Et l’on sent bien que se prépare quelque chose de très local
Mais c’est dans l’air et ça vient tout doucement !
Je ne m’étais pas trompé : c’est ça le flair !
Un regroupement pacifique et joyeux d’enfants accompagnés de leurs parents
M’invite à une brève halte :
Une petite formation de salsa colore les façades sérieuses des bâtiments administratifs et s’efforce de
chasser les restes de grisaille du matin
En diffusant gaiement les notes syncopées et chaudes de cette musica latina si pittoresque.
Ainsi, ce sont tous les salseros latinos,
Du grand Willy Colon au non moins grand Ray Baretto,
Qui sont à l’honneur et fêtés avec cette petite formation de quartier
Qui joue avec entrain et talent alors que claquent au vent du matin, des banderoles multicolores
annonçant
FELIZ NAVIDAD
Au-dessus des stands de la la fiesta de l’escola du quartier d’Altamira
Se empieza de hacer caliente !
Regresso a la camera de l’hotel,
Necessito un poco tiempo antes la partida y el vuelo !
Hasta la vista, estimada ciudad de Caracas !
Avenida tropical, La floresta
Altamira, CARACAS , martes 7 de deciembre de 2004
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SYDNEY HARBOUR
Dans le port de Sydney, il y a un peu de tout :
Des fameux trois- mats fins comme des oiseaux,
Oh ! hissez haut !
Un bateau à roues à aubes
Et des matelots, et des passants, et des filles, et des groupes de touristes japonais !
Mais pas de kangourous !
Il y a même des agents commerciaux tout sourire dehors
Sur palaces flottants garantis insubmersibles
Avec gilets de sauvetage à l’épreuve des crocodiles.
Et des mouettes
Et des mouches
Et des filles
Et des matelots
Et des fameux trois- mats
Mais pas de kangourous
De toute façon, ils ne sont pas réputés pour avoir le pied marin
Il faut attendre la nuit quand tous les chats sont gris
Pas seulement les chats d’ailleurs, dans certains quartiers.
Il faut attendre la nuit
Et le vent frais qui vient de loin
Qui vient du bush
Ce genre de vent qui n’a pas de nom
Quand il colporte les odeurs avec les rires et les paroles du continent
Et de l’océan qui le borde.
Il faut attendre la nuit
Quand presque tout dort même la mouette.
La nuit australienne qui couvre tout :
Les fameux trois- mats, les filles, les agents commerciaux, les mouettes, les mouches, et les groupes de
touristes japonais fêtards,
Et les kangourous, gris par nature.
Et l’Opéra, avec ce drôle de toit qui lui donne une impression d’envol imminent
Et l’Opéra, qui observe tout ça un peu de loin,
L’air de ne pas y toucher, car le métier d’Opéra comporte des contraintes
Et, entre nous soit dit, on n’a pas trop de temps pour observer ce qu’il se passe
Sur le port de Sydney .
Oui, Sydney :
Ton peuple est cosmopolite
Et ton accent, à couper au couteau.
Tes rues sont belles et aérées
Et ton quartier chinois est plus vrai que nature.
Sydney : Nouvelles-Galles du Sud
Ce n’était qu’une halte d’une journée :pas vraiment de quoi pavoiser
Mais bien de quoi confondre le jour avec la nuit :
Huit heures dans le collimateur
Huit heures dans le vent
Huit heures dans la vie
Je parle du décalage horaire, bien sûr
Ça ne s’improvise pas !
So long, on s’en remettra !
Sydney Harbour : prononcez : Sydny !
Bonne journée, je vais me coucher
En abandonnant, pour quelques heures :
Les fameux trois- mats, les matelots, les passants, les filles, les agents commerciaux et leurs gilets de
perdition, les mouettes, les mouches, les groupes de touristes japonais
Et même les kangourous.
On se passera bien de moi le temps de récupérer quelques heures de sommeil.
See you ! !
A Sydney, les 27 et 28 octobre 2004
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HISTOIRE DE FOUS
- Le patient :
Docteur, je crois que j’ai un problème : je suis affublé, en permanence, d’un hoquet chronique !...burp !
pardon !
- Le docteur :
Certes, c’est pour le moins gênant, mais il y a beaucoup plus grave, rassurez-vous !
A propos, quelle est votre profession, que faîtes-vous dans la vie ?
- Le patient :
Hips ! pardon ! Je suis, en alternance, vendeur- démonstrateur de jeux de châteaux de cartes dans un
grand magasin de jouets et démonstrateur- vendeur de jeux de Mikado dans le même magasin.
Alors, pensez un peu ! hips ! pardon ! si c’est pas un handicap, alors je n’ai rien compris ! Mon patron
ne
sait pas encore s’il pourra me garder à ce poste.. Hic ! (pardon !), vu que je lui sabote la
démonstration,
dans un cas comme dans l’autre !
C’est une catastrophe, même si ça fait rire petits et grands qui croient que ça fait partie du
« spectacle »..burp ! pardon !
- Le docteur :
Je vois ! C’est, à n’en pas douter, un handicap plus sérieux que ce que j’entrevoyais, et ça m’a tout l’air
de
vous gâcher vos chances, et dans plus d’un domaine de l’existence !
Ça me rappelle d’ailleurs quelques cas rares : je dois les attirer, à dire le vrai !
Tenez :
Un veilleur de nuit avait contracté...devinez quoi ! :
La maladie du sommeil, rien de moins ! !
Par chance, il a pu trouver une place d’essayeur de matelas !
Tenez, encore un cas intéressant :
Un essayeur de chapeaux haute couture avait perdu la tête pour une « petite main » : il avait été mis à
pied sur l’heure.
Tenez, un dernier cas, pour la route :
Un emmerdeur de première s’était fait prendre, par son patron et les vigiles de la société, à fonctionner
presque exclusivement en seconde : mise à pied aussi dans ce cas, c’est bien regrettable ! !
Allez, mais vraiment parce que vous m’êtes sympathique et que votre cas m’intéresse, en voilà un petit
dernier, pour le geste ! si ! si ! ne protestez pas ! ! :
Une grosse pointure dans son job avait littéralement perdu pied ! impardonnable selon les critères du
moment !
C’est un doux euphémisme en même temps qu’un paradoxe de dire qu’il fût mis à pied, dans la journée ! !
On est quand même bien peu de chose !
Bon, alors et notre hoquet ? !
LE 30 DECEMBRE 2004
BERNARD CHOCHEPRAT
© Bernard Chocheprat
Bernard Chocheprat est poète et membre du Club Poésie de Champigny sur Marne. Il est en tant que Baryton-Basse, membre d'une chorale en Région Parisienne.