Le rat géant
Caché dans un mouchoir de poche
: un rat géant
Ses longues dents traînent par terre
Et ça fait des bruits bizarres quand il bouge
Alors il ne bouge pas
Il reste là tout tranquille
Il attend qu’on vienne le délivrer
Par exemple un dentiste !
Ou un technicien de la lime
Ou un bûcheron spécialisé dans les dents
Avec une hache spéciale
Avec une tronçonneuse dentaire par exemple
Autrement il risque d’en mourir !
Mais pas un arracheur
Car ça fait trop mal à moins qu’on ne l’endorme
Mais alors on en revient au dentiste
Qui doit être aussi anesthésiste
Spécialisé dans les rats
Géants, du coup
Un rat avec une dent plus longue que l’autre
C’est le fond du problème
Une dent contre eux, qui se moquent de lui
Qui ne le laissent jamais en paix
Alors qu’il ne bouge même pas
Qu’il ne bouge tellement pas
Qu’on dirait une statue de cire articulée
On dirait qu’il ne bougerait que pour faire peur aux enfants
Mais c’est à peine s’il se dandine un petit peu
Ce n’est pas un mouvement bien méchant
Et au final il ne fait peur à personne
Pas même aux enfants
C’est juste pour ne pas attraper des fourmis dans les jambes
Qu’il se dandine un petit peu comme ça
Il n’aime pas les fourmis
Elles sont bourrées de protéines mais il n’aime pas ça
Ce qu’il veut c’est courir dans les champs
« Rat des villes rat des champs gros rat géant
Une petite référence très utile au passage »
Se dit-il pour se changer les idées
Puis il retourne à son souci
Ou comment faire des ratons
Sans bouger
Sans rate
C’est raté
La rate lui gratte comme une pomme de terre
Et voici qu’à force de s’ennuyer il nous ennuie aussi
« Une rate n’est pas une pomme de terre »
Il en rigole en se le répétant
Une rate n’est pas une pomme de terre
Et ce n’est pas en épluchant les rates
Qu’il se rongera les dents
Ou lala
Bilan des courses nous avons un rat géant
Caché dans un mouchoir de poche
Avec de grandes dents plantées dans le plancher
Dont l’une est plus longue que les autres
Il ne se déplace pas et se dandine
Pour se dégourdir un petit peu
Et il faudrait un spécialiste pour le déverrouiller comme un dentiste par exemple
Mais les enfants n’ont pas peur
Mais personne n’a compris
Que s’il veut bouger
C’est juste pour amuser les enfants
Les ratons de la rate qui n’est pas une pomme de terre
Et sans blague au passage
On est revenu au début
Sauf qu’il a aussi parlé deux fois dans le texte
Et le rat rate son coup
Et une pierre lui tombe par hasard sur la tête
Qui s’en trouve ratatinée
Et il a une dernière pensée pour nous
Mais elle n’est pas jolie jolie
Alors je ne vous la dis pas
*
Quand je colle une étiquette sur un canard
C’est pour être sûr de pouvoir le retrouver
Je l’enregistre avec son code barre
Dans ma base de données
Parfois j’en ai besoin, parfois pas
Mais je sais toujours ce que j’ai fait de mes canards
Et je les garde sur la longue durée
On ne sait jamais, des fois que ça servirait
*
Dans la robe qui s’affiche en étoile solitaire
J’écope mon amplitude au milieu de mille petits papiers
O comme nous respirons la mer, et le déni de sa précipitation
Comme tout est total dans le remplissage
Les plis sont des rivières fraîches où je m’assoupis
Des idées qui s’envolent dans ma nature climatique
Et j’avoue que le bonheur ne m’est pas indifférent
Et qu’une hirondelle passe, et que sa robe est blanche
Je me bats contre l’indifférence, contre ma géographie
Mais si mes cartes n’étaient pas aussi précises
J’y retrouverai un peu du passé !
Dont les plumes auraient couleur d’interrogation
Si la vague est bien une vague et qu’une hirondelle
Est robe blanche je suis roublard, je persiste dedans
Parce qu’une fois j’en riais moi-même
Dormant sur mon crayon, bercé par la pluie
XAVIER FRANDON
Il se présente :
Xavier Frandon est né Vierge ascendant Balance et Bouc de surcroît quelque part sur les bords d'un fleuve. Après des études consacrées à une des lorgnettes de l'humanité, Il émigre en région Parisienne en 2006 où il est l'heureux détenteur d'un métier tout à fait normal mais dont l'occupation légitime l'enrichit quasi quotidiennement. Il publie quelques articles dans des revues mais surtout...mais surtout ça ne rigole plus du tout depuis que ses poèmes emplissent des milliers de pages que le monde entier, avide, frétille d'impatience de découvrir. Il cherche des contacts, des intéressés de curiosités, avec qui partager le fond de sa pensée tout aussi indispensable pour lui-même que celui de son coeur.
Il tient prêts dans ses tiroirs des trésors qui ne demandent rien, mais qui sont là, qui attendent leur tour de passe-passe, qui attendent.
(Le Moulin de Poésie, Le Capital des mots, Paysages écrits, L'Autobus, Libelle, Gelée rouge, 392, La Traction Brabant, Le Florilège Soc et Foc, Microbe, Comme en poésie).