Mon village
De terre et de désirs
Dans le silence
D’un matin de février
Ici ni vent
Ni chien maboul
Petit foin sauvageon
Un simple buisson de fenouil
Au loin
Point de nouvelles
Si ce n’est
Quelques rares nuages paresseux
Voici
L’heure où la lune s’efface
Je rêve de vous
Et vous n’en savez rien
****
Chaque nuance
Amplifie le rythme
Au gré du vent
La colline immobile
Se prosterne dans les muscles du temps
Ici ce n’est
Qu’un irréversible
Chevauchement de désir
Bouches dédoublées à l’infini
Sous la morsure des strates
Un territoire
De peau incandescente
Dans un vacarme de forces sismiques
La plaine
Est loin d’épuiser sa peine
On dit
Que tout doit finir
Retourner au néant
Alors je songe
A l’ordre insaisissable de la vie
*****
Rue du Bourg Ti bourg
Au « verre à soif »
Café des Amis
Chez Madame Vidal
Un soir
De dégustation en aveugle
Jusqu’au point du jour orphelin
A jouer
Au petit train des bouchons
André
Tel « un Bison Ravi »
Dans toute sa splendeur despotique
Radotant
Jusqu’à plus soif
Ses évocations fantasmatiques
Sur Catherine de Russie
Et sa garde de cosaques
Entre Chiroubles et Côtes-du Rhône Valréas
« L’ivresse
Dissout les monstres de la nuit
Travailleurs de tous les pays
Enivrez-vous »
***
Jamais ne semble pressée
La chevrière dans son pré
Elle brille de mille feux
Comme la mer en été
Son jardin est sombre
Les jours de pluie
Et son visage porte
La couleur du vent frais
Immobile et sereine
Elle fixe la montagne sous la neige
Egarée
Dans ses grandes ailes de papillon
Personne ne la voit
Lorsque la nuit pointe son nez
Et cause ses larmes
Il est si loin déjà
Le jour d’hier
***
J’ai bâti ma raison
Au bord d’un océan
Mes yeux sont des fenêtres
Qui s’ouvrent sur l’horizon
Et quelques mâts de cocagne
Qui tanguent à la barbe des goélands
C’est ainsi que je suis !
Dérivant sans cesse
Telle une âme en peine
Parfois contant et gai
Solitaire comme un mousse rebelle
Balloté par la vague
Tourmenté par le vent
Je vais là où personne ne m’attend
Sans jamais me lasser
Des rêves qui m’emportent
Loin des ports
Loin des femmes
***
Massif du kaiser
Face Est du Karl spitz
Cotée TD Sup
Retour sur la vallée de St-Johann
C’est le soir qui tombe
Je pense à vous
L’obscurité nous enveloppe
Dans un étrange jeu de piste
Aux pieds des roches qui se dérobent
Pas question de s’égarer
Sombrer
Dans le vertige des sommets
A ce moment là
Nous sommes toujours seuls
Avant la dernière chute
L’accélération du vide
Ou l’appel du refuge
Reprendre son souffle
Avant l’effusion finale
Et cette sensation froide de l’air
Qui file entre les doigts
***
A chaque chose que tu vois ou ne vois pas
A chaque chose que tu crois ou ne crois pas
Toutes ces choses auxquelles tu ne crois plus
Dire ou penser que l’absence
N’aurait pas d’importance sur les choses
On est toujours l’un de l’autre
Est rien n’est comme
Sans l’autre
D’une chose à l’autre
Soleil et lune tour à tour
Un coq chante à la cime d’un mûrier
Envisage
Encore et encore
L’arrivée du printemps
Quand il fait froid dans le corps
Et que le vide prend la tête
Laisse venir à toi
La lumière du ciel dans tout son éclat
Ces prés plus verts et ces fleurs plus belles
Va là où le vent te porte
Laisse le blanc manteau de la nuit
Envelopper ton cœur
Respire à pleins poumons
Ce monde qui nous dépasse
Comme tes larmes
Comme tes rires
Après l’orage
Montmeyan un 21 juillet 2011.
Extraits de "Clins de mémoire"
RICHARD TAILLEFER
Richard Taillefer. Un poète débraillé
Poète revuiste. Cofondateur de la revue Poésimage.
Né un 21 avril 1951 à Montmeyan, dans un de ces villages perchés du haut Var.
Enfance et adolescence à Marseille.
Un CAP d'ajusteur en poche.
Droit comme un i sur son solex 3200 débridé entre le CET Charpy
et le lycée Jean Perrin.
Conducteur de locomotive à la SNCF de 1972 à 2001
.
Depuis 2001
Maire Adjoint délégué à la culture dans la ville de Savigny-le-Temple en Seine-et-Marne.
Publcations:
Combat pour un amour / 1977
Ombre et lumière / Cahiers Froissart / 1979
Litanies pour quatre saisons / Cahiers Froissart / 1981
Au rond point des falaises / Cahiers froissart / 1984 / prix Froissart.
Corps de papier / La Table Rase / 1991
En un clin d'oeil / Patrimages / 2009
Jusqu'à ce que tout s'efface / Editions Dédicaces / 2010
Collaboration à de nombreuses revues littéraires:
Poésimage,La Sape, Décharge, Cahiers Froissart,Jointuire, Comme en Poésie,
Patrimages, Capital des mots, Intuitions, Les cahiers du charbon Blanc...
Entretiens avec les Peintres:
Emile Sabouraud, Henri Goetz, Bengt Lindström, Edouard Pigon, Patrick Lipski,
José Pédros I Ginestar...
Invité au salon du livre de Montréal en 1986 dans le cadre de l'OFQJ.
Rencontres avec les poètes, Gaston Miron, le "Bison ravi" alias Patrick Straram,
Claude Beausoleil, Lucien Francoeur, Madeleine Gagnon...
De ce séjour, naîtra "Rencontres Québécoises"/ Poésimage / 1988
Anthologies poétiques:
S'il te plait destine moi un poème / éd.Haut de France
Poètes pour Haïtï / Secourspoétique. net / et aux Editions de l'Harmattan
Spécial Haïtï / Revue Intuitions..