Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - LUC-ANDRÉ REY

Publié par ERIC DUBOIS sur 27 Avril 2014, 07:10am

Catégories : #poèmes

 

après la mort de l'ange

 

après

la mort de l’ange

 

celui qui était là, depuis les premiers temps

les peines et les combats

les victoires et les joies

 

après

la mort de l’ange

                                      il ne savait plus rien

les mots

 

 

pour dire, l’écart

 

entre lui

et le monde

 

cet écart infini

où tout nous est du monde

 

les mots

et la tendresse,

                                      où l’on s’accueille monde

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

il n’y a plus d’horizon

 

l’espoir

cet horizon

la peau

quelques frissons

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

l’infini se recourbe

les choses

disparaît

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

rien plus ne nous effleure

rien plus ne nous est peau

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

on aimerait se taire

on aimerait le rejoindre

                                                    cet ange

mais où donc ?

 

il est éparpillé

le monde tout entier

 

et pour le retrouver

tout

tout

réassembler

 

 

mais tout

on ne sait plus rien

 

même pas l’indispensable

où autrefois

dès l’aube de nos temps

là,

l’ange

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

le visage se tait

le sourire disparaît

 

et les yeux
savez-vous ?

ce qu’ils voient

 

ils voient mais aveuglés

le monde,

sans l’écart

 

entre nous et le monde

 

et cet écart

sans nous

 

sans nous sans rien du monde

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

le traverse

mais rien plus ne s’attarde

 

il faudrait pour cela qu’il s’y accorde des yeux

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

le traverse

le monde

le traverse

le temps

 

mais comme il n’est plus là

il n’est plus là

de temps

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

 

le soleil

n’est plus que le soleil

le ciel

n’est jamais que le ciel

les nuages,

les nuages

 

avant la mort de l’ange

 

le soleil

était le soleil

le ciel, le ciel

et les nuages,

les nuages

 

 

 

 

 

 

après la mort de l'ange,

il n’y a plus d’avant

 

avant qui nous était quelque chose d’éternel

 

 

 

 

 

 

après la mort de l'ange,

 

parfois

les mains tendues

 

malgré

et nous le savons

 

personne ne les osera

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

 

on avance le monde ce nu qui nous précède

 

avant

de bien avant

 

qu’en ce monde quelque ange

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange on se cherche une tombe

tenter un peu de terre tout ce qui nous est manque

 

mais on ne la trouvera pas

sauf à chercher dedans

le vaste dedans soi

où n’est aucun dedans

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

 

le silence

 

rien plus ne le traverse

le transperce

 

le déchire

 

l’accorde à nos blessures

 

de blessures

il n’y a plus

 

rien là que des déserts qui assèchent la lumière

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

 

une ombre

haute comme le corps

et large

et profonde

 

elle n’est pas de ces ombres qu’engendrent une clarté et l’opaque d’un corps

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

 

demeure, quelque chose, ce monde

sans rien du monde

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

les mots, ne sont plus rien

 

même pas

notre peau

 

 

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

 

la peau est une frontière qu’on ne peut plus frontières

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

 

le cri

qui nous est monde

 

les peines et les joies

le plaisir

la souffrance

 

 

ce cri

on ne le sait plus

 

il est redevenu ce qu’il nous est ce monde avant toutes les naissances

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

 

on dépose la plume

on éteint le cahier

 

on lève lentement la tête

 

on espère, malgré nous

 

on espère

devant

 

sur un fond horizon

la grâce

d’un visage

 

 

 

 

 

 

après la mort de l’ange

le ciel ne nous est plus

la splendeur des nuits

le soleil

les nuages

 

il nous est cette peau d’avant qu’elle nous vienne corps

 

 

 

 

 

 

 

LUC-ANDRÉ REY

 

 

 

Bibliographie

-la rue, la vérité, le vent - maelstrÖm réévolution, Bruxelles, 2009

-plasmaphérèses - maelstrÖm réévolution, collection Bruxelles se conte, Bruxelles, 2011

-qui a connu la rue - Maison de la Poésie d'Amay, collection POM, 2012

-fragments 2 - Maison de la Poésie d'Amay, collection Résidences, 2012

-Isabelle - 3 exemplaires hors commerce, février 2013


 


 

Participations 

-Passages - Maison de la Poésie d'Amay, 2010

-De l'autre côté - Maison de la Poésie d'Amay, 2011

-Métissage - Maison de la Poésie d'Amay, 2012


-Poètes pour Haïti
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=33231

 

A assuré la direction littéraire de : bords de mondes, photographies de Martine Cornil,

chacune accompagnée du texte d'un auteur - maelstrÖm réévolution, Bruxelles, 2012


 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Nous sommes sociaux !

Articles récents