A DEUX PAS DE LA NUIT
J’avance
et je suis seul
avec moi-même
mon ombre et moi.
Mon compagnon
sera la première
ombre venue
à ma rencontre
Ami d’une heure
ami d’un jour
que m’importe
solitude contre solitude
Ma vie, la tienne
ta vie, la mienne
qui sommes-nous ?
des passants
Rien que cela
tes mots
sur mes mots
forment une grammaire
Une musique
on se parle
à soi-même
on ne s’écoute pas
A quoi bon !
on dit les mêmes choses,
ou à peu près,
le cœur n’y est pas.
On ne se reverra pas,
alors, à quoi bon
faire semblant.
Ne jouons pas.
Le long des murs
des maisons
vides, fermées
à double tour
Je passe lentement
m’arrête des fois
pour voir
essayer de voir
des choses, des gens,
des cours fleuries
des plaques
marquées
d’un nom célèbre,
des traces du passé
des moments perdus
oubliés de tous.
La nuit est mon double
ma pensée, mes rêves
le passé revit, vient
jusqu’à moi
UNE SOIREE CHEZ PROUST
Boulevard Haussmann
près la place Saint-Augustin,
une fois la nuit venue,
les rues désertes.
J’ai revêtu mon beau
smoking, lissé mes cheveux,
peigné ma moustache,
parfumé mon corps.
J’ai banni de mon vocabulaire,
toute trace de vulgarité,
je me veux parfait,
ne serait-ce qu’une soirée.
Je rencontrerai l’élite,
l’élite de la pensée.
Je mesurerai mes propos
mangerai peu.
buverai encore moins
pour être mille fois plus présent.
Je noterai tout ce que j’aurai
vu et entendu.
Un carnet noir m’attend,
ouvert sur une page blanche.
J’y consignerai chaque moment,
vécu, chaque parole dite.
En sortant,
j’irai me perdre
au square Louis XVI
ou j’irai à la statue
de Jeanne d’Arc
tourner autour,
en guise de danse
Totem ou saluer
le bon Déroulède
et sa trompette guerrière
à soulever les cœurs
et remplir les tranchées de 14-18.
Le maître des lieux,
évanescent, discret, diaphane
et tellement présent
d’un mot d’esprit, d’un aphorisme.
Je quitte les lieux
ébloui d’avoir cotoyé
les sommets de l’esprit
et subitement petit dans mon smoking.
MICHEL OSTE
La poésie a toujours accompagné sa vie, depuis ses premiers poèmes d’adolescent jusqu’à ceux d’aujourd’hui. Publié très tôt dans des revues littéraires, notamment à la « Table ronde », la poésie a été la trame de fond de toute sa vie. Après des études techniques, puis d’économie, il a exercé des responsabilités diverses dans des groupes internationaux. Sur le tard, il a entrepris des études universitaires en Histoire des techniques (diplôme de DEA). Il publie également dans des revues papier comme Poésie-sur-Seine, Poésie/Première. Il a été lauréat du Centre Froissart avec son recueil « Loin du silence des étoiles »
Il est connu dans les revues littéraires du Net comme www.ecrits-vains.com et www.francopolis.net
Parisien de naissance, marié, deux enfants, aujourd’hui retraité.
En automne 2006, aux Éditions Poiêtês, est paru son recueil
« Jalons » et en janvier 2008 chez « Encres vives » un recueil intitulé « Brisures ».