L’eau noire de la Seine a
d’un coup
dévêtu
ton esprit de ses peurs
à ce moment
tu as été
fort
les cloisons sont tombées
et là
de ce lieu séparé
tu me regardes
piller la neige de personne
jour sans joie
aux doigts gercés
là
au creux des croyances
roule une pierre de poussière
sobre oubli
plus légère encore
ton âme ensevelie
m’appelle
comme m’appelle
le livre ouvert sous l’écume
où frissonne ton cœur
mot à mot je te rends le sang
cru
levé
cher disparu
grince un flot de silence
grince
ta proximité
***
Pierres encore
qui accrochent la mer
et la déchirent
je tends
je tends la main aux vertiges
chutes soudaines
mieux qu’un vol
un regard
une ombre
terres vaines
habitées de tourbe sombre
d’eau de brume
agenouillé sur la pierre des vents
et chaude
et attendue
à l’eau brune soulevée
cris d’oiseaux
à l’aube à la nuit je t’appelle
je t’abjure
ventre stérile des désespoirs
bourrasques noyées de brillances
et d’écume
je mange et crache à la manière de ta houle
donne-moi ta rage
la piété de tes yeux
je veux te craindre
râles perdus roches et fracas de ta vague
effacements intrépides soupirs
de ton cœur
montent de terribles paroles d’eau
cerné de ciel
je piétine le vide de tes nuits
et méprise ta vérité
sois la main de l’extrême supplice
ce n’est plus ta terre
ce n’est plus ta nuit que j’arpente
c’est ta folie
comme une voile
arrachée
du ciel
****
Porter ce poids
Qui
qui n’est plus le langage
remplacé
venu au près
Elisabeth
perdu
non plus le poids de ton bras
sur l’épaule
qui plonge au plus profond
face à l’eau les reflets
de ton pouls
et le flot des pensées
déjà plus
ce vent tapant la porte
du jardin
en furieuses écharpes de grès
peut-être le souvenir de ce rêve
courant depuis Argol
Argol
Menez-Hom !
Elisabeth de ce mont
âme aux mains plissées
je dévale la pente
guidé
par l’ajonc de tes yeux
qui es-tu allant les poings fermés
dévêtu du poids
de nos mémoires
***
Le franchissement de l’Aulne
Après la dispute
je sombre dans la chair du fleuve
je ne suis plus que les mots jetés sur le chemin
de boue
après la ferme
la terre d’eau noire
se mêle à la nuit
plus que l’écho de ta voix
venu de l’autre rive
semence de futures douleurs
dans la brûlure des courants
flottent des couleurs de vérité
et je nage vers la mer
décapé par l’écume avec
au cœur
un tourment
d’éternité
ALAIN BRISSIAUD
Il se présente :
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