Une vie d'été
Le vent feule, âcre
parfum de branches brûlées
haleine salée de fenaison
il existe une vie d'été
de l'autre côté
des notes de clocher
par où le temps m'échappe
Attente embracelée
Il manquerait le large d'une page à remplir
aux manières de fleurs amples de magnolias
Ligne de crête à suivre du bout des yeux
fermés
***
Faut dissiper les papillons
Ce que le vent déporte de brume
la nuit
c'est comme geste vain de la main
pour chasser papillons d'idées
Il souffle sur braises d'étoiles
taillade pulpe de nuages
ouvre brèche de veine lactée
Tentative ravivée d'un long chemin
Mais
ce que le vent déporte de brume
se dépose un peu plus loin
et ça revient
et ça devient
martèlements feutrés de piérides
aux blancs battements acouphène
Ce que le vent déporte de nuit
le matin aussi
ça revient
***
Passerelles
Le vent sculpte le silence
Il y saille des trouées d'oiseaux
Les pensées roulent et choquent
Comme des cailloux de crues
Crépitement fluide d'une coulée de grains
Dans un bâton de pluie
C'est comme un deuil blanc
Transe de funérailles au trépignement ivre
Et au chant litanique d'un jamais rassasié
D'un talweg à un autre
Passerelles jetées
COLETTE DAVILES-ESTINÈS
Née en 1960 au Vietnam, j'ai passé mon enfance en Afrique.
J'ai aimé écrire très jeune.
J'ai exercé le métier d'agricultrice dans les Alpes de haute-Provence.
Après cette parenthèse qui dura 30 ans, je vis aujourd'hui à Nice
et j'ai renoué avec ma passion de l'écriture.
Poèmes dans la revue de poésie La
Barbacane.