Pour mon amour,
à qui je dois tant d’amour.
J’ai besoin d’un arbre
pas de deux ni de trois
un seul suffira.
Pour déployer mes rêves de démente
pour envoyer d’une branche tremblante
mes prières à l’univers…
J’ai besoin d’un arbre
même sans feuilles
un arbre en bois.
Avec ses branchicules
comme des nerfs
qui griffent l’air…
J’ai besoin d’un arbre même petit
même imaginaire
mais j’ai besoin de lui.
( Inédit)
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Arbre
Arbre
Tu es
Arbre
Tu es
Frêne
Tu es
Charme
Tu es
Charme
Tu es
Chêne
Tu es
Toi et
Tu es
Bois.
( Inédit)
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Un arbre.
Ploup !
Plus d’arbre.
Deux arbres.
Ploup !
Plus d’arbres.
Trois arbres…
...
Les revoici
Transfigurés.
Petits papiers froissés
Et multicolorés
Dans le vent des publicités...
(Inédit)
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Métamorphoses
Dans la nuit avancée, des arbres une colonie. Sur le papier leur sang encore...
Je m’invente des arbres et leur danse macabre à l’heure d’un départ : complices du manche de la hache, du manche de leur plaie – dansent comme des Indiens avant de partir à la guerre.
Ici tout a encore des racines ; un claquement des doigts et le plafond bourgeonne, des feuilles poussent aux livres. Mon lit fleurit.
Ce ne sont pas des rêves de la nuit.
J’entends monter la sève étage par étage, la maison va craquer du retour de la vie – la cheminée était pourtant de pierre, et la voilà sensible, ondulante, croissante... Un nuage claque au faîte.
Sans une plume, le verrais-je ?
Sur le papier de vos sacrifices,
Arbres,
décidément je vous salue.
( Inédit)
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Je suis revenue au pied de mon arbre.
C’est un saule vert d’eau.
Il pleure toute la pluie du monde.
À la fenêtre de mes songes
Il est souvenir du ciel.
L’a-t-on brûlé je ne sais plus.
J’étais enfant de l’air sur un arbre de l’eau,
Ses larmes douces à ma soif.
À l’aube de ses bras j’ai dormi j’ai rêvé
Écureuil sans noisettes je grimpais.
Il n’a jamais protesté.
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Comment ne pas rendre hommage, puisque je traverse les grands arbres de ma vie, à ce platane dans la cour d’une école primaire au pied duquel on m’avait consignée… et qui, de ses racines comme de ses bras, avait épousé mon dos, mes petits reins bercés par sa solide immobilité.
Dame mélancolie aux douces intentions, ajoutant à ces bienfaits, alimenta mes rêves avec un tel talent qu’il fallut me tirer par les bras pour m’arracher à eux… et je crois bien que souvent encore j’ai goûté cette torpeur délicieuse d’être unie au silence quiet d’un arbre, au milieu de gamins excités qui s’agitent et piaillent.
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J’ai avalé un arbre
Il n’est plus question d’avoir le ventre creux
Ou le cœur en courants d’air.
Maintenant vivre est sérieux.
C’est du bois, du bon bois, solide et fier,
C’est du bois avec ses fibres qui respirent,
Un bois heureux.
Extraits de "J'ai avalé un arbre" ( Éditions Hélices, 2010)
MARIE VOLTA
Auteur-compositeur-interprète. Musicienne. Poètesse. Membre de l'association Hélices.
Albums : Le jongleur ( sous le nom de Miquette) ( MT & G production, 1997 )
Chanson de toile ( Édition 4 , 2005)
Participation à Brassens et compagnie ( La route aux quatre chansons, 2005)
Paris-Bamako ( Projet Afrique Niger, 2006)
Héliopolis, Chansons solaires ( Éditions Hélices, 2008)
Recueil: J'ai avalé un arbre ( Éditions Hélices, 2010)
Plus d'infos sur : http://marievolta.free.fr/