( Le premier poème relate une histoire vraie, une de ces fables abominables qu'on trouve parfois en écoutant la campagne profonde. )
On s'en fout
Il était une fois un âne
Qui s'appelait
On s'en fout
Il était une fois des ânes
Qui s'appelaient
On s'en fout
Le premier est gris
Un âne à poils
Un bourricot
Les seconds sont huit
Des grands enfants
Des asticots
Dans un champ de village de Drôme de collines
Un âne qui s'appelait on s'en fout
Viennent les huit mâles
Qui saisissent l'animal par le cou
C'est pour pas qu'il se débine
Et hop ils lui glissent un bison dans l'édicule
L'âne on s'en fout crie des cris de bourrique
Les autres rient et se reculent
Blam pète le bison de l'édicule
De cet animal on s'en fout il est ridicule
Il court des enjambées
Paniqué
Se jete pour se refroidir son derrière
Dans un étang qu'on s'en fout
Mais un âne ça ne sait pas brasser
Car cela se saurait si l'on ne s'en foutait
Enfin voilà cet âne à barboter
Puis à se noyer
La morale c'est qu'on s'en fout pas mal
De ce vieil animal
Les autres s'en sortent pas si mal
Sales vauriens morveux canailles
Mais on s'en fout, au final.
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La valeur de la purée
Le zeste d'une orange orange
Une poignée de marrons marrons
De beaux radis noirs noirs
Un verre de vin blanc blanc
Trois fanes de carottes carottes
Un mash de patates patates
Purée ça ne marche pas tout le temps
Il va falloir réviser
La purée ne vaut pas moins que la compote
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Croquer le bout du pain
Parfois je le fais, parfois, je ne le fais pas. Aussi, souvent j'hésite. Cela choque mes principes, de le faire. Mais en même temps, ne faut-il pas parfois, les choquer un peu, les principes? La question peut se poser. Une attirance énorme, ou une répulsion veule. L'hésitation peut être longue jusqu'à la prise terminale de décision. Mais ce temps, cependant, n'est-il pas très court quand on compare la cogitation à la maigre distance qui sépare le lieu déclencheur et le lieu d'arrivée? Point crucial. Question existentielle. Ce soir je ne le fais pas, mais demain, peut-être choisirai-je une autre voie. Qui sait? Pas moi en tout cas, et je ne veux surtout pas savoir à l'avance mes choix prochains. Angoisse.
J'ai choisi tout d'un coup.
Merde alors, c'est existentialiste.
XAVIER FRANDON
Il se présente :
Je m'appelle Xavier Frandon, made in 26 (Drôme). J'habite à Fontainebleau. Je suis actuellement travailleur social pour le Ministère de la Justice. Auparavant, j'ai suivi un cursus universitaire validé par un Master 2 en Histoire médiévale à Lyon. J'ai déjà publié trois articles dans des magazines, sur des sujets d'histoire militaire.
Je suis aussi musicien (piètre). J'écris comme un forcené, beaucoup de pages, surtout de la poésie, que je suis en train de mettre en forme. J'ai aussi un roman, en phase de relecture, que j'enverrai sous peu en maison d'édition...
J'ai toujours aimé écrire, seulement, depuis un an, je conserve mes textes, je les travaille et les mène au bout, puis je les garde et les donne à lire, quand, avant, discrètement, je virais tout à la poubelle! Ce sont deux amies professeurs de Lettres, et un autre, philosophe à ses heures, qui me poussent à proposer mes textes à publier.