Pour à Contre
Pour tous ces grands voyages que nous ne ferons pas
Pour autant de rivages où ne crierons pas terre
Pour cet avion si pâle en forme de trépas
Pour un vaisseau fantôme qui sous les draps se perd
Contre toi à chaque heurt
Contre toi je trépas
Pour tous ces clairs de vie que tu as occultés
Pour mes jambes coupées et pour tes lèvres closes
Pour tant d’obscurs soleils jamais réanimés
Pour la fuite du tant et du si peu de choses
Contre toi à chaque peur
Contre toi je trépas
Pour l’aigle décapité au fond de sa tanière
Pour savoir au matin l’improbable horizon
Pour une inspiration délitée en lanières
Pour dénouer l’amant à chaque expiration
Contre toi à chaque leurre
Contre toi je trépas
Pour tarir en reflux les mots écartelés
Pour les rires insensés engloutis dans la vase
Pour l’été vomissant une errance gelée
Pour le désir de mordre dans une terre arase
Contre toi à chaque heure
Contre toi je trépas
Pour un écheveau d’âme dénouée en poussière
Pour un iris aveugle embrasé de terreur
Pour n’espérer demain rejouant comme hier
Pour à contre courant éteindre la lueur
Contre toi à chaque cœur
C Contre toi n’être pas
31 décembre 2010
***
Pôles
Colombine du rêve encore
A découvert le pôle nord
Emmitouflée d’éphémères
Dans les bras d’un Pierrot lunaire
Une musique cristalline
Des guitares tempétueuses
Inlassablent les devenirs
Les doigts levés en ban-the-bomb
Sur les pavés glacés
Des anciens défendus
Elle marche pieds nus
Puis renvoyée dans ses vingt-deux
Part à l’aile
Un vol plané en grand piqué
Elle atterrit au pôle sud
Où les racines se multiplient
Hanches vêtent son corps
Solidement ancrée au sol
Elle n’a pas vu à l’intérieur
La pourriture gagner ses peurs
Attend le temps
Plantes de pied grillées
Sur un sable en tourment
Elle marche pieds nus
Dans un cyclone de survie
Prise à l’œil
Elle se retrouve en suspension
Attirée jetée repoussée
Polarisant les bords arides
Ses aimants du nord et du sud
En désunion chantent magnétique
Elle oscille sur son fil à limbe
Au mouvement de novembre
Terreur d’un univers
Trop déboule trop chamboule
Sur l’inconnu qui vague
Elle marche pieds nus
21 novembre 2010
***
Dédale
Les murs trop blancs
Réverbères de mots écrasés
Comme des crachats régurgités
Sur mon Néant
Ombres funestes
Scarabées mous de mon rorschach
Verdictent l’heure de mon écart
Passage à l’ouest
Le faux-semblant
A raison de ma déraison
Mirage des poings liés-lions
Camisolant
Crier sans voie
Lactée maman oh abandon
Piqûre d’oubli tue électron
Entendez-moi
Semer des glands
Perdu chemin dans le bocal
Désespérée mon âme Dédale
Les murs trop blancs
8 septembre 2010
***
Non anniversaire
Non anniversaire
Rides dans la terre
Et bas-de-coeur
Trop peur
Muselée étranglée
Poupée épinglée
Ne sait pas marcher
Trébuche
Non âme à l’envers
Sillons trop amers
Mouche la bougie
Et prie
Les fleurs du silence
En deux ans d’errance
Eclatent dans leur danse
Macabre
Non anniversaire
Faut-il encore taire
Le cri latent
Ah mens
Affranchis bannis
Le chat la souris
Noyés dans l’éther
Nités
Non anniversaire
Petite fille en verre
Ailes volées en
Eclat
A se demander
A quelle saucée
Elle sera mangée
Tout’crue
Non anniversaire
En l’air
2009
Extraits de "Crilence"
(Chum éditions 2013)
ÈVE DE LAUDEC
Membre de la Société des poètes français, de l'Union des poètes, de la Société des gens de lettres, de la Défense de la langue française et de la SACEM.
Eve de Laudec née à Paris en 1950, d’une famille d écrivains et comédiens. Vit 30 ans en Afrique.De retour en France se consacre à l’écriture. Finaliste du prix Hervé Bazin de la micro-nouvelle en 2011 (revue Harfang n°10). Publie en 2012 Crilence, recueil de poésie (Ed. C.Lorrain), réédité en 2013 chez Chum Editions. Ecrit nouvelles, poésie, paroles de chansons. Fait des lectures publiques musicales, des échanges littéraires sur le web. Un site, l’emplume et l’écrié . Prochaine publication: poème dans Anthologie poétique (Dossiers d’Aquitaine) et un recueil prévu pour septembre.