Vous vous êtes allongée
Sur une peau d’animal
Victime de mort naturelle
Et avez interrompu illégalement
Votre consommation d’alcool
Depuis que papa s’est endormi
D’un coup de baguette magique
Vous êtes entrée en religion
En même temps que toutes ces croix
Collectées par les pleureuses
Du royaume
Vous voilà en train de reprendre
Un nouveau départ
Dans le mutisme
Auquel vous soumettre
Au croisement d’un viol unique.
***
Vous avez posé un verre d’eau sur la table
Examinant votre corps nu
A la clarté du liquide
Laissé la nuit
Comme une veilleuse
Qui ne s’évapore pas
Avec les prières
Ou plutôt
Vous ne vous êtes pas déshabillée
Après avoir cassé tous les miroirs
Déployant vos yeux
Sur la glace au plafond
Tandis que le verre d’eau posé au bord du vide
Laisse perler
Des gouttes sur votre corps
Dressé en mémoire de personne
***
Vous avez beau avoir cassé les vitres
Pour éteindre les braises
D’un joli feu de camp
Qui n’a pas eu lieu cet été
Vous regardez une fois de plus
L’étendue de cette pièce pourpre
Il reste quelque chose
Qui ne suinte pas
De la moquette
Sur laquelle vous rampez
Comme un serpent
Avec des larmes de colère
Quelque chose qui se joue de vos obligations
Patiemment tissées
Pour remplir le vide
Et vous faire mordre l’enfer
Juste avant que le prince charmant
Ne se réveille à son tour
PATRICE MALTAVERNE
Né en 1971 à Nevers, Patrice Maltaverne a publié 300 poèmes environ dans une vingtaine de revues, depuis 1990, ainsi que les textes suivants (derniers parus) :
« Souvenirs d’une ville illégitime » (Encres Vives, 2008)
« Faux partir » (Editions « Le Manège du Cochon seul », 2009)
« Prélude à un enterrement sur la lune » (36eEdition, 2010)
Anime le poézine « Traction-brabant » depuis janvier 2004 : 36 numéros en circulation à ce jour, plus le blog : http://www.traction-brabant.blogspot.com/