un si long hiver
l'hiver patiemment désosse la chair du vif
ne laisse que
la nervure pacifiée
ne lace que
la fragilité
où nous nous retenons
de disparaître totalement,
par-dessous les saisons
*
la mue sera d’une rudesse
de chèvre
le poil sec et
cette tendresse qu’on
sent à plein nez
près du petit bois
au ru épuisé
de pervenches
*
on le dira sorti
des lierres
émis
des alanguissements
d’une fêlure
sur gage
le trot lent
de l’enfant
hypnotisé de bleu
*
c’est l’hiver
qui replie ses longs
voiles d’infante
ses leurres de fées
qu’aigris
nous
balayons d’une aile
*
fait-il soif sous le
gel
les mains raidies supplient
de bouleter le
soleil
au moins son
ombre
*
pourtant
partant
d’un fil à linge
l’air
se regarde choir
à la verticale
d’un
trèfle gris
*
crue
d’une floraison de
flaques
comme toute bénédiction
pour nos godasses
parce qu’autrefois
*
sur le seuil
morne peine
vive la pie
ses noix
gavées de becs
affamés
*
on écueille
les rigoles
les avaloirs
ces yeux noirs
d’une terre aveugle
puis d’un crachat
nous soustrayons
l’espoir
à nos ténèbres
*
le soir gagne
en mauve
ce qu’il perd
en sollicitude
nos rages
tardent
à soigner leurs engelures
FLORENCE NOËL
Poétesse. Textes en revues. Blogueuse : http://pantarei.hautetfort.com/
Revuiste : Diptyque
http://diptyque.wordpress.com/