Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - XAVIER FRANDON

Publié par ERIC DUBOIS sur 16 Février 2015, 14:25pm

Catégories : #poèmes

Le rat géant

 

 

 

Caché dans un mouchoir de poche

                                                     : un rat géant

Ses longues dents traînent par terre

Et ça fait des bruits bizarres quand il bouge

Alors il ne bouge pas

Il reste là tout tranquille

Il attend qu’on vienne le délivrer 

Par exemple un dentiste !

Ou un technicien de la lime

Ou un bûcheron spécialisé dans les dents

Avec une hache spéciale

Avec une tronçonneuse dentaire par exemple

Autrement il risque d’en mourir !

Mais pas un arracheur

Car ça fait trop mal à moins qu’on ne l’endorme

Mais alors on en revient au dentiste

Qui doit être aussi anesthésiste

Spécialisé dans les rats

Géants, du coup

 

Un rat avec une dent plus longue que l’autre

C’est le fond du problème

Une dent contre eux, qui se moquent de lui

Qui ne le laissent jamais en paix

Alors qu’il ne bouge même pas

Qu’il ne bouge tellement pas

Qu’on dirait une statue de cire articulée

On dirait qu’il ne bougerait que pour faire peur aux enfants

Mais c’est à peine s’il se dandine un petit peu

Ce n’est pas un mouvement bien méchant

Et au final il ne fait peur à personne

Pas même aux enfants

C’est juste pour ne pas attraper des fourmis dans les jambes

Qu’il se dandine un petit peu comme ça

 

Il n’aime pas les fourmis

Elles sont bourrées de protéines mais il n’aime pas ça

Ce qu’il veut c’est courir dans les champs

« Rat des villes rat des champs gros rat géant

Une petite référence très utile au passage »

Se dit-il pour se changer les idées

Puis il retourne à son souci

Ou comment faire des ratons

Sans bouger

Sans rate

C’est raté

La rate lui gratte comme une pomme de terre

Et voici qu’à force de s’ennuyer il nous ennuie aussi

« Une rate n’est pas une pomme de terre »

Il en rigole en se le répétant

Une rate n’est pas une pomme de terre

Et ce n’est pas en épluchant les rates

Qu’il se rongera les dents

Ou lala

 

Bilan des courses nous avons un rat géant

Caché dans un mouchoir de poche

Avec de grandes dents plantées dans le plancher

Dont l’une est plus longue que les autres

Il ne se déplace pas et se dandine

Pour se dégourdir un petit peu

Et il faudrait un spécialiste pour le déverrouiller comme un dentiste par exemple

Mais les enfants n’ont pas peur

Mais personne n’a compris

Que s’il veut bouger

C’est juste pour amuser les enfants

Les ratons de la rate qui n’est pas une pomme de terre

Et sans blague au passage

On est revenu au début

Sauf qu’il a aussi parlé deux fois dans le texte

Et le rat rate son coup

Et une pierre lui tombe par hasard sur la tête

Qui s’en trouve ratatinée

Et il a une dernière pensée pour nous

Mais elle n’est pas jolie jolie

Alors je ne vous la dis pas

 

 

*

 

Quand je colle une étiquette sur un canard

C’est pour être sûr de pouvoir le retrouver

Je l’enregistre avec son code barre

Dans ma base de données

 

Parfois j’en ai besoin, parfois pas

Mais je sais toujours ce que j’ai fait de mes canards

Et je les garde sur la longue durée

On ne sait jamais, des fois que ça servirait

 

 

*

 

 

 

Dans la robe qui s’affiche en étoile solitaire

J’écope mon amplitude au milieu de mille petits papiers

O comme nous respirons la mer, et le déni de sa précipitation

Comme tout est total dans le remplissage

 

Les plis sont des rivières fraîches où je m’assoupis

Des idées qui s’envolent dans ma nature climatique

Et j’avoue que le bonheur ne m’est pas indifférent

Et qu’une hirondelle passe, et que sa robe est blanche

 

Je me bats contre l’indifférence, contre ma géographie

Mais si mes cartes n’étaient pas aussi précises

J’y retrouverai un peu du passé !

Dont les plumes auraient couleur d’interrogation

 

Si la vague est bien une vague et qu’une hirondelle

Est robe blanche je suis roublard, je persiste dedans

Parce qu’une fois j’en riais moi-même

Dormant sur mon crayon, bercé par la pluie

 

 

XAVIER FRANDON

 

Il se présente :

 

 

Xavier Frandon est né Vierge ascendant Balance et Bouc de surcroît quelque part sur les bords d'un fleuve. Après des études consacrées à une des lorgnettes de l'humanité, Il émigre en région Parisienne en 2006 où il est l'heureux détenteur d'un métier tout à fait normal mais dont l'occupation légitime l'enrichit quasi quotidiennement. Il publie quelques articles dans des revues mais surtout...mais surtout ça ne rigole plus du tout depuis que ses poèmes emplissent des milliers de pages que le monde entier, avide, frétille d'impatience de découvrir. Il cherche des contacts, des intéressés de curiosités, avec qui partager le fond de sa pensée tout aussi indispensable pour lui-même que celui de son coeur.

Il tient prêts dans ses tiroirs des trésors qui ne demandent rien, mais qui sont là, qui attendent leur tour de passe-passe, qui attendent.

(Le Moulin de Poésie, Le Capital des mots, Paysages écrits, L'Autobus, Libelle, Gelée rouge, 392, La Traction Brabant, Le Florilège Soc et Foc, Microbe, Comme en poésie).

 

 

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