Un jour aussi
Prendre le matin de bonne heure
c'est monter à bord presque nu
s'installer vers autre chose
et même si l'on traverse
le même paysage qu'hier
de-ci de-là des couleurs
auront viré
un jour peut-être
sans crier gare
les tuiles des maisons
qui bordent la voie
cuiront d'autres couleurs
le soleil qui pointera à l'horizon
vibrera un air vainqueur
les ombres seront dorées
aux hanches d'autres collines
et des accents rougiront
à grésiller dans les porte-voix
***
L'impasse
Quand claque sec l'impossible
s'écrasant la face, le corps
contre des murs armés en
montagnes infranchissables
Quand le chemin disparaît
dans une nuit de souffrance
noire comme la mort brulée
sans air, desséchée de soif
Quand chaque pensée saigne
en heurtant sans aucun cesse
la paroi sourde aveugle du cri
pointe acérée vrillée au coeur
***
Je suis fait d'automne,
Je suis fait d'automne,
le sang, âme et cerveau,
modelé tout à sa glaise
comme santon d'octobre
J'en ai le battement à la veine
pour chaque vibration d'air
le goût ivre de son suspens
et une rumeur d'humus tiède
Je suis de ce bois-là, fécond
contemplatif extatique et nourri
au ravissement bachique
essence du vent des fruits
Le coeur déposé lourd d'arômes
sur l'hôtel gracile émouvant d'un
buisson de musique imperceptible
à toucher le vallon courbe fuyante
JACQUES CEAUX
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