Les larmes sur la peau creusent des sillons
puis des vallées qui grossissent
de grands lacs souterrains
où sommeillent des ombres,
visages aux traits obsédants,
parfums ensevelis,
images arrêtées dans le noir,
voix familières et fragiles
dont le timbre agrège
la mémoire à l’éternité.
On ne retrouve jamais le pays que l’on a quitté :
il faut vivre avec un passé introuvable
car on ne saigne que davantage
à revenir sur les lieux perdus
où rien n’apaise la blessure de l’exil
ni n’absout l’abomination du naufrage.
Le temps est ma maison en feu.
Comment admettre que
les pans de mémoire qui la tenaient debout
soient réduits en cendres ?
Alors de moi à toi,
de mal de vivre en mal de mots,
écrire un chemin d’alliance :
« l’autre est un je »
et mon poème la voix
de cet autreen moi
qui dit le sens et le désir.
Si j’étais un arbre je fonderais
quelque espoir de survie dans mes racines.
JACQUES ROLLAND
J’ai 57 ans, j'exerce le métier d'éducateur de rue et suis le papa de 2 enfants.
Après un retour tardif à l’écriture et surtout à l’édition (un unique recueil de jeunesse publié aux éditions de l’Athanor - J.L. Maxence - en 1976), des poèmes ont été publiés sous mon nom ces dernières années dans des revues papier ou en ligne : Le Capital des Mots, Francopolis, Pleutil, Ecrits…vains ?, Comme en Poésie, La Page Blanche, Les Cahiers de Poésie…