Le Capital des Mots.

Le Capital des Mots.

Revue littéraire animée par Eric Dubois. Dépôt légal BNF. ISSN 2268-3321. © Le Capital des Mots. 2007-2020. Illustration : Gilles Bizien. Tous droits réservés.


LE CAPITAL DES MOTS - GEORGES OUCIF

Publié par LE CAPITAL DES MOTS sur 24 Février 2016, 06:50am

Catégories : #poèmes, #photos

 

Poètes

 

vie lamentable des poètes

je pense à toi Desnos

par le typhus embrassé

et vous Baudelaire aphasique

Nerval sous la lanterne

et Villon en grand danger

d'être pendu

mais piètres plus encore

poètes en la foule perdus

grouillent nos villes

et métros emmènent

d'anonymes poètes

à la plume abolie

 

 

***

 

prédateurs que mangerez-vous

vous semblez si insouciants

vous promenez votre frimousse

et votre queue de par le monde

 

que les peuples flambent

que vous importe prédateurs

Olympes sont vos plaisirs

l'air n'est pas le même sur vos cimes

pureté des lignes vous est costume si rigide

par temps clair il fait si beau parler

prédateurs pourrissent vos proies

aucun relent ne vous pince le nez

l'ordre n'a pas d'odeur

qu'il règne les foules s'y plient

 

les oiseaux tournent au ciel

votre approche effraie la volaille

valetaille songez-vous en vous-mêmes

vous avez tant décimé le parc

qui vous ferait confiance encore

prédateurs que mangerez-vous

le ciel est un refuge

votre gueule n'est pas si grande

l'Azur échappe à vos crocs

tournent au ciel les oiseaux

 

tournent tournent les oiseaux

        là-haut bien loin de vous

tournent merles et corbeaux

        fatigue leur est le vol

tournent et tant s'épuisent

        qu'à la fin tombent

 

 

Inventaire supplémentaire, 14

 

 

***

 

34

 

c'est là alors qu'elle vit

où l'on ne va jamais

ailleurs de clarté

notre ombre n'y est

à rebours sa beauté

fleur qui renaît

les rêves

comme dans un rêve

nous la montrent

les allées ombragées

on les suit

on suit les autres

ne se retournent

nos nuits

amertume au comptoir

qui peut comprendre

sans mur du son nos cris

paradis dans le passé vivent

à rebours le chemin

y entrer

impasse

 

 

Impasse de l'amour, 34

 

 

***

 

D'après Sappho (fragment 44)

 

Orage tombé sur mon âme,

Comme descendu des montagnes

Sur une forêt de chênes,

Amour.

 

 

 

 

 

 

 GEORGES OUCIF

 

Il se présente :

 

Georges Oucif a vécu au Sénégal, au Nicaragua et dans l'Atlas marocain. Aujourd'hui, il vit à Paris. En 2013, il a publié, aux éditions de la Galerie Talmart, Inventaire, un livre d'artiste réalisé avec le peintre Antonin Salsmann pour les oeuvres duquel il a écrit des textes poétiques. Cette publication a été l'objet d'un événement lors du Printemps des poètes. Il a réalisé, en 2006, un documentaire sur Marie Darrieussecq, Tristes Pontiques, Marie Darrieussecq traduit Ovide. Il a publié chez Gallimard une traduction de La Guerre des Gaules de César et, avec Abdellah Khallouk, Le Chat enrichi, un recueil de contes berbères du Maroc paru chez Publisud. Il a aussi publié de la poésie et des photos dans la revue Arlu. Il collabore à la revue Riveneuve Continents.

© Georges Oucif, 2014.

© Georges Oucif, 2014.

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