Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - MAURICE COUQUIAUD

Publié par ERIC DUBOIS sur 19 Septembre 2013, 19:03pm

Catégories : #poèmes

 

Transparence

 

 

 

 

Les frissons ont quitté le continu

pour se plaire dans l’alternatif.

Partout, l’imaginaire vit sur pile,

le virtuel se recharge en batterie.

 

Je suis assailli par des légendes blessées,

que d’autres aujourd’hui se plaisent à faire souffrir.

Ce sont mes frères humains qui les font avorter.

Il n’est plus d’héroïnes au seuil de la pureté,

ni de beaux chevaliers qui se jettent à leurs pieds.

 

Heureusement pour la beauté,

la poésie demeure une toile sans serveur

dont les réseaux illimités

sont tissés sur les consoles du cœur,

brodés sur les claviers de l’ombre,

imprimés sur les touches de la sensibilité.



***

 

 

 

Le parachute

 

 

 

Les allemands avaient peuplé le toit de notre école de mitrailleuses et de canons, au dessus du dortoir des grands.

En fouillant le ciel, les projecteurs en avaient chassé les anges.

Les tirs contre les avions alliés venus bombarder les usines ont sans doute abattus les rêves de mon frère aîné, brisé ses premiers élans de poète.

A proximité, heureusement, j’avais muni les miens d’un parachute intérieur. Avec souplesse, ils ont touché le sol de mon enfance, se sont blottis dans les abris de mon être effrayé.

Lucide, pour un futur de nouveaux tourments, j’en ai gardé jusqu’à ce jour la soie,… préservé soigneusement la douceur, utile pour atterrir sans dommages excessifs dans la réalité.

 

 

 

                                            ***

 

 

Les sauniers

 

 

Comme celui de la mer,

l’air vif de l’émotion

passe et repasse à travers les hommes.

Il dépose à la surface des âmes

les fleurs de sel du destin cristallisé.

Les poètes ne doivent pas oublier

qu’ils sont les sauniers de la vie.

Ils suivent la route ancienne

qui va d’un cœur à l’autre

pour en fortifier le goût.

 


                                           ***

 

 

Paradoxes

 

 

Il est des paradoxes inoxydables

qui font du bien à l’imagination.

Celle-ci peut déguster leurs contradictions

cultivées sans faire intervenir

les vieux engrais de la raison.

 

Comme la tendresse humaine,

la poésie est une fée paradoxale.

Elle pique parfois sa victime,

non pour la faire dormir

mais pour emporter ses rêves

bien au dessus des nuages.

 

Le baiser poétique du prince charmant

cherche toujours des lèvres pures

pour éveiller des images endormies

 

 

 


                                           ***

 

 

Solfège

 

 

Il est des moments sans pareil

où la lumière joue par les ouvertures

de sa flûte enchantée par le soleil.

Elle me permet d’entendre les murmures

de l’ombre sous les arbres,

d’oublier un moment le cri des armes,

d’inscrire la mélodie des feuilles

sur le solfège des mots qui passent.

 

 

MAURICE COUQUIAUD

  

  

Maurice Couquiaud fut rédacteur en chef de la revue Phréatique pendant 17 ans et vice-président du Pen-Club pendant 7 ans. Il demeure sociétaire de la Société des Gens de Lettres, membre du Centre de Recherches et d'Etudes Transdisciplinaires.

Il est l'auteur de trois essais consacrés à ses réflexions sur l'étonnement poétique et la place de l'homme au sein d'un univers mystérieux. Parmi, ses dix recueils publiés, certains ont été couronnés par des jurys prestigieux comme ceux de l'Académie française ou de la Société des Gens de lettres.

 

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