Poème d’après une photographie de Marianne Breslauer (1909-2001) : Mannequins bei Joe Strasser, Berlin, 1932
Je m’use à contempler ces muses qui me tournent le dos et refusent de poser leur regard amusé sur mon air désabusé.
Une corolle de taffetas offre leur peau nue en corbeille à la vue.
Le tissu est cousu pour creuser l’éclat de la soie et fuseler le drapé avec juste ce qu’il faut de plissé.
En robe d’aurige
Leur aplomb oblige
La raison s’afflige
Un trouble s’érige
Le désir voltige
Ah si je ne puis-je
Les saisir me fige
Ces fleurs sur leur tige
Donnent le vertige
A tomber qui suis-je ?
Seuls mes yeux dirigent
Mes pensées exigent
Un vase et si je
…
Les plantais comme ça.
8 août 2015
***
Everest
Esseulé de questions
Sans sherpa
Pour porter son phare d’eau
Avale hanches
Sur les pentes abrasives
Dévale
Penche
Par vagues successives
Exhale les parfums de sa nuque
Epanche les embruns de sa crique
Pris dans les salves brunes échouées
La chevauchée des grains rebrousse chemin
S’agrippe aux rives de ses mains
S’agrège aux pentes de sa peau
Enfoui
Sous le grand manteau neigeux
Qui s’effondre
En fermant l’étau des yeux.
25 août 2015
LAURE WEIL
Laure Weil se présente :
Professeur agrégée d'arts plastiques, je suis aussi curieuse de littérature, de cinéma et d'architecture. J'ai fabriqué quelques livres d'artistes, dont le lien entre eux semble être l'effacement. Livres restés confidentiels. J'écris généralement pour restituer une rencontre avec une œuvre, qu'elle appartienne au champ des arts plastiques ou au cinéma.
Je cherche à diffuser mes textes parce qu'il est plus facile de se motiver à écrire régulièrement quand on sait que ses textes sont susceptibles d'être publiés.
Mes écrits sont nourris par ma culture des arts plastiques et par ma liberté à jouer avec les mots, comme s'il s'agissait de couleurs pour un peintre.