Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - RICHARD TAILLEFER

Publié par ERIC DUBOIS sur 22 Juillet 2011, 09:07am

Catégories : #poèmes

Mon village

De terre et de désirs

 

Dans le silence

D’un matin de février

 

Ici ni vent

Ni chien maboul

 

Petit foin sauvageon

Un simple buisson de fenouil

 

Au loin

Point de nouvelles

 

Si ce n’est

Quelques rares nuages paresseux

 

Voici

L’heure où la lune s’efface

 

Je rêve de vous

Et vous n’en savez rien

 

 

 

****

 

 

 

Chaque nuance

Amplifie le rythme

 

Au gré du vent

La colline immobile

Se prosterne dans les muscles du temps

 

Ici ce n’est

Qu’un irréversible

Chevauchement de désir

 

Bouches dédoublées à l’infini

Sous la morsure des strates

 

Un territoire

De peau incandescente

Dans un vacarme de forces sismiques

 

La plaine

Est loin d’épuiser sa peine

 

On dit

Que tout doit finir

 

Retourner au néant

 

Alors je songe

A l’ordre insaisissable de la vie

 

 

 

 

 

 

*****

 

 

 

 

 

Rue du Bourg Ti bourg

Au « verre à soif »

Café des Amis

Chez Madame Vidal

 

Un soir

De dégustation en aveugle

Jusqu’au point du jour orphelin

 

A jouer

Au petit train des bouchons

 

André

Tel « un Bison Ravi »

 

Dans toute sa splendeur despotique

 

       Radotant

Jusqu’à plus soif

Ses évocations fantasmatiques

Sur Catherine de Russie

Et sa garde de cosaques

 

Entre Chiroubles et Côtes-du Rhône Valréas

 

« L’ivresse

Dissout les monstres de la nuit

 

Travailleurs de tous les pays

Enivrez-vous »

 

 

 

 

 

 

       ***

 

 

 

 

Jamais ne semble pressée

La chevrière dans son pré

 

Elle brille de mille feux

Comme la mer en été

 

Son jardin est sombre

Les jours de pluie

 

Et son visage porte

La couleur du vent frais

 

Immobile et sereine

Elle fixe la montagne sous la neige

 

Egarée

Dans ses grandes ailes de papillon

 

Personne ne la voit

Lorsque la nuit pointe son nez

 

Et cause ses larmes

 

Il est si loin déjà

Le jour d’hier

 

 

 

 

       ***

 

 

 

J’ai bâti ma raison

Au bord d’un océan

 

Mes yeux sont des fenêtres

Qui s’ouvrent sur l’horizon

 

Et quelques mâts de cocagne

Qui tanguent à la barbe des goélands

 

C’est ainsi que je suis !

 

Dérivant sans cesse

Telle une âme en peine

 

Parfois contant et gai

Solitaire comme un mousse rebelle

 

Balloté par la vague

Tourmenté par le vent

 

Je vais là où personne ne m’attend

 

Sans jamais me lasser

Des rêves qui m’emportent

 

Loin des ports

Loin des femmes

 

 

 

       ***

 

 

Massif du kaiser

Face Est du Karl spitz

Cotée TD Sup

 

Retour sur la vallée de St-Johann

 

C’est le soir qui tombe

 

Je pense à vous

 

L’obscurité nous enveloppe

Dans un étrange jeu de piste

Aux pieds des roches qui se dérobent

 

Pas question de s’égarer

 

Sombrer

Dans le vertige des sommets

 

A ce moment là

Nous sommes toujours seuls

 

Avant la dernière chute

L’accélération du vide

Ou l’appel du refuge

 

Reprendre son souffle

Avant l’effusion finale

 

Et cette sensation froide de l’air

Qui file entre les doigts

 

 

 

 

 

 

        ***

 

 

 

 

 

 

          A chaque chose que tu vois ou ne vois pas

A chaque chose que tu crois ou ne crois pas

 

Toutes ces choses auxquelles tu ne crois plus

 

Dire ou penser que l’absence

N’aurait pas d’importance sur les choses

 

On est toujours l’un de l’autre

Est rien n’est comme

Sans l’autre

 

D’une chose à l’autre

Soleil et lune tour à tour

 

Un coq chante à la cime d’un mûrier

 

Envisage

Encore et encore

 

L’arrivée du printemps

Quand il fait froid dans le corps

Et que le vide prend la tête

 

Laisse venir à toi

La lumière du ciel dans tout son éclat

 

Ces prés plus verts et ces fleurs plus belles

 

Va là où le vent te porte

 

Laisse le blanc manteau de la nuit

Envelopper ton cœur

 

Respire à pleins poumons

Ce monde qui nous dépasse

 

Comme tes larmes

Comme tes rires

Après l’orage

 

 

 

Montmeyan un 21 juillet 2011.

 

 

 

Extraits de "Clins de mémoire"

 

 

RICHARD TAILLEFER

 

 

 

 

 

Richard Taillefer. Un poète débraillé

 

 

Poète revuiste. Cofondateur de la revue Poésimage.

 

Né un 21 avril 1951 à Montmeyan,  dans un de ces villages perchés du haut Var.

Enfance et adolescence à Marseille.

 

 Un CAP d'ajusteur en poche.

 Droit comme un i sur son solex 3200 débridé entre le CET Charpy

et le lycée Jean Perrin.

Conducteur de locomotive à la SNCF de 1972 à 2001

 

.

Depuis 2001

Maire Adjoint délégué à la culture dans la ville de Savigny-le-Temple en Seine-et-Marne.

 

Publcations:

 

Combat pour un amour / 1977

Ombre et lumière / Cahiers Froissart / 1979

Litanies pour quatre saisons / Cahiers Froissart / 1981

Au rond point des falaises / Cahiers froissart / 1984 / prix Froissart.

Corps de papier / La Table Rase / 1991

En un clin d'oeil / Patrimages / 2009

Jusqu'à ce que tout s'efface / Editions Dédicaces / 2010

 

Collaboration à de nombreuses revues littéraires:

 

Poésimage,La Sape, Décharge, Cahiers Froissart,Jointuire, Comme en Poésie,

Patrimages, Capital des mots, Intuitions, Les cahiers du charbon Blanc...

 

Entretiens avec les Peintres:

 

Emile Sabouraud, Henri Goetz, Bengt Lindström, Edouard Pigon, Patrick Lipski,

José Pédros I Ginestar...

 

Invité au salon du livre de Montréal en 1986 dans le cadre de l'OFQJ.

Rencontres avec les poètes, Gaston Miron, le "Bison ravi" alias Patrick Straram,

Claude Beausoleil, Lucien Francoeur, Madeleine Gagnon...

De ce séjour, naîtra "Rencontres Québécoises"/ Poésimage / 1988

 

Anthologies poétiques:

 

S'il te plait destine moi un poème / éd.Haut de France

Poètes pour Haïtï / Secourspoétique. net / et aux Editions de l'Harmattan

Spécial Haïtï /  Revue Intuitions..

 

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